EDGAR MORIN AVEC LES DÉBOULONNEURS DE PUB EN PROCÈS

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Le collectifs « les Déboulonneurs de Pub », qui contestent l’omniprésence de la publicité dans notre espace public, passent en procès ce mercredi 6 février à Paris. C’est d’ailleurs ce qu’il recherche: « barbouiller » les affiches publicitaires pour défendre leur cause devant un tribunal. Cette fois, le philosophe Edgar Morin sera au procès.

LaTéléLibre vous avait proposé ce reportage signé Laarbi Arab, Joseph Hirsch et Julien Chalais début janvier:

[vpod.tv/latelelibre/400681]

Voici leur communiqué de presse du Mardi 5 février 2008:

COLLECTIF DES DEBOULONNEURS

6 février : procès en appel à Paris
20 mars : procès à Amiens
21 mars : procès à Paris

Alors que doivent comparaître demain devant la cour d’appel de Paris 7
barbouilleurs du collectif, nous apprenons qu’un nouveau procès est
annoncé à Paris le 21 mars pour l’action du 23 décembre 2006. Le parquet a
décidé de poursuivre les 3 barbouilleurs de cette action, y compris le
Père Noël ! La veille, un procès aura lieu à Amiens concernant 2
barbouilleurs.

Le 12 janvier 2007 l’Etat avait poursuivi 7 barbouilleurs suite à leur
interpellation en octobre 2006 Boulevard de l’Hôpital, à Paris, devant la
Gare d’Austerlitz. Malgré la grande véhémence du procureur, la juge a tenu
compte du caractère symbolique de la dégradation et de son emploi comme
ultime recours, face aux attaques permanentes du système publicitaire. Le
9 mars 2007, elle a prononcé une condamnation à 1 euro d’amende
symbolique, reconnaissant ainsi la justesse de la cause et des enjeux
soulevés. Le parquet a fait appel de cette décision.

Rendez-vous demain, 6 février 13h30. Cour d’appel de Paris, 4 Bd du
Palais, 1er arrondt., M° Cité.
Rassemblement devant le tribunal à 12h30.

Viendront témoigner :
* Isabelle Darnis, spécialiste de la prise en charge de l’obésité
* Edgar Morin, philosophe et sociologue
* Charlotte Nenner, adjointe au Maire du 10è arrondt, élue au Conseil de
Paris

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Les commentaires (3)

  1. c’est là un grand combat!

    Je suis même d’avis, que l’état d’esprit global que l’on reproche a la jeunesse actuelle, ce manque de persévérance etc., cette facilité a céder a la pulsion sans réflexion préalable, ou en faisant peu de cas de ce qu’on a pensé est en partie du au totalitarisme publicitaire…

    Cela ne nait pas du néant, après tout,biologiquement, nous sommes peu ou prou les mêmes qu’il y’ a cent ans,
    mais ce qu’il y’a de « neuf » c’est l’omniprésence de l’idéologie qui sous-tend toute publicité, laquelle est produite dans un volume tel que cette propagande massive est plus conséquente qu’aucun propagandiste a travers l’histoire de l’Homme n’aurait pu le rêver, et qui plus est unidirectionnelle, même si les moyens publicitaires sont divers , les stratégies multiples, au final, c’est toujours le même principe sous-jacent.

    Toute publicité repose sur l’idée, qu’il est plus facile et d’un meilleur rapport financier certes, mais aussi sentimental, émotif, etc.
    , d’acheter tel ou tel produit, et qu’a vrai dire, il est plus simple d’acheter celui ci que celui du concurrent, que c’est moins cher, que cela nécessite moins d’efforts, et cela martelé a longueur de temps, dès le plus jeune age…

    (mais on nous dit qu’on est tous par nature foncièrement et absolument capitalistes, que c’est « naturel », mais dans ce cas, quel besoin d’user de ces autres ressorts, voire même en poussant a l’absurde, de faire de pub, si nous somme tant motivés par nôtre intérêt propre, deux minutes de blabla ne sauraient le changer, non? pourtant il s’en vend de la pub, et a des gens qui n’agissent pas sur un coup de tête mais plutôt calculette au poing!)

