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Le Point Rouge #36 à Montreuil: les Racines du Conflit Malien

Publié le | par

D’où vient la crise au Mali qui a déclenchée la guerre actuelle ? Pour tenter de comprendre, nous avons décidé de réunir deux maliens : un « peau claire » » Touareg du Nord Mali, et un « peau noire » Bambara du Sud du pays. Autour d’eux, des Français spécialistes de la région nous rappellent le poids de l’Histoire et les restes de la Françafrique. Nous avons choisi le marché de Montreuil, ville de la banlieue parisienne qui rassemble de nombreux maliens vivants en France.

les racines de la crise au Mali

Le 11 janvier la France se réveillait au son d’une information qui, à peine sortie des ondes, rentrait dans l’Histoire : François Hollande confirmait la présence de l’armée française sur le sol Malien. Il déclarait : « Le Mali fait face à une agression d’éléments terroristes venant du Nord dont le monde entier sait la brutalité et le fanatisme. Il en va donc aujourd’hui de l’existence même de cet Etat ami, de la sécurité de sa population et celle de nos ressortissants ».

Voilà que le monde avait les yeux rivés sur cette France qui s’en allait lutter à nouveau contre le fanatisme religieux et l’injustice, contre le terrorisme et la violence ; pour la liberté, le pétrole et la sécurité des populations locales, pour le respect du Droit et la défense de ses intérêts.

Dans l’heure qui suivait l’Annonce, on pouvait déjà lire des tentatives d’explications de cet engagement militaire… Qui se mêlaient aux opinions sincères d’ici et là, s’unissaient aux avis contradictoires, se fondaient dans des arguments fondés se liant à de vides exposés, toujours au doux rythme du langage diplomatique, cadencé par les arythmies violentes des critiques acerbes…

 

Une périphérie du monde est devenue centrale tout à coup, le Mali au centre du monde. Et dans cette foison de voix discordantes, chacun tente de démêler l’anecdotique du déterminant, pour comprendre. Un bout de ficelle à la main, il suffit de tirer un petit peu pour découvrir une toile, immense et complexe.

Bien accrochés, tirons… Et nous plongeons au cœur de nœuds multiples, d’acteurs variés, de révoltes, de peuples, d’Histoire et de colonisation. Révolte de 1963, la grande sècheresse, les Indépendances… Tirons encore… nous voilà à Montreuil, sur le Point rouge, aux côtés de Bathily Sekou, secrétaire général de l’Amicale des maliens de France, Danyel Dubreuil, spécialiste de la politique française en Afrique, Pierre Boilley, historien reconnu comme un des plus pointu sur la région, Anara El Moctar, responsable de l’organisation de la diaspora touareg en Europe, et Bachir Moutik, sahraoui militant pour les droits de l’Homme.

Je ne connais pas les Touaregs (une femme malienne sur le marché)

Et là, soudainement, le langage diplomatique s’estompe. Et derrière l’Histoire et la Politique ce sont des hommes et leur histoire que nous voyons se dessiner en filigrane. Au marché de la Croix de Chavaux, les songhaïs, les bambaras, les peuhls, les soninkés, les maures et les touaregs prennent chair, au fil des rencontres, des idées échangées et des histoires racontées. « Je connais pas les touaregs », lance une jeune femme de Bamako. Les rencontrer ? « Non, parce que… parce qu’on les connaît pas… ». Coup de poignard pour le touareg Anara El Moctar: « beaucoup de nos frères du sud disent qu’ils ne connaissent pas les touaregs, et ça, ça fait très mal au cœur ».

Nous sommes des orphelins de nos pères qui ont été tués, de nos grand pères massacrés, ensevelis

Au fil des poissons vendus et des légumes achetés, l’Histoire se dépoussière et prend corps dans la vie de ces regards, de ces sourires, de ces mots, de leurs maux.

