Lecteur vidéo

Faire un don

Faire un don

Envoyer l’article par mail
Télécharger le .torrent

Fichier indisponible pour l’instant

Qu’est-ce que le Torrent ?

Grâce à Bittorrent vous pouvez télécharger et partager la vidéo que vous êtes en train de visualiser.

Racismes Asiatiques

Publié le | par

La communauté asiatique est la communauté la plus agressée en Île de France. Longtemps, ils se sont tus. Mais alors qu’ils le crient aujourd’hui, le risque d’un repli sur eux-même et de préjugés à l’encontre des autres communautés de France est aussi bien réel. Un renfermement générateur à son tour de préjugés, et de racisme. Comment arrêter la machine ?

racsime chinois

Asiatiques de France, un grand mélange

Près d’un million d’asiatiques vivent en France, et principalement en Île de France. Et ils ne sont pas tous chinois… Alors d’où viennent-ils ?

C’est au début du XXème siècle que la première vague passe les frontières de la France alors que la colonisation de l’Indochine implique le réquisitionnement des vietnamiens, laotiens et cambodgiens à l’effort de Guerre (celle de 14-18 puis celle de 39-45). Dans l’entre-deux guerres, ce seront les artistes japonnais et chinois qui seront attirés par le prestige de la France d’alors. Puis 1975 marque l’arrivée de dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui fuient les nouvelles démocraties populaires au Vietnam, au Laos et au Cambodge. Un exil massif qui donnera naissance au premier Chinatown dans le 13eme arrondissement de Paris. Et dans les années 90, la vague d’ouverture et de libéralisation économique dans les pays d’Asie développe la communauté asiatique de France de manière significative, jusqu’à aujourd’hui.

De la génération des réfugiés politiques à celle de leurs enfants, la communauté asiatique de France a ainsi augmenté de près de 40% dans les dernières décennies.

Un racisme enfin dit

L’immigration en France qui, jusque là, faisait le moins de bruit, c’était celle des asiatiques. A la différence de celle venue du Maghreb ou d’Afrique, portée par de houleux débats post coloniaux. « Le mythe de l’asiatique discret, comme l’explique Pascal Blanchard, induit une intégration réussie, puisque sans problème visible et sans revendication médiatique explicite ». Mais ce n’était pas tenir compte des malaises grandissants, des clichés et des préjugés profondément intégrés envers les asiatiques de France, et d’un repli sur soi souvent remarqué de ces derniers. Des siècles de non-dit auront ainsi donné naissance à un racisme sourd, construit sur une relation encore équivoque entre les peuples occidentaux et les peuples asiatiques, navigant entre fascination et rejet.

racisme chinois3
Liu Shaoyo, Place de la République à Paris.

Un racisme contre les asiatiques, nourri de clichés contradictoires, parfois faussement positifs, dont certains sont même intériorisés par les victimes, et revendiqués. Faible, sans défense ni papiers, fortuné, bon élève, travailleur, des machines à trimer dépourvues d’émotions ou de sentiments, minorité modèle, besogneux, dociles, discrets, renfermés, mal polis, avantagés… La liste est longue, et les conséquences douloureuses : la communauté asiatique est devenue la communauté la plus agressée en Île de France. Des actes qui sont en augmentation : rien qu’à Aubervilliers le nombre d’agressions d’asiatiques a triplé entre 2015 et 2016.

Et il aura fallu deux morts, celle du couturier d’Aubervilliers Zhang Chaolin en aout 2016, puis celle de Liu Shaoyo en mars 2017, pour délier les langues des asiatiques de France, et réveiller les consciences.

Histoire de la révolte des chinois de France

En 1997, les chinois manifestent pour la première fois à Paris, pour les sans papiers. Puis s’enchainent deux autres rassemblements, toujours pour la régularisation. C’est en 2010 seulement qu’un premier mouvement rassemble la communauté chinoise non plus autour des papiers mais autour de la sécurité et du racisme.

Alors les langues se délient, la parole se libère. Et la guerre contre les clichés est déclarée.

Hélène Lam Trong réalise une vidéo sur la page Facebook « Asiatiques de France »
asiatique de france

« Ca reste entre nous » lance un épisode sur la femme asiatique
ce reste entre nous asiatique

La reconnaissance du problème

Mais le racisme contre les asiatiques a du mal à entrer dans le champ des luttes des associations anti-racistes en France. Pour le chercheur Ya Hua Chuang, « cette perception mixte de « bien lotis » et de « timides » peut expliquer pourquoi ils deviennent des cibles faciles d’agressions sans que ce phénomène soit intégré dans le champ des luttes antiracistes. S’ajoute à ces perceptions paradoxales un autre handicap qui entrave la construction de liens avec le milieu associatif et le mouvement antiraciste : un entre-soi économique structurant leur fonctionnement collectif, qui peut être perçu – dans le paradigme « républicain » – comme « communautariste ». »

Jusqu’à la mort de Liu Shaoyo, aucune trace de ce racisme contre la communauté asiatique dans les associations comme SOS racisme. Il aura donc fallu que le meurtre soit le fait de policiers pour que l’association s’y intéresse, en lien avec la lutte contre les violences policières en général.

Les chinois de France, racistes à leur tour ?

Si les associations anti-raciste sont frileuses, c’est aussi qu’il n’est pas rare que, à leur tour, les chinois pointent du doigt d’autres communautés, ces « jeunes à capuches, arabes et africains », désignent Angelina et Yvon, membres fondateurs de la Fédération de la Communauté des Chinois de France (FCCF). Et, disent-ils, ils désirent se sentir en sécurité, « comme en Chine », où les sacs Louis Vitton pourraient être oubliés sur le bord de route sans être volés, et où la répression est rude envers les délinquants. Pour eux, les chinois ne sont « pas pareil que les autres communautés, parce qu’on a en nous le sens du nationalisme, du sacrifice pour notre pays ». Et leur pays maintenant, c’est la France.

racisme chinois2

C’est ainsi que les chinois de France épousent parfois les thèses de l’extrême droite. Et sont, pour certains, de potentiels électeurs (les français parisiens né en Chine représentent 6000 électeurs).

Préjugés contre préjugés, communautés contre communautés, dérives sécuritaires : un grand malaise que l’équipe de la mairie PC d’Aubervilliers tente de prendre à bras le corps. Pas vraiment le choix, dans cette ville de 83 500 habitants, qui compte 1200 commerces chinois, et dont certains quartiers regroupent près de 80% d’habitants d’origine chinoise, victimes d’un nombre croissant d’agressions. Les défis sont importants pour l’équipe municipale : comment faire pour que chacun se sente en sécurité ? Comment ne pas générer de conflit inter communautaire ? Comment ne pas alimenter les préjugés ? Comment déconstruire les clichés ?

C’est aussi le travail de l’association Asia2.0 qui tente de faire du problème asiatique un problème français. Pour Léo Takeuchi, membre de l’association, « certaines communauté asiatiques considèrent appartenir à une Histoire, une civilisation et une culture qui font que l’ordre établi apparaît comme une voie viable, elle se tournent ainsi vers les messages conservateurs, parfois proches des thèses de l’extrême droite ». L’enjeu pour l’association : décloisonner la communauté asiatique et créer des espaces de rencontres pour déconstruire les préjugés.

Chantier en cours…

racisme chinois1

Flore Viénot
Vincent Massot
Anna Guilerm
Mélissa Genevois
Camille Saiseau

Des Liens

Le manque de lien entre les chinois et les mouvements anti racistes, thèse de Ya Hua Chuong
La campagne de SOS racisme au sujet du meurtre de Liu Shaoyo

Partager cet article

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Les commentaires (2)

  1. Pour information, notre Secrétaire s’appelle Léo TAKEUCHI
    (Takéoutchi) et non takushi.

    Merci de corriger.