MonCinéLibre #1: Intouchables

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Matraquage oblige, on connaît l’histoire. Blanc riche chiant rencontre noir banlieue cool. Grosse rigolade. Préjugés brisés. Rejugés bâtis. Amitié forte. Kool and the gang. JT TF1. Box Office. Intouchables 2. Intouchables 3. Youkaïdi. Youkaïda. Corentin Chrétien, qui est passé (avec succès), au mois de septembre par LaTéléLibre, inaugure une nouvelle chronique cinéma. Vas-y Corentin, dis-nous ce que tu aimes et ce que tu détestes au cinéma!

Faut-il aller voir Intouchables ?

Forcément, face à une telle tarte à la crème, on est tenté de faire du mauvais esprit. Surtout quand le film le cherche avec insistance. Dés le début, l’opposition Cluzet/Sy n’épargne pas le simplisme : l’un écoute Berlioz quand l’autre préfère le funk. Plus tard, une scène mémorable montre Omar Sy se déhanchant sur des lignes de basses pêchues en invitant des bourgeoises perlées à faire swinguer leurs jupes droites. Délicat.

Malgré tout, on sourit, on rigole. Certaines vannes sont plutôt efficaces, Omar Sy pétille d’un bout à l’autre et le politiquement correct n’est pas trop étouffant. A la vingtième blague sur les tétraplégiques on se lasse un peu, mais le film a le bon goût d’éviter la pitié. Dans une scène mémorable, François Cluzet explique qu’il préfère les moqueries aux regards compatissants. C’est de loin la plus forte du film.

Sur le fond, Intouchables est plutôt plat. Les réalisateurs semblent se réjouir de leur propre courage en se targuant de traiter de sujets politiquement incorrects avec le masque du franc-parler. Derrière cette parure très moderne, il y a juste quelques vannes un peu osées et une cascade de bons sentiments éculés. On aurait pu nous parler des banlieues françaises, des riches parisiens qui s’emmerdent et des plafonds de verres qui durcissent ; le scénario préfère nous assener une vision un peu condescendante de l’amitié entre un maître et son serviteur jalonnée de lieux communs volontaristes et un peu niais.

Pour le reste, Intouchables est une production sympa qui ne surprend jamais vraiment. Dés le départ, l’histoire se déroule dans un rythme plutôt mou : tout est fait pour réveiller le spectateur mais le film n’arrive pas à s’envoler. A la place, les réalisateurs nous assourdissent de musique criarde sans jamais tenter d’être créatifs derrière la caméra. Dommage, car devant, les acteurs sont plutôt bons.

En Bref :

Il ne faut pas aller voir Intouchables. Trop de bons sentiments et pas assez d’originalité. Pourtant, on quitte la salle avec la banane et les dernières scènes sont émouvantes.

Mais bon, le lendemain, on a déjà du mal à s’en rappeler.

Corentin Chrétien

Voir son blog: Le Règne de l’Arbitraire

 

 

Realisation :

Olivier Nakache et Eric Toledano

Casting :

Omar Sy, François Cluzet, Anne Le Ny, Audrey Fleurot.

 

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Les commentaires (9)

  1. Quelques nuances ne feraient pas de mal… Si on veut voir un film qui fait réfléchir, ou qui « dénonce quelque chose », il ne faut pas aller voir ce film en effet (opter pour le dernier Lioret tiens !). Mais si on cherche une super comédie, pleine de clichés certes (mais basée sur une histoire vraie ce qui compense un peu), mais super bien joué, avec d’excellents acteurs dont un omar sy lumineux, et des vannes hilarantes toutes les 2 minutes, voilà le film à voir cette année.

    PS : « on a déjà du mal à s’en rappeler. » => « à s’en souvenir » ou « à se le rappeler » si je peux me permettre.

  2. C’est marrant en sortant du film avec mon compagnon, ravis de ce film, je lui ai dit : »Tu vas voir il va se faire descendre par la critique Masques, plume, Inrocks et consort … Et ben ça ne rate pas.

    Le seul argument que j’ai à vous opposer : ce film fait DU BIEN. Bons sentiments : oui ; grosse ficelle des contrastes sociaux : oui.
    Mais personnellement je m’en fous.
    J’ai marché, j’ai couru…. J’ai ri, j’ai aimé !
    Arrêtez de jouer les pisse-vinaigres systématiques… là aussi vous tombez dans le cliché de l' »intello-chiant ».
    A chacun sa tarte à la crème finalement.
    J’attends le « Masque et la plume » de dimanche avec impatience et je suis sûre que ça va être la même chanson (à 1 ou 2 exceptions prêt)…

  3. n’a t’on pas besoin de bons sentiments, et puis c’est une histoire vraie, et puis ils sont bons, et puis les acteurs tentent de faire sauter des verrous, un black, un blanc, un pauvre, un riche, un valide, un handicapé, tout est possible comme disait celui qui nous annonce qu’on est en crise, il l’a pas vu venir depuis 5 ans on est en crise de nerfs