    En plus de promouvoir le consumérisme, la publicité développe un affect ou l’achat s’érige en refuge affectif, par le biais du mirage de la satisfaction par l’achat, sorti des besoins purement utilitaires.

    Le système publicitaire ne peut tourner que par la frustration, et le consommateur ne peut qu’être frustré, faute de quoi tout s’arrêterait, ainsi en agitant une forme ou une autre d’idéal, on n’aboutit qu’a frustrer le destinataire, pris dans un mouvement sans fin d’une frustration ni trop grande, ni trop faible, pour le garder dans le chemin de l’achat, vers un produit, puis le suivant…
    Parfois aussi, certains craquent… a jouer avec les nerfs, parfois on réussi plus qu’un coup marketting, on augmente aussi la pression sociale, même sur ceux qui ne peuvent plus suivre, combien de suicides pour raisons matérielles?

    Si l’on passe d’être à avoir, ce n’est pas parce que c’est l’air du temps, mais parce qu’on consacre des milliards à en faire l’air du temps!

    Quoi d’étonnant a ce qu’un enfant veuille plus, sans l’effort, quand on lui a agité la pub sous les yeux la majeure partie de son existence?
    Non qu’il failles se satisfaire de son sort, mais savoir si l’on est satisfait ou non nous appartient de moins en moins, on fait feu de tout bois pour le faire a notre place, en instrumentalisant au passage psychologie, sociologie, neurobiologie, sciences du comportements et consorts pour savoir comment rompre tout sentiment de satisfaction par le besoin renouvelé, et toute révolte par l’hypothétique satisfaction du produit suivant!

    Au lait de chaux tout les panneaux! (dans certaines villes par contre, la moindre affiche non officielle pour un concert, même minuscule provoque les foudres de la municipalité, mais pas ce battage unidirectionnel qui crie un « plus » lancinant, PLUUUS toujours PLUUUUUUUS et surtout ne changez rien, peut être pourrez vous mettre assez de coté pour vous payer un écran PLUUUS large, des chiottes du coloris a la mode, une voiture qui pollue a peine moins (mais qui a émis énormément lorsqu’on l’a fabriquée, au point que si on en change assez souvent, ou bouffe largement l’économie de carbone fièrement affichée), qui permet de vendre en masse du jetable, qui est soudain blanchi par ce qu’on le recycle a grand couts énergétiques alors que produire directement un équivalent a cycle d’utilisations élevé est a peine plus couteux en matériaux et énergie, et souvent techniquement plus simple, parfois même plus fiable
    (on peut ainsi voir des bennes en tissu synthétique tressé, jetables et « recyclables », pour manutentionner du sable, là ou la même benne en tôle pourrait servir 10000 cycles ou plus, et s’utiliser au bas mot 30 ou 40 ans… ce recyclage d’opérette n’est bien souvent qu’une mascarade pour continuer a vendre tant et plus, sans publicité massive, s’empêcherait on tous autant d’y songer?

    quand régulera t’ on ou abolira t’ on ce système qui confère une formidable inertie a ce mode de consommation qui a terme nous condamne tous, descendants compris, autres espèces comprises, a une mort lente…

    Recyclons bien vite tout ces panneaux, de la vitre de panneau Decaux, ça doit être formidable pour faire des fenêtres a quelques sans abris, non?

  2. Soyons sérieux!

    Je vous invite a une petite expérience, si vous habitez en agglomération, d’une part comptez le nombre de publicité vues en une journée, soyez scrupuleux, comptez de manière exhaustive, mais soyez sur qu’en région parisienne, vous perdrez vite le compte a des totaux irrationnels pour peu que vous marchiez une petite heure dans une rue commerçante.

    Je vous enjoint a y adjoindre une autre petite expérience, très complémentaire, lorsqu’une pensée fugitive vous traverse l’esprit, sans rapport aucun avec le fil de vos pensées précédentes, arrêtez vous, et observez attentivement votre environnement visuel, très attentivement.
    Il se peut que vous remarquiez alors quelque enseigne, encart