Lecteur vidéo

Faire un don

Faire un don

Envoyer l’article par mail
Télécharger le .torrent

Fichier indisponible pour l’instant

Qu’est-ce que le Torrent ?

Grâce à Bittorrent vous pouvez télécharger et partager la vidéo que vous êtes en train de visualiser.

Le Refus des Réfugiés

Publié le | par

[Mieux accueillir les migrants] Abdallah Hassan, réfugié politique et apprenti journaliste à LaTéléLibre signe ici son premier reportage vidéo. A travers ses rencontres, il nous fait comprendre pourquoi les migrants préfèrent souvent vivre dans la rue à Paris plutôt que dans un logement proposé par l’État.

Par Abdallah Hassan, rédigé avec avec Julien Delacourt

Alors que la première étape pour un migrants c’est se loger, pourquoi la plupart d’être eux refuse le logement qu’on leur propose? Alors que la discrimination d’accès aux centres d’hébergement d’urgence fait débat, cela peut paraître contradictoire. Pourtant c’est le cas pour près de 80% des migrants (source La Cimade en 2015). La plupart préfère rester à Paris, même dans la rue, plutôt que d’être envoyé dans les Régions ou en banlieue lointaine.

Aides en tous genres, distribution de nourriture, concentration des administrations… Malgré des conditions de vie difficiles, la capitale présente tout de même des avantages. Du moins c’est ce qu’avance une bonne partie des nombreux migrants à Paris et en Île-de-France. En 2016, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) a indiqué avoir placé 11 000 personnes (les mineurs ne sont pas compris dans ce chiffre) en Centre d’accueil et d’orientation (CAO) répartis sur le territoire français. Mais il n’existe pas de chiffres fiables sur les migrants qui dorment dehors. Seuls ceux dont la demande d’asile est acceptée ou dont la procédure est en cours peuvent prétendre à un logement longue durée. Pour les déboutés et les « dublinés » (ceux dont la demande d’asile est enregistrée dans un autre pays de l’Union Européenne), le recours à l’hébergement est plus rare, plus compliqué et plus court. Quand bien même des logements sont proposés, les potentiels bénéficiaires déclinent souvent l’offre.

La rue plutôt que la campagne

«Ici on peut manger ou prendre une douche facilement» explique Siam (le nom a été modifié, ndlr), un migrant qui dort près de la place Stalingrad. Ce sont ce genre de services ainsi qu’un système de solidarité développé et le soutien de leur communauté qui motivent les exilés à rester en Île-de-France. Certains ne connaissent que Paris et ne veulent naturellement pas s’en éloigner. Cependant beaucoup de réfugiés et de demandeurs d’asile sont poussés à quitter la région parisienne. Malgré leur réticence, ils sont souvent contraints au départ.

Parallèlement au démantèlement de la “jungle” de Calais en 2016, le gouvernement Hollande a mis en place un réseau d’hébergement visant à répartir les migrants de manière équitable sur l’ensemble du territoire, 450 Centres d’accueil et d’orientation (CAO). Il existe maintenant plusieurs types de structures d’accueil pour prendre en charge les différents cas de figure. Des personnes dont la demande d’asile est en cours d’examen peuvent passer du jour au lendemain de Paris à une petite ville de province. Yacoub était l’un d’entre eux. Avec ses amis, ils ont été transférés de Paris à Charleville-Mézières. Il raconte n’avoir passé que deux jours là bas : «on était six par chambres, c’était insupportable.On devait partir».

L’épisode le plus représentatif de cette situation est l’évacuation du camp informel Porte de la Chapelle au Nord de Paris. Ce lieu, que les migrants s’approprient pour planter leur tente, est régulièrement détruit par la police. Juillet 2017, ce sont près de 2 800 personnes qui ont été évacués dans le cadre d’une opération de “mise à l’abris”. Tous devaient être placés dans une structure appropriée à leur situation mais la plupart sont partis dès que possible. A raison de 100 migrants par jour de retour Porte de la Chapelle, le camp s’est très vite repeuplé pour atteindre plus ou moins sa taille habituelle.

Cours de français et fast food

De retour dans les “points de fixation”, les quartiers où se rassemblent habituellement les migrants, le confort n’est pas au rendez-vous. Porte de La Chapelle, les tentes côtoient les camions de CRS. Ceux qui sont en situation irrégulière ou dublinés n’ont pas vraiment le choix. S’ils acceptent une place en hébergement, ils risquent d’être assignés à résidence en attendant leur expulsion. Mais des demandeurs d’asile et des réfugiés restent d’eux-mêmes. A Paris, différents cours de français pour migrants sont proposés, que ce soit par la mairie ou des associations. Des leçons sont même organisées en pleine rue comme Place Stalingrad. Ce système est moins développé dans les plus petites ville. Pourtant l’apprentissage de la langue a une importance considérable pour des gens qui veulent soit reprendre leurs études, soit commencer à travailler en France.

La restauration est un autre point central du placement en hébergement. Faute d’avoir suffisamment de places en CAO et en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), certains hôtels sont réquisitionnés pour accueillir des réfugiés et des demandeurs d’asile. Pour ceux qui s’y installent, leur situation n’est pas très confortable. Chaque jour, des tickets de nourriture sont mis à leur disposition. Généralement ils ont droit à un repas par jour et par personne dans un restaurant partenaire. En Île-de-France, la plupart de ces restaurants se situent à Paris intra-muros. Une situation compliquée pour les bénéficiaires de logement en banlieue lointaine. Dans l’impossibilité de cuisiner sur leur lieu de vie, ils sont contraints de faire jusqu’à 40 minutes de trajet pour chaque repas. La grande majorité des établissements partenaires font de la restauration rapide de type snacks ou kebabs. Les plats proposés ne sont donc pas très variés. C’est un facteur de plus qui fait hésiter les migrants à accepter une place en centre d’accueil. Certains préfèrent manifestement dormir dans le froid, avec les dangers de la rue plutôt que d’être entassé dans une chambre d’hôtel d’une ville qui leur est inconnue.

Abdallah Hassan
Image : Julien Delacourt et Flore Viénot
Montage : Larry Waxman

Des Liens

Partager cet article

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Les commentaires (4)

  1. Bravo Abdallah pour ton premier reportage très réussi, touchant et extrêmement convaincant !!! Il faudrait pouvoir le proposer à différentes chaines et émissions de télé pour le diffuser et l’utiliser comme formidable outil de sensibilisation à la cause des réfugiés et demandeurs d’asile !!

  2. s’ils ne sont pas contents de leur sort,ils n’ont qu’à repartir,comme çà tout le monde sera content !!

  3. @bastide
    oui, qu’ils repartent chez eux en cas de mécontentement. A travers les mêmes chemins de traverse. Et qu’ils évitent de mettre de mauvais commentaires sur TripAdvisor !

  4. Je ne veux faire sursauter personne, mais je trouve qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’échec si ce jeune homme renonce totalement à son métier premier. La France manque cruellement de bras et de compétence en maraîchage et en arboriculture. Entendre des témoignages comme « à la campagne, t’es tout seul, t’es comme en prison », ça me navre, alors que l’agriculture manque de main d’oeuvre. Cela met cruellement en évidence encore une fois la fermeture du monde rural à tout ce qui ne lui ressemble pas, et la plus grande capacité d’accueil de la différence du monde urbain. Pour moi, il y a bien plus de savoir-faire, de valeur, à la capacité à faire croitre de la nourriture qu’à tendre un micro et une caméra pour recueillir des témoignages. Depuis ce reportage, j’ai heureusement vu et entendu des témoignages d’accueil et d’intégration de migrants réussis dans des petits villages, et je crois que notre avenir à tous n’est pas de s’entasser dans des mégapoles, incapables de nous procurer ce dont nous avons réellement besoin.