LES BOURSES S'EFFONDRENT ALORS QUE LOU REED CHANTE POUR LES FINANCIERS

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Lundi 21 janvier 15h00, une copine me propose une place pour le concert de Lou Reed le soir même.

Lou Reed à Paris, mais personne n’en a parlé !

« C’est un concert privé au Théâtre des Champs Elysées » m’explique-t-elle, « j’ai un copain qui peut nous faire entrer ».

[vpod.tv/latelelibre/411970]

21h00 devant le Théâtre des Champs Elysées, une foule en costard cravate se presse devant la porte. Tous portent un autocollant bleu et blanc au revers de la veste, on se croirait à une convention pour une mutuelle. BINGO, tous ici font partie de la société Carmignac, une boite qui gère des actions, des actifs, des investissements, des fonds de pensions. Ces gens dont on parle tous les jours dans la rubrique bourse, ceux là mêmes qui vendent les actions Arcelor lorsqu’elles viennent de monter après l’annonce de centaines de licenciements , ou celles de Bouygues quand Nicolas Sarkozy annonce la suppression de la publicité sur la télé publique.

Ma copine et moi entrons par une porte discrète et nous voilà dans le hall du théâtre au beau milieu d’un cocktail richement présenté, champagne, petits fours, grands bouquets d’arômes blancs sur les tables. Les convives sont souriants et s’apostrophent joyeusement dans une ambiance feutrée et chic.
Les invités entrent alors dans la salle, alors que les ouvreuses déverrouillent les loges du balcon avec leurs clés aux VIP de la soirée, afin qu’ils profitent encore mieux du concert.
Nous voilà assises avec ma copine dans une loge aux côtés de deux messieurs bedonnants en chemise blanche et veston noir.

C’est alors que l’incroyable se produit. Lou Reed, lui même, arrive sur scène, entouré de 5 musiciens.
Lou Reed, 66 ans, vêtu d’un jean et d’un tee shirt noir décolleté , ses éternelles Ray ban sur le nez, les cheveux bouclés et bruns comme avant. Lou Reed, le survivant, l’homme de Transformer, de Berlin de Coney Island baby, de Rock’n’roll animal.

Lou Reed, la figure même du rock dans ce qu’il exprime de plus sauvage, de plus rebelle, de plus révolutionnaire. C’est bien lui, je ne rêve pas, lui , l’icône de ma jeunesse, celui qui est revenu de tout et même de l’Heroïne. Lou Reed chante en concert privé devant un public de banquiers.
Et Vlan, il entame justement son concert avec Sweet Jane ! Je n’en crois ni mes yeux ni mes oreilles, Lou Reed chante Sweet Jane devant les rois de la finance, ceux qui font la Une des Echos, de « gestion de fortune « de « mieux vivre votre argent ». Et les voilà qui commencent à onduler au son de « Dirty Boulevard », puis de « Glory of love » et de « Perfect Day » son chef d’œuvre absolu. Lou Reed, lui, est quasi impassible, il chante de sa belle voix profonde et grave, de cette voix qui a transpercé notre adolescence. Il chante mais il ne manifeste aucune émotion. Il est raide comme la justice, il ne prononce aucun mot, aucune phrase entre les morceaux, à part un « I love Paris » du bout des lèvres. Mes deux voisins bedonnants ont tombé la veste, mais ils commencent à trouver le temps long. Alors ils font des commentaires à haute voix : « Allez envoie les gaz !, vas-y lâche tout ! il est mou ! allez vas-y mon gars ». Mais rien à faire, Lou Reed chante des balades, calmement sans ostentation, sans un mouvement de hanche. Rien ne se passe entre lui et ces spectateurs d’un soir, comme des gosses auxquels on aurait offert le gros tracteur dont ils rêvaient, mais qui finalement les déçoit car il ne va pas assez vite à leur goût.
Et puis vient le rappel, un seul faut pas exagérer. Et le vieux Lou se lance dans le « Walk on the wild side » que la salle lui réclamait. Mais qui ce soir, du vieux Lou revenu de tout ou de ces jeunes loups est le plus wild ? Qui marche du côté sauvage de la rue ?..

D’un côté un vieux rocker qui se loue sans vergogne pour un soir à ce public qui incarne à lui seul toute la sauvagerie de l’ultra-liberalisme, de l’autre ces commerciaux satisfaits et fiers d’accélérer chaque matin la marchandisation du monde, d’encombrer le Dirty Boulevard des déchets que produit de l’économie libérale, sans se retourner. Ce soir, lundi 21 janvier, les bourses mondiales ont clôturé avec une baisse historique due à la contamination de la crise américaine des subprimes.

Alors que Lou Reed et ses musiciens viennent de terminer leur dernière chanson, leur tube interplanétaire, et que la salle résonne encore des vibrations des guitares et de la voix sensuelle du chanteur, voilà que se lève un homme de derrière la console de son. Un homme grand aux cheveux gris et mi-longs, élégant dans son costume noir.