« Nous sommes des orphelins de nos pères qui ont été tués, de nos grand pères massacrés, ensevelis. Il faut que le gouvernement malien reconnaissent les exactions du Nord, qu’on nous dise : « vous êtes des enfants de la République du Mali, pardon pour ce que l’armée malienne a fait ». Voilà que la rébellion touareg de 1963 s’anime par la voix d’Anara El Moctar, sa voix qui se déchire… L’homme transpire sa douleur, qui nous goutte dessus.

Et la France là dedans ? Là aussi, les avis s’entrechoquent. Néocolonialisme ? Préservation d’intérêts personnels ? Tentative pour redorer l’image de sa politique en Afrique ?… « Mais arrêtez de critiquer ! Donnez lui le temps à Hollande ! Il n’est pas parti comme ça, en héros de Western ! Il est parti pour le peuple innocent ! » Ca faisait un moment déjà que cette petite dame trépignait d’indignation en écoutant les thèses françafricaines…

Nous avons tiré sur ce bout ficelle, qui nous a mené aux racines du conflit malien…

 

L’équipe qui a produit bénévolement ce Point Rouge

Une émission de John Paul Lepers
Coordination: Tiphaine Honoré

Enquête: Alice Pfältzer, Vivien Chareyre et Flore Vienot

Caméra 1:  Vivien Chareyre
Caméra 2: Matthieu Lépine
Caméra 3: Thibault Pomares

Montage: Larry Waxman, assisté de Flore Vienot qui a aussi rédigé l’article
Production: Caroline Lançon
Habillage: Jean-Sébastien Desbordes
Musique: Romain Dudek

Photos: Alain Goric’h

Publications des invités

  • Pierre Boilley : historien, spécialiste des touaregs : Les Touaregs Kel Adagh : dépendances et révoltes : du Soudan français au Mali contemporain, Paris, Karthala, 1999
  • Danyel Dubreuil : association Survie, spécialiste de la politique française en Afrique, auteur du dossier Les zones d’ombres de l’intervention française au Mali .

Rappel de la situation avec cette infographie du monde.fr

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Les commentaires (6)

  1. Excellent Point Rouge avec des intervenants très intéressants qui ont fait émerger la complexité de la situation, une complexité dont ne parle aucun media.
    Sur ce petit point rouge: le Mali et sa diversité ethnique, le Mali et sa longue histoire avec ses dérives colonialistes, avec ses trafics et leurs intérêts économiques, avec sa gouvernance illégitime, le Mali des peuples qui se frôlent sans même se connaître,mais aussi des voix de sagesse, pacifiques, fraternelles.
    Sur ton petit Point Rouge, plus encore qu’un pays, un continent : cette Afrique qui nous taraude.

  2. La solution passe par la reconnaissance des droits fondamentaux du peuple Touareg et des populations de l’Azawad.La « pseudo-souveraineté »malienne ne saurait écraser celle des autres.Hollande n’est pas De gaulle le colon ,on l’espère du moins…

  3. en libye, la france a armé les rebelles islamistes contre un khadafy qui opprimait son peuple, aujourd’hui elle vole au secours d’une junte (tout autant violente vis à vis de ses minorités) menacée par ces mêmes armes qu’elle a distribué.

    j’ai beaucoup aimé ce qu’a ditle représentant touareg : qu’il est dommage (et révélateur) que l’intervention française n’ait eu lieu que 10 ans après que le nord mali soit au mains d’aqmi. celui-ci ne méritait-il pas aussi d’être libéré ?

  4. Après avoir été chassés du Mali , les Salafistes se sont déplacés au JEBEL CHAAMBI en Tunisie, à cause du laisser aller du gouvernement Tunisien complice avec ces terroristes.

  5. Il n y aura ni autonomie, ni fédération, encore moins d’indépendance.
    Les autorités Maliennes, l’armée Malienne, le peuple Malien ne sont responsables d’aucun massacre.