Une Autre Landes est Possible !
Publié le | par La Rédac'
Alors que l’expulsion des résistants au projet d’aéroport semble imminente, LaTéléLibre vous propose ce reportage réalisé à l’occasion de la grande manif du 17 novembre dernier. Une immersion les pieds dans la boue et la tête dans les nuages au sein de ce mouvement d’opposition à une certaine idée du développement.
« Le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes devient une véritable lutte nationale : l’enjeu, c’est la conception du modèle de développement » nous dit José Bové. Autrement dit, en débattant de l’utilité de ce projet ou de sa gabegie, nous façonnons notre manière d’envisager le futur. Construire ou ne pas construire, telle est la question…
L’enjeu est de taille… et passionnant ! Alors à la Télé Libre, on a eu envie d’aller voir sur place l’ampleur du combat, à l’occasion de la journée de mobilisation nationale contre le projet du 17 novembre. Pendant deux jours on s’est fait guidé d’un bout à l’autre de la Zone pour comprendre ce lieu aux centres multiples, s’en s’imprégner, découvrir les militants, si nombreux, si variés, les connaître dans leur multiplicité, et ainsi par leur regard tenter d’apercevoir l’objet de la lutte, unique : construire un modèle de développement.
« Would you like a coffee ?… oui, com prazer ! »
Des bribes d’anglais, d’espagnol de grec et de portugais se mêlaient aux revendications. Les débats et les discussions se teintaient d’accents, couleur Québec ou Marseille ; les slogans anti aéroport trouvaient leur comparaison au Larzac, aux Grands Projets Inutiles de l’Union Européenne, à Occupy Wall Street à New York… ONG internationales, politiques français, squatters, habitants locaux, agriculteurs, pilotes d’avion : ils venaient de partout pour reconstruire les maisons squattées par les militants et détruites par les forces de police. A chaque clou planté, à chaque planche encastrée, se matérialisait un peu plus le désir de bâtir des alternatives ; au fur et à mesure que s’élevaient les maisons, s’érigeait la volonté ferme de lutter.
Un tel foisonnement à capter en deux jours… pas facile ! Surtout lorsqu’on est confronté au sentiment de rejet que l’on provoque, caméra et micro à la main, chez certains militants…
- Vous êtes journalistes ? Portez un brassard, comme ça on vous repère !
- Non, ne filmez pas, pas de camera ici !
- Mais… Vous nous interdisez de filmer les lieux qui montrent ce que sont la lutte et la mobilisation ?…
- Médias tous pourris ! Vous allez tout déformer, non ne filmez pas je vous dis ! J’ai pas d’explication à donner, Télé Libre ou pas, tous les mêmes ! »
Tous les mêmes ? Pas tout à fait quand même… Pour une petite partie des occupants peut être. Pour tous ? Loin de là. Le soir à la Vacherit, un lieu central de la zone et de la lutte, nous étions les seuls à pouvoir filmer, pour graver ce moment de détente avant la grande journée de mobilisation du lendemain. Mais le poids de quelques regards noirs et méfiants nous a fait baisser notre arme. Alors on s’est fondu dans le groupe pour obtenir les explications qu’on ne voulait pas nous donner, micro en main. Pourquoi sommes nous si mal reçu par un certain nombre de zadistes ? Pourquoi ce refus, si violent parfois ? L’objectif n’est il pas de faire connaître la lutte ? Une des jeunes zadistes nous prend à part et nous expose l’extrême fatigue des occupants, les messages faussés véhiculés par un certain nombre de médias, l’inutilité même du traitement médiatique de la lutte, l’inquiétude des squatters engagés dans d’autres combats d’être reconnus sur les vidéos, leur peur d’être repérés et surveillés par la suite… « Alors même pour la Télé Libre, vous n’aurez pas de témoignage de zadistes, désolée ». Bien. Nous aurons tout de même une ambiance, ainsi que quelques mots échangés avec un de leur porte-parole, masqué.
Dimanche, nous quittions le panaché de bâtisseurs aux origines variées et aux histoires de vie composites, qui façonnaient toujours. Sans relâche. « C’est génial ces reconstructions ! s’exclame une militante, tous ces jeunes, ils ont pleins de projets créatifs, utiles… Moi ici, je suis gonflée à bloc de leur énergie ! »
Jusqu’à la semaine suivante où, le 23 novembre, les forces de police délogent à nouveau les militants squatters. Des manifestations s’organisent alors, la situation s’envenime, la fatigue et les tensions ne font qu’amplifier les violences. Les manifestants dénoncent la violence policière tandis que le syndicat de policiers Union Unité SGP Police se plaint des mauvaises conditions de travail des CRS. Le 25 Jean Marc Ayrault annonce la création d’une commission de dialogue. Depuis, les militants occupent à nouveau la zone, en attendant le prochain affrontement, la prochaine expulsion, annoncée ce jour par la Préfecture…
Flore Vienot
Image: Yaël Chambon avec Laurence Hallé
Montage: Yaël Chambon
Images additionnelles
- « Notre Dames des Luttes ! » (Extrait du 24/11/2012), réalisé par Jean-François Castell
Les commentaires (5)
film intéressant, dommage pour le texte de fin. Les cabanes n’ont pas été démolies et sont réoccupées aujourd’hui, après dépollution et sont protégées par 40 tracteurs. D’autre sites de cabanes sont depuis sortis des mains des zadistes.
René Perdrieau
Merci Perdrieau, j’allais écrire la meme chose, merci a vous de rectifier le texte de fin….
Bonjour,
Les cabanes qui sont de réelles maisons/structures en bois n’ont pas été détruites ! Celle que vous montrez à la fin a du l’être le 23 novembre lors de la saisie du matériel et la pause de scellés parce que c’était une structure légère. Actuellement les maisons en bois construites le 17 novembre sont occupées et entourées de tracteurs enchaînées. Aussi, d’autres structures ont vu le jour ailleurs sur la Zad
YM
texte de fin modifié!
La fête continue encore dès demain…