Cet homme s’adresse à la salle à haute voix. Tous alors se retournent vers lui arborant un grand sourire de reconnaissance. Je comprends que c’est le patron, Monsieur Edouard Carmignac himself, président Directeur général et fondateur de Carmignac Gestion (http://www.carmignac-gestion.fr/index.asp#). Et il prononce ces mots : « je voulais vous dire à tous, ce soir, que vous ne devez jamais oublier qu’il faut parfois Walk on the wild side !

Merci du conseil Monsieur Carmignac , on y pensera.

Nathalie Leruch

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Les commentaires (16)

  1. Ben merde alors, j’en ai un début de nausée….

    C’est fini, je désespèrerais désormais de tout…

    Le rock est bien mort…

    plus affligeant que Naast et plasticines réunis, Lou Reed qui fait le tapin…

  2. moi je suis écoeurée, ces gens qui vendent ,achètent des actions. Petits fours, soirées privées, des gens sont licenciés mais surtout, continuez à boire, à manger et à bien dormir avec votre conscience, je vous plains car je ne voudrais pas avoir votre vie, elle doit être bien vide.
    pat

  3. Super Scoop:
    aujourd’hui, Sarko réclame « Plus de transparence dans les flux financiers internationaux… »
    mais est-ce que ça ne porte pas déjà un nom:

    CLEARSTREAM !

  4. envie de gerber, c’est déjà fait. Tout péter, d’autres s’en sont chargés et c’est même pas sûr. Alors, passer de l’autre coté et se tirer tant que çà pue, trouver une autre planète, oublier.

  5. Vous êtes ridicules, ces gens de la finance bossent comme des chiens la plupart du temps alors ils ont bien le droit de se faire plaisir de temps en temps…

  6. Réponse au commentaire numéro 6 (« je ne suis pas un numéro, je suis un actionnaire libre! »): Ce qui chiffonne ici, ce n’est pas que les roitelets du Dow Jones se fassent plèz en s’achetant une heure de rock attitude, ils ont le fric, c’est légal, et c’est toujours mieux que de tripper sur le coffret Christian Clavier, OK. L’ennui, c’est que Lou Reed, qui est connu pour être une fieffée tête de mule incorruptible soit tombé dans cette mascarade, car je crois que c’en était une. Imagine, cher numéro 6, Neil Young chez Koh Lanta ou Pete Doherty au gala du Medef. Nous, en tout cas, ça nous choque.

  7. Réponse à Yann Z:
    Les Stones ont fait le même genre de prestation pour une grosse banque américaine, il n’y a pas si longtemps… comme quoi à l’approche de la retraite, la rock n roll attitude est beaucoup moins facile à vivre, même pour les « incorruptibles »! Pete Doherty a fait des concerts dans des squats pour se payer de la dope après des gros concerts, alors il vaut mieux qu’il évite le gala du medef sinon c’est overdose garantie…

  8. Ma pauvre Nathalie Leruch, Mes pauvres rockeurs progressistes,
    Vous êtes donc toujours les aveugles de la farce du rock’n’roll ?
    Si le rock était contre le capitalisme, pourquoi serait-il toujours associé à une industrie publicitaire qui incite le consommateur à toujours acheter plus (disques, blouson noir, moto, « journaux de rebelles », coiffure, concerts, livres dénonçant la société de consommation – Begbeider, Naomi Klein), tout ça pour se conformer aux modèles qui lui sont fabriqués par les industriels de la musique et de la culture ?
    Faut connaître vos classiques : « The great rock’n’roll swindle » (Malcolm Mc Laren, manager des Sex Pistols).
    Lou Reed n’a d’ailleurs jamais été un rebelle ou un révolutionnaire, c’est un marginal dont les penchants sexuels et artistiques l’ont isolé de la norme sociale. Comme dans tous les collèges du monde quand on est pédé ou binoclard et que les gars de l’équipe de foot vous tapent dessus et se tapent les jolies filles. C’est pour ça que je l’aime depuis toujours le Lou, et jusqu’au bout. Lui n’a plus jamais été dupe depuis ses treize ans révolus, contrairement à vous…
    Et les Rolling Stones…les gars qui font sponsoriser le concert d’Altamont par les multinationales du disques (contre les droits de diffusion), font assurer le service d’ordre par les Hells Angels (association criminelle notoire), lesquels Hells assassinent un spectateur noir. Mais le concert continue, comme au stade du Heysel. Heureusement, les Stones, après s’être défoncés toute la journée, partent en Suisse avec une jolie valise bien remplie. Pour goûter les joies de la neige…
    Continuez à louer « Rebel without a cause » et à critiquer Sarkozy, ça vous permet de dormir tranquille et de garder bonne conscience…

  9. Et ben, il ne vous en faut pas beaucoup pour tomber de votre chaise!

    J’ai du mal à comprendre ce qu’il vous ont fait les gens de la finance pour que vous ayez d’eux une vision aussi catégorique.
    Une internaute (pat) prétend ici que les gens de Carmignac doivent avoir une vie bien vide…c’est tout de même hallucinant ce genre de préjugés!!!
    Pour en connaitre quelques uns, je peux vous garantir que le tableau que vous en faîtes là est à mille lieues de la réalité! Ils sont en tous cas bien moins réactionnaires que la plupart de ceuxx qui ont écrit les com ici!!!!