  4. @ Les mécontents : Je crois apporter un peu de nuances dans cet article. Je n’ai jamais dit qu’Intouchables était un nanard honteux. Effectivement, c’est une comédie plutôt sympa, et pas mal interprétée.
    Maintenant, lorsque je dis qu’il FAUT aller le voir, c’est que le film n’est pas ratable. Or Intouchables, malgré ses qualités évidentes, n’apporte pas grand chose au genre et il s’oublie rapidement. Le fond et la forme sont plutôt mollassons et le discours volontariste n’a vraiment rien de surprenant.
    Alors je persiste à jouer les pisse-vinaigre : Intouchables est sympa, mais loin d’être immanquable.
    Merci, bisou

  5. J’avoues que je me suis amusée d’une belle plume mais quelque peu acerbe…

    Heu en gros j’préfères ma vie sans casting, je n’risque pas de me faire piquer à l’encrier ;)

  6. Ce n’est pas parce que Corentin nous conseille de ne pas aller voir ce film qu’il faut suivre son avis… Il est très souvent de bon ton pour certains journalistes (précisément ceux que l’on classe parmi les « intello-chiants ») de démolir systématiquement le cinéma populaire… Les habitués savent où les trouver et savent aussi se faire une opinion propre. Pourtant plusieurs exemples prouvent justement que le cinéma dit « populaire » fait plaisir au bas peuple… En remontant plus loin, n’oublions pas que le film « Le grand bleu » d’Eric Besson avait été mis au pilori par les journalistes de l’époque. On connait la suite : des millions d’entrées, le film devenu « culte » pour toute une génération qui heureusement n’avait pas tenu compte des critiques assassines. Sans parler plus récemment du succès des Ch’tis. Phénomène de société ? Quant à « Intouchables », il touche aussi un large public, de tout âge. Par les temps qui courent, morosité oblige, la société populaire recherche de préférence à se divertir et à rire. Les journalistes-critiques ne sont pas l’apanage de la société ! Donc, faisons confiance aux plus de 5 millions de personnes qui sont déjà allées voir « Intouchables » et laissons-nous porter par la bonne humeur qu’il inspire, en dépit de clichés obligatoires qui font toujours sourire. Oui, il y a des filles en jupe droite. Mais elles ne sont pas que dans les films. Regardez dans les rues et dans les bureaux… N’en déplaise à certains.
    En un mot, n’hésitez pas : allez-y et riez, ça fait du bien.
    Margot Deschamps

  7. Pourquoi tu nous dis ce que tu voudrais qu’on fasse : « il ne faut pas aller voir Intouchables » ? Et pourquoi pas, y a péché ? Ton jugement ne vaudra jamais le mien, et pourquoi t’es allé le voir s’il fallait pas aller le voir, je préfère être un débranché autonome qu’un branché qui suis un pape, même chrétien. Moi je vous dis, et mon jugement vaux bien le tien, ce n’est pas une fois qu’il faut aller le voir, c’est deux fois !
    De plus, je te soupçonne d’être partis avant la fin : tu as négligé de dire que c’était une histoire vrai, et rien que pour ça cette histoire prend une autre dimension, mais même sans le savoir on ne s’ennuie ni au début ni au milieu ni à la fin. Quelqu’un a même dit  » zut alors c’est trop court ».
    C’est pas tous les jours que l’on voit réussir une amitié entre un malade milliardaire et un mec des banlieus. Ils ne font ni l’un ni l’autre aucun cas des préjugés, du langage, des goûts, de leur culture, de leurs peurs. Ils finissent par partager à travers leur defi réciproque et le choc de leur deux mondes quelque chose de la fierté d’être, et vivre de la vrai vie. Et ce qui se perçoit, malgré les maladresses de simplification de ctte humaine aventure est édifiant, de l’ordre de l’humain de la joie et du rire bref attention film réussi, c’est pourquoi il ne faut pas lire les critiques de Corentin Chretien, bref, allez voir ce film. Ou plutôt non n’allez pas le voir, à moins que vous ne vouliez, vous, vous faire un avis perso, et m’est avis que vous sortirez en vous disant : – wouhaa j’irai bien le voir une deuxième fois !

  8. Film poignant. Loin d’être aussi fade comme certains ont pu l’écrire. Avec des dialogues simples mais tellement finement placés ! De la qualité dans les interprétations et pas uniquement des deux acteurs principaux. Beaucoup d’émotion et de délicatesse dans ce film qui évoque une histoire pouvant paraître terre à terre pour certains mais quelle forme d’interprétation… quelle jolie forme d’interprétation. Pas mal de critiques détruisant le film en évoquant l’aspect trop simplet du scénario en ont oublié que ce qui est le plus beau est dans la simplicité ! Magnifique film….