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“Je suis un Sans-Papier et J’espère le Changement”

Publié le | par

« Pas de régularisation massive des sans papiers », déclare aujourd’hui Manuel Valls. Le ministre de l’intérieur veut par contre assouplir l’obtention des titres de séjour rendre la naturalisation plus accessible. Flore Viennot a justement rencontré un homme qui attend une régularisation de sa situation. Pour lui l’election de François Hollande est un espoir: est-ce que le « changement » sera aussi pour lui? Pas si sûr lui répond le député PS de Grenoble qu’il rencontre lors de ce reportage sensible de Flore.

Léopold est camerounais. Il est arrivé en France il y a 5 ans. Il venait alors de Suède, où il avait obtenu son master 2 en Electrotechnique Industrielle avec l’idée de continuer des études en France, pour y trouver un travail ensuite, afin de retrouver une partie de sa famille, dont son frère, français depuis maintenant 10 ans. Il vit chez ce dernier désormais, et travaille de-ci de-là lorsqu’on veut bien l’embaucher et que sa santé le lui permet.

Léopold danse, court, fête et vit ; sans retenue il se meut dans le pays qu’il a adopté. Il dessine au quotidien sa vie grenobloise nourrie par l’espoir d’être adopté un jour en retour, officiellement.

On ne veut pas de nègre par ici !

Depuis 5 ans il s’efforce de vivre comme il l’entend, guidé par sa joie de vivre qui lui colle à la peau. D’un quartier à l’autre il est chez lui ; il court, parcourt la France entière, de ville en ville il se sent bien. Au sein des frontières du pays des Lumières il transforme sa vie en une danse, toujours en mouvement, légère, fluide, sensible… Qui s’explose contre l’inertie des frontières et l’immobilisme d’une nation. En novembre 2011 à Toulouse, au centre de rétention, sa danse s’est atrophiée, et son espoir s’est écrasé sous le poids de l’absence, l’absence de papiers. Un sentiment d’injustice a saigné le fluide de sa légèreté, assommé par l’intolérance ambiante ; « on ne veut pas de nègre par ici ! » un mot, rapporté par Léopold au regard abasourdi, de l’un des policiers qui ont stoppé son mouvement et qui l’imprègne désormais jusqu’à la moindre de ses cellules.

Mais Léopold n’est victime de rien ni de personne, ni même de sa phlébite qu’il a contractée au centre de rétention. De chaque expérience il apprend, il prend du recul à chaque instant et trouve du sens à ses péripéties. Une phlébite douloureuse et périlleuse ? Oui, mais faute de pouvoir prendre l’avion, quelques mois de plus en France pour parvenir à la date butoir du Changement.

Le changement, c’est maintenant!

Car pour Léo le changement se doit d’être maintenant. La perspective de son départ forcé à la fin du moi de juin l’a plongé dans la campagne présidentielle. Sans carte d’électeur ni promesse d’avenir en France il a mené sa danse au PS sur lequel il mise toute son espérance : selon ses calculs faits de critères et d’espoir fou, François Hollande Président et la majorité à l’Assemblée signifient l’obtention d’un avenir français en ce qui le concerne, et un quotidien meilleur pour tous. Espoir aveugle illusionné ?

Frontière, nation, mobilité, Léo se joue des ambigüités sémantiques de ces concepts vidés de leurs substances et s’amuse des fonctions qu’on leur assigne. Sa manière de vivre et d’appréhender le monde explose les frontières des concepts qui enferment les esprits et ainsi fait glisser la nation de la revendication ethnique à son fondement premier : la culture. Tout son être est porté bien au delà des frontières d’un Etat-nation : son horizon est celle de la planète terre toute entière.

Léopold attend, infatigablement – vainement ?- le petit bout de papier qui lui permettrait de vivre à la hauteur de cet horizon. Son espoir et sa joie de vivre en poche, il milite, depuis sa rencontre avec le député Michel Issindou, au Parti Socialiste d’Echirolles.

Flore Vienot

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Les commentaires (7)

  1. Manuel Valls a aussi dit qu’il n’y aurait pas plus de régularisation que sous la droite… Quid du changement ?
    Reste à souhaiter bon courage à Léopold

  2. du courage mon gars. il faut oser je ne savais pas que tu étais déjà un grand militant du ps. c’est bien de montrer cet exemple à nos jeunes frères qui sont du côté de l’exagone.

  3. Reportage très émouvant. Mais c’est surtout le travail de journaliste que j’apprécie davantage. C’est super bien fait !

  4. Léo, un souvenir d’enfance, un déssin animé « le roi léo ». petit lion blanc qui avait fait de sa vie une aude à la liberté. Doté d’une force et d’un sens du discernement Léo mettait un point d’hionneur à se battre dans la savane pour l’intégration des uns et des autres… Lorsque j’ai rencontrer ce sacré bougre, j’ai rencontré avant tout un sourire d’une générosité au delà de tout. Lorsqu’il m’a dit « je m’appelle Léo », je n’ai pas pu m’empêcher de faire un calambour et de le surnomer « le roi Léo » mon enfance m’est revenu juste un petit instant… J’ai appris à connaître ce jeune homme qui vous donne l’impression d’être dans un manège. Léo fait tourné la tête par sa générosité mais aussi p

  5. Va, va de l’avant mon très cher. Ton optimisme et ta confiance paieront. Saches simplement que tu n’es pas seul et que quelque part dans ce monde quelqu’un a le souci de toi et est prêt à t’accompagner dans cette épreuve. Va, court, va vers ton destin et ne t’arrête pas!!! Je t’aime envers et malgré tout. Un statut administratif ne fait pas l’homme…!!