Salamata, au Delà des Frontières et du Handicap
Publié le | par La Rédac'
Salamata vit à Paris depuis 15 ans. Originaire du Sénégal, atteinte de la poliomélyte depuis son enfance, elle veut aujourd’hui aider les handicapés de sa région natale à s’insérer dans une société qui les rejette.
Le réveil de la militante
7h. Comme tous les matins, Salamata et son mari Cheikh se lèvent aux aurores. Croissant, jus d’orange, café, c’est un petit-déjeuner consistant qu’elle prépare avant de repartir sur les bancs de l’école, appuyée sur sa béquille. Atteinte par la poliomyélite à l’âge de 4 ans, elle a souffert du regard des autres, dans un pays, le Sénégal, où être handicapé est un drame. Couvée par son père, aidée par toute sa famille, elle n’ose pourtant pas sortir dans la rue pendant des années, préférant attendre la pénombre du soir qui la rend moins visible. Arrivée en France en 2002, elle a travaillé comme secrétaire, puis comme caissière au supermarché Carrefour de Créteil Soleil. Là-bas, grâce à un directeur bienveillant, elle devient représentante syndicale pour les handicapés. C’est un déclic. Elle prend conscience qu’elle peut être utile, et que le handicap peut être considéré autrement que comme une tare. Elle crée une association, l’Association des Handicapés de Goudiri et Environnants qui envoie du matériel médical dans sa région natale, parfois acheté avec son propre argent. Elle tient aussi à faire de la sensibilisation dans les écoles, mue par des souvenirs de son enfance encore vivaces : « à l’école, quand le professeur organisait une séance de sport, il me posait dans un coin et je jouais toute seule avec des cailloux » raconte-telle les larmes aux yeux.
Une ferme coopérative pour les handicapés sénégalais
Aujourd’hui, elle veut dire aux handicapés qu’ils ne doivent pas avoir honte, qu’ils n’ont pas à se sous-estimer. Cette femme qui, selon ses mots, a toujours dû se battre, met alors en place un projet de ferme coopérative dans sa région natale de Goudiri. Elle prévoit d’embaucher une cinquantaine de personnes, handicapés et valides, pour s’occuper d’un poulailler, d’un potager, et de moutons. Son but, donner une activité à ces personnes, et une rémunération en fonction des revenus générés par la vente des produits de la ferme.
Se former en France pour créer là-bas
Alors quand elle entend parler de l’Ecole Régionale des Projets, elle s’inscrit. Cette formation a été initiée il y 3 ans par le GRDR Migrations – Citoyenneté – Développement. Cette association a été créée en 1969 par la rencontre d’agronomes français et de travailleurs migrants du Sahel de l’ethnie Soninké. Elle agit en faveur du développement local des territoires, tout en accompagnant les personnes migrantes en France dans leurs projets en faveur de leur région d’origine. Organisée avec la cité des métiers et la région Ile-De-France, l’Ecole Régionale des Projets aide la création d’une activité économique, avec des modules aussi divers que le marketing, la stratégie, l’aspect juridique, ou la valorisation des compétences.
Ce vendredi, Salamata se rend donc à la cité des métiers pour assister à un atelier intitulé « situations interculturelles ». L’objet de cette journée est de savoir identifier comment chez chaque personne, la culture, la classe sociale, l’éducation, ont un impact sur le comportement des interlocuteurs que pourraient rencontrer ces futurs chefs d’entreprise. Pour eux, c’est aussi l’occasion d’échanger sur des anecdotes qui illustrent comment les différences culturelles ont pu engendrer des malentendus. « Leurs parcours font qu’ils sont plus habitués que la plupart de gens à évoluer dans un contexte international, et donc multiculturel », nous explique Olga Ouedraogo, l’intervenante de la journée. « Ils ont dans leurs parcours cette richesse qui leur permet d’être mieux outillés que la moyenne des gens […] pour s’adapter à des contextes différents ».
Pour Salamata, le projet est en bonne voie. Les différents devis réalisés estiment qu’il faudrait environ 50 000 euros pour le financer. Dans ses recherches, elle a déjà reçu l’aide des ONG Electriciens Sans Frontières, et Agriculteurs Français et Développement International. Et si elle pense repartir un jour au Sénégal, elle remercie son pays d’accueil : « c’est grâce à la France que je sais qui je suis »
Camille Saiseau
Flore Viénot
Des Liens
Association des Handicapés de Goudiri et Environnants
Les commentaires (4)
Bravo à la TeleLibre, l’article est magnifique et le sujet est très intéressant. Salamata est une battante, une ourageuse, c’est un plaisir pour moi de partager une formation avec elle.
Merci le Grdr
Super fière de toi gogo Sala. Que Dieu te récompense pour ce dévouement.
On t’encourage salamata, tu mérites plus que ca. A tout les moment dur tu a était la pr nous tu es une soeur,une amie ,une maman une tante pour nous. Franchement qd j’ai vu ça j’ai eu les larmes aux yeux. Que du bonheur a toi et longue vie. Tu es vraiment courageuse .des personnes comme toi yen a pas beaucoup
Une très belle leçon de vie de la part de cette madame, elle a le sourire !!