    Quitte à faire des généralités à tour de bras, je vais à mon tour me permettre d’en faire une petite et tâcher d’imaginer le profil type de ceux qui sont « écoeurés, dégoûtés »:
    – ils pleurent le « rock de papa »,
    – ce sont des adeptes du « c’était mieux avant », – pas de fric à investir (et peut-être même pas de fric du tout ça arrive mais ça énerve),
    – en bref, des rebelles du dimanche (ben oui, les rebelles y’a longtemps que ça n’existe plus… maintenant « rebelle » ça veut dire « looser ».

    Peu flatteur le schéma… ben c’est simplement à la hauteur de vos commentaire: « réac » quoi ;)

  10. C’était simplement la rencontre de deux vieux megalomanes… un qui croit encore chanter , mollement, l’autre qui croit que l’argent achète tout!!!
    deux personnalités à la morgue exécrable
    et au milieu des invités accros à leurs portables , echangeant mails et sms sur le Krach boursier, quant aux autres , certains ont même passé le concert en entier à se goinfrer au buffet.
    Si Monsieur Carmignac était respectable, cela passerait encore, on pourrait y voir un cadeau à ses clients qui travaillent pour lui…. mais il se faisait simplement plaisir… et le même qui rechigne à signer un chèque de 5 000€ , dépensait 200 oui 200 fois la même somme pour se faire plaisir!!!!
    Piètre spectacle, bien règlé certes, mais quel manque de générosité et quelle suffisance tant sur la scène qu’à la corbeille
    une actionnaire

  11. Je suis écoeuré par la majorité de ses commentaires, et surtout par le pseudo résumé de la soirée.
    Un concert entre financiers, oui entre financiers, car ce concert n’était pas dédié à la société Carmignac, mais à ses clients, vous choque, mais vous bavez devant toutes ses « peoples », s’ils existent c’est bien que certains les admirent, l’argent gaspillé pour ces gens, par ces gens, tous ceux du cinéma, ces « rockstar », ces footballeurs, ces sportifs, ces « aaaaartistes », oh arrêté et soyez vraiment réalistes !!! Ils ne servent pas à grand chose, qu’à distraire ! Qu’on paye un type qui court après un ballon des sommes folles, ne vous dérange pas, mais que des gens qui travaillent, soit payé en conséquence, la vous criez « au loup », pfff remettez les pendules à l’heure, et les financiers tapaient leur dessus quand certaines valeurs ont repris leur place !
    La seule chose la qui vous « em… » c’est de ne pas y avoir été !!!
    Et elle, si elle était aussi écoeuré, elle n’avait qu’à partir ….

  12. juste un truc à ajouter pour « ecoeuré ».

    en dehors du fait que je trouve moi aussi lamentable que Lou Reed joue devant un tel public.
    quand elle écrit « mais que des gens qui travaillent, soit payé en conséquence, la vous criez “au loup”, tu n’y es pas du tout.
    ce que nous reprochons à ces gens de la finance c’est qu’ils se font des thunes sur la spéculation en jouant sur des entreprises dans lesquels travaillent des êtres humains!! c’est-à-dire que par leur speculation, ils acculent des boites à se faire racheter ou à délocaliser pour faire plaisir à des actionnaires véreux ou à des fonds de pension, ce qui aura pour conséquence de mettre au chomage une partie des employés de ces boites là alors que celle-ci fait souvent beaucoup de bénéfice (je parle de celles qui délocalise).
    c’est là le drame de ceux qui jouent en bourse.

    rendre l’humain virtuel c’est plus facile pour le détruire.
    personne ne se sent responsable.
    une des vieilles bases du fascisme.

    et ne me dites pas que je mélange tout svp.

  13. Les fans de son fanclub se sont encore senti frustrés quand ils ont sû qu’ Loulou mettait d’ leau dans son LSD…

    Rien de nouveau sous le soleil.

  14. UN SCOOP
    le prochain voyage Carmignac est sur la lune…..
    la prochaine soirée avec Ray Charles!!!!!
    oui, cet homme peut tout faire avec son argent…
    notre argent
    Ses petits camarades qui rament un peu plus, ne peuvent quand même s’empêcher de rire…. la megalo n’a pas de limites
    par contre ses talents d’orateur ….en fait il pourrait faire un one man show à lui tout seul… et tout le monde s’endormirait en l’entendant bailler..e..e
    un épargnant déçu