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Zebda, Intime chez les Chibanis en Lutte

Publié le | par

Un concert en chambre pour “supporter et donner du courage ». Mouss et Rachid de Zebda (parrains de LaTéléLibre) ont rendu visite aux Chibanis en lutte de l’hôtel Voltaire à Paris. Menacés d’expulsion, ces retraités d’origine Maghrébine souvent seuls, se battent aux côtés du DAL pour être relogés décemment.

Un Chibani, qu’est-ce que c’est ?

En arabe maghrébin, un Chibani signifie « vieillard », « vieil homme » ou encore « cheveux blancs ». Pour les dames, on dit « Chibania ». Après avoir trimé en France depuis les années soixante, cette communauté de travailleurs migrants se retrouve aujourd’hui dans l’impossibilité de se rapprocher définitivement de leurs familles au bled, de peur de perdre leurs droits : retraite, sécurité sociale… C’est là toute la différence avec un retraité français ou européen qui, après une vie de labeur au pays des droits de l’Homme, est libre dès sa retraite de partir vivre où bon lui semble sans s’inquiéter de la perte de ses droits. Un Chibani lui, doit obligatoirement attester de sa résidence sur le sol Français au moins six mois et un jour chaque année.

Les Chibanis de Voltaire, des oubliés qui se rebiffent

Locataires, la trentaine d’occupants Chibanis de l’hôtel parisien Voltaire vit dans des conditions déplorables. Alors que certains de ces migrants habitent cet hôtel depuis les années 60, ce lieu n’a jamais été entretenu. Pas d’eau chaude, pas de douche, trois toilettes sur les paliers pour une trentaine de résidents, des murs qui tombent en lambeaux et des loyers d’environ 400€ par mois !

Quand le propriétaire des murs a remercié la pseudo gérante de l’immeuble dans l’optique de monter une opération de spéculation immobilière, les habitants se sont retrouvés menacés à leur tour d’expulsion. Or d’une part, ces locataires ont des droits et il est illégal de les expulser sans congés ; enfin d’autre part, quand le DAL (l’association du Droit au logement) a constaté l’état des lieux, les Chibanis de Voltaire se sont regroupés en association et ont décidé de porter plainte contre la gérante pour le préjudice subi dans cet immeuble en péril.

CHIBANIS-LUTTE-LATELELIBRE-PARIS-VOLTAIRE

Les Chibanis sont donc plutôt en position de force. La trêve hivernale leur laisse par ailleurs un peu de répit jusqu’au mois de mars. Mais ensuite ?

Un relogement périlleux

Pour Jean-Baptiste Eyraud, le président du DAL, la question du relogement se pose. En effet à l’hôtel Voltaire, leur bailleur « verbal » (car aucun contrat de bail n’a été signé) n’en n’avait que faire de la gestion des lieux lors des absences des locataires qui retrouvaient régulièrement leur famille au Maghreb. Qui plus est, la communauté Chibanis de l’hôtel est soudée et pouvait se rendre mutuellement service lors des absences. L’endroit où ils seront relogés leur permettra t-il de faire ces aller-retours ? Et puis d’abord, comment les reloger ? À leur âge, le foyer est-il une bonne solution ? Ne vaudraient-ils pas mieux que ces papys, compagnons d’une vie, restent ensemble pour ne pas se retrouver isolés ? Enfin les maisons de retraite sont hors de prix et les résidents n’en veulent pas, car disent-ils, leur peu de liberté risqueraient d’y être perdue.

Zebda et les Chibanis

Mouss, chanteur du groupe toulousain Zebda et enfant de l’immigration algérienne a un profond respect pour les anciens, ces oubliés, ces sans voix. À cela s’ajoute l’engagement du groupe auprès des actions menées par le DAL. De passage à Paris pour un concert à la Cigale, Mouss s’est rendu avec le guitariste Rachid chez les occupants de l’hôtel Voltaire pour leur apporter tout leur soutien et surtout un peu de chaleur en leur interprétant « leurs chansons ». Celles des anciens, celles qui ont rythmé leur vie à eux, les Chibanis et tous les migrants du Maghreb. Des musiques qui ont aidé le père de Mouss à « supporter » sa condition d’exilé, des mélodies et des chants qui, lorsqu’on subit, donnent du courage.

Dans son dernier album « Comme des Cherokees », le groupe Zebda a rendu hommage « aux anciens » avec la chanson « Chibanis ». A l’occasion de la sortie de cet album, ils ont diffusé ce clip documentaire. Un beau petit film réalisé par Rachid Oujdi.

 

Journaliste, monteur : Thibault Pomares.
Images : Vincent Massot.

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Les commentaires (5)

  1. Tenez moi au courant de la suite car je suis scandalisée de voir comment ces Chibanis sont traités après toute une vie de travail et de sacrifices.

  2. Bravo Zebda. l’engagement est toujours présent. Oui toujours aucune reconnaissance pour ses travailleurs immigrés venus très tôt en France, éloignés de leurs familles, et qui vivent encore actuellement dans des foyers sonacotra ou des chambres misérables. On les avait déjà oublié en temps de guerre, en 1914 et 1940, sans oublier les souffrances infligées par la guerre d’Algérie. Maintenant on les oublie en temps de paix. Dramatique et scandaleux.

  3. au lieu de jouer les rois du pétrole , s’ils avaient négocié la retraite indexée sur le cout de la vie Maghreb ils respireraient tranquillement là ou ils veulent !

  4. L’esprit vivifie ! C’est très juste. Ça me rappelle ceci :
    Quand on est mort, on ne sait pas qu’on est mort. Le plus dur, c’est pour l’entourage. Quand on est con, c’est pareil.