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À Quoi Peut Servir notre Film sur la Villeneuve ?

Publié le | par

[BONUS DOC] Dans le sous-sol de LaTéléLibre, Flore et Vincent répondent aux questions de John Paul. Comment s’est passée cette immersion dans le quartier de la Villeneuve? Quel enseignement en tirent-ils? Comment ce documentaire peut-il être utile à une nouvelle relation entre médias et quartiers populaires?
D’autres bonus suivront.

Le dialogue entre les médias et les habitants des quartiers populaires est coupé. La Villeneuve à Grenoble est un de ces quartiers où la méfiance envers les journalistes est devenue extrême suite à une série de reportages caricaturaux donnant une image angoissante de la cité. Le documentaire « La Villeneuve, l’utopie malgré tout » qui sera diffusé samedi 17 octobre à 22h10 sur Public Sénat propose une piste pour avancer : se remettre en question, journalistes comme habitants.

 
 

La Villeneuve, son image

Quand on habite à Grenoble, mettre un pied dans le quartier de la Villeneuve est considéré comme un acte courageux… ou inconscient. Lorsque qu’on se décide enfin à pénétrer dans ce quartier où les violentes émeutes de 2010 avaient fait venir Nicolas Sarkozy, on a, il faut bien l’avouer, le sentiment de braver un danger. Passé de l’autre côté de l’immense galerie de l’Arlequin on arrive dans cet ailleurs sorti de terre pour faire éclore un nouvel Homme dans les années 1970. On tombe alors sur un grand ensemble à l’architecture troublante, avec la gêne respectueuse de l’étranger et l’attention curieuse de l’aventurier qui découvre un nouveau monde. En y restant un peu plus, on attend à chaque coin à 180° la violence et le trafic qui constituent les piliers du mythe moderne de la Villeneuve d’aujourd’hui.

Mais en fait, on y rencontre le jeune Teddy en train de réaliser son premier film avec son association de cinéastes, le journaliste Benjamin qui coordonne le nouveau journal local et participatif du quartier, Willy qui porte en lui l’idéal pédagogique de l’Histoire du quartier et mène ses jeunes de la batucada qu’il dirige dans le centre ville, au ski ou au Brésil. Sabrine aussi, qui ne voudrait pas vivre ailleurs, Mustapha le diplomate à la retraite qui met ses compétences de communication au service de situations épineuses entre certains… On tire ainsi un fil, et on déroule alors un monde habité par des gens qui inventent au quotidien des manières de vivre ensemble. Ce n’est donc pas une zone de non droit que nous avons devant nous mais un tissu de dynamiques inconnues. 

 

Une rupture de plus en plus grande entre les médias et les habitants

De reportages en reportages sur la Villeneuve, trop souvent embarqués dans les voitures de police à la recherche de stupéfiants et de délinquance, la colère a grandi chez ses habitants, ainsi qu’un sentiment d’injustice en même temps que l’impression de ne pas pouvoir agir. Petit à petit, la seule réponse devenue possible lorsque des journalistes débarquent : violence verbales, agressions et vol de matériel. Une manière d’empêcher les journalistes de travailler, pour avoir un contrôle sur la réputation du quartier. A chaque reportage donc, une rupture un peu plus grande encore entre ces deux mondes qui ne se comprennent pas : entre des reporters de médias nationaux qui sont aujourd’hui à la Villeneuve et qui ne reviendront probablement jamais, et les habitants qui se font une représentation souvent homogénéisée de l’univers journalistique. 

Les habitants de la Villeneuve avaient ainsi le sentiment de ne pas pouvoir agir face à la grosse machine médiatique, jusqu’au dernier reportage -« le reportage de trop », ironisent-ils. C’était celui d’Envoyé Spécial, qui racontait l’Histoire de la Villeneuve comme un destin dégringolant « de l’Utopie à l’Enfer ». Et quand on cherche l’Enfer, on le trouve. Après la diffusion, durant l’hiver 2013, un groupe d’habitants s’est alors constitué pour se lancer dans la longue aventure d’un procès contre France Télévisions, une première en France. Les habitants ont alors petit à petit vu leur colère se transformer en volonté de comprendre et d’agir.

 

Une nécessaire remise en question

Ce film que nous avons tourné pendant un an et demi à la Villeneuve explore cette relation complexe entre médias et banlieues, et invite chacun à se remettre en question. Du côté des journalistes, mais aussi du côté des habitants qui servent parfois les clichés attendus. Ce jeune homme qui nous propose de l’interviewer dans une voiture brûlée a-t-il vraiment conscience de l’image de « jeune de banlieue » qu’il renvoie ? Lui, seul, dans cette carcasse sur un parking, il allume sa clope. Une situation cocasse et légère dans la réalité, une image inquiétante vue de derrière la caméra, devant la télévision.

Pour avancer, journalistes et habitants doivent donc dépasser les lignes de leurs rôles attendus, en se rencontrant et en dialoguant. Un dialogue que peut permettre l’outil qu’est le média. Au centre de la relation, il peut être une courroie de transmission entre celui qui produit l’image et le sujet, et ainsi faire avancer la réflexion. Le journaliste pose un cadre sur la réalité qui renvoie une certaine image à celui qui est filmé, une image face à laquelle ce dernier réagit immanquablement et vient  ainsi questionner et critiquer le travail du journaliste. Une critique à prendre, ou à laisser. 

 

Texte: Flore Viénot
Image: Thibault Pomares, Clément Montfort
Montage: Vincent, Thibault et Larry Waxmann

 

 

LA VILLENEUVE, L’UTOPIE MALGRÉ TOUT
Un film de Vincent Massot et Flore Viénot
Réalisation : Vincent Massot
Production: ON Y VA ! media / John Paul Lepers

Diffusion sur Public Sénat le samedi 17 octobre à 22h00
Rediffusions
dimanche 18 octobre à 9h00
samedi 24 octobre à 23h20
dimanche 25 octobre à 10h20
vendredi 30 octobre à 17h30

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