ACT UP VEUT FAIRE PLIER LE LABO ROCHE

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TRAITEMENT CONTRE LE SIDA: TROP CHER

Act Up a manifesté vendredi 3 octobre contre le refus du groupe pharmaceutique Roche de vendre un médicaments anti-rétroviral à la Corée du Sud à un prix moins cher. La Corée du Sud a fait savoir qu’elle ne pouvait pas payer le prix imposé par Roche.

En matière de lutte contre le sida, l’industrie pharmaceutique n’a qu’à bien se tenir : Act Up veille. Le groupe suisse Roche peut en témoigner. Au cœur de la discorde entre l’association de lutte contre le sida et le laboratoire, il y a une molécule : le Fuzeon®, dont ce dernier jouit du monopole. Ce médicament estun anti-rétroviral, inhibiteur de fusion, il s’ajoute à la trithérapie quand celle-ci est inefficace ou en cas d’intolérance aux autres traitements. Sa diffusion est donc primordiale dans la lutte contre le sida.

Négociations interminables
Depuis près de deux semaines, Roche négocie le prix de vente de ce médicament auprès de la Corée du Sud. Le prix demandé par le laboratoire est de 22 000 dollars, par an et par patient en sachant que la Corée du Sud a fait savoir qu’elle ne pouvait pas payer plus de 18 000 dollars par an et par patient. Pourquoi ce prix ? La réponse du labo n’est pas très claire « C’est une molécule très délicate à fabriquer, explique Docteur Deborah Szafir, de chez Roche. Sa production dure 6 mois et nécessite pas moins de 100 étapes. Elle est donc très chère. Son prix diffère d’un pays acheteur à l’autre. En France, par exemple, elle coûte 18 000 euros par an et par patient. Nous ne sommes pas les seuls à fixer le prix. Nous dialoguons avec les autorités du pays concernés, les organismes de santé etc…»

En attendant, le médicament n’est toujours pas accessible à la population sud-coréenne et comme le dénonce l’association « les malades du sida meurent ». Mercredi 1 octobre à Séoul, les militants d’Act Up en Corée ont manifesté devant le siège coréen du groupe pharmaceutique, sans parvenir à obtenir le dialogue avec ce dernier. Act Up Paris s’est alors associé au mouvement et a manifesté vendredi 3 octobre devant les bureaux de Roche à Neuilly. Bloquant l’accès du groupe, une dizaine de militants a maculé l’entrée de l’établissement de « faux-sang ». Ils brandissaient des banderoles tachées de rouge sur lesquelles on pouvait lire « Sauver des vie n’est PAS notre business. Roche. » « Nous sommes en colère contre le cynisme et l’indifférence du groupe Roche qui joue la montre et refuse de dialoguer avec nous, explique Pauline Londeix, d’Act Up. »

« Trouver un prix acceptable rapidement »
Après deux heures de négociations, les militants obtiennent enfin ce qu’ils désirent : ils sont reçus par l’équipe de communication de Roche France. « Nous leur avons expliqué que notre direction était très impliquée dans la résolution de cette négociation et va chercher à trouver un prix acceptable au plus rapide, raconte Docteur Deborah Szafir. Mais il faut bien comprendre qu’il est normal que les négociations soient lentes car elles sont délicates. Par exemple, ce matin en Corée, c’est un jour férié. En attendant, les patients Sud-Coréen ont accès à ce médicament si cela leur est nécessaire.»

Une affirmation démentie par Pauline Londeix. « On retrouve souvent ce genre de cas dans des pays dits « intermédiaires », c’est à dire qui ne sont pas couvert par le fond mondial pour l’achat de médicaments contre le sida. Oui, en cas de nécessité, les groupes pharmaceutiques peuvent donner des médicaments, mais vous imaginez bien que cette démarche est très rare. Dans la plupart des cas, les patients n’ont pas d’autres solutions que de payer de leur poche, quand ils le peuvent, les médicaments non-remboursés. En attendant qu’un accord soit trouvé, une majorité d’habitants n’a pas accès au traitement.»

Par ailleurs, le groupe a décidé de ne plus s’investir dans la recherche pour la lutte contre le sida. Selon l’association, si Roche ne prend aucune mesure pour accélérer les négociations avec la Corée et baisser le prix du médicament, leur mouvement pourrait reprendre dès mardi 7 octobre.

Marie Périssé

Photos: Act-Up

 

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