Les Informaticiens Changent la Démocratie
Publié le | par Mickael Royer
[CHANTIERS DÉMOCRATIQUES] « Code is law », le code informatique en fait, c’est comme la loi et réciproquement. Mickaël Royer a découvert cette corrélation pas forcément évidente grâce à l’association « Regards Citoyens » dont il suit le travail depuis quelques temps. Rencontre passionnante avec des ré-inventeurs des pratiques démocratiques.
PREMIÈRE DIFFUSION : 11 JUILLET 2013
En 2009, Regards Citoyens a créé nosdeputes.fr, un site Internet qui voulait relier le citoyen à son député. En trois clics, retrouvez le nom de votre parlementaire, son taux de présence en séance, son activité en commissions, ainsi que son temps de parole dans l’hémicycle. Lors du lancement du site, LaTéléLibre avait réalisé un reportage sur cette heureuse initiative qui était vue d’un mauvais œil par les conservateurs du Palais Bourbon, qui y voyaient un flicage par Internet. L’idée n’était pas de prôner le voyeurisme, mais de rendre publique une information, qui appartient à tout le monde : que font les députés que nous avons élus?
Une certaine idée de la transparence. D’autre part, les divers forums qui composent le site invitent à la prise de parole, au dialogue entre le citoyen et son élu, sorte d’agora informatique qui est peut-être le signe de l’introduction du troll en démocratie…
OpenData
Mais toute cette joyeuse idée de la transparence ne va pas sans un réel effort. Car pour rendre une information publique, il faut d’abord en disposer et savoir l’utiliser. Le point de départ de la réflexion est le suivant : toutes les informations, les données, importantes ou non, produit par l’État et le Parlement sont financées par l’argent public. Grâce à l’informatique, les outils de partage et de réutilisation de ces données sont accessibles et peuvent être faciles d’emploi. Pourtant, l’administration française ne semble pas pressée de fournir les outils grand public…Nos jeunes informaticiens-citoyens par contre, en ont l’envie, et ont des idées pour le faire. Retenez bien ce mot, OpenData, c’est probablement le maître mot de la pratique démocratique de demain.
Nos informaticiens m’expliquent qu’une loi c’est comme un fichier informatique en évolution, lors de son élaboration en commission parlementaire, puis dans l’hémicycle. Grâce à leur travail, nous pourrons bientôt suivre en direct sur notre ordinateur, et à la racine du texte, les différents amendements d’une loi en cours de discussion à l’Assemblée. Une sorte de GoogleDoc géant pour ceux qui pratiquent le travail participatif en ligne. Une ré-appropriation du processus démocratique !
Code is law
On tient peut-être ici le nouveau moyen d’accéder à la loi. Plus besoin de faire l’ENA, l’informatique c’est beaucoup mieux. D’autant plus que lorsqu’on vient du logiciel libre, on a une idée de la liberté et du bien commun très profondément ancrés.
Qu’est-ce que le logiciel libre ? En quelques mots, un logiciel laissant un libre accès à son code source, de sorte de pouvoir le changer, l’adapter, le partager et en faire profiter tout le monde. Cette idéologie libriste est à mettre en opposition avec celle des grandes entreprises d’informatique. La Pomme d’Apple, ou la Fenêtre Windows par exemple, dont le code source est propriétaire et inaccessible, nous contraignent à renouveler notre matériel tous les quatre ans. Plus cynique que l’obsolescence programmée.
Alors, que penser de cette communauté d’internautes et d’informaticiens qui exigent de la démocratie ce qu’elle promet en ses fondements ? C’est peut-être là que se joue une des perspectives d’avenir de nos sociétés. Quant à moi, je vais continuer de m’y intéresser parce que pour l’instant, j’y comprends que dalle à tout ce jargon informatique mais peut-être qu’un jour moi aussi je pourrais actualiser la démocratie.
Mickael Royer
images : Vincent Massot
Montage : Mickael Royer
Musique : Roman Facerias
Des Liens
- Le reportage de LaTéléLIbre sur Regards-Citoyens en octobre 2009
- nosdeputes.fr
- transparencyinternationale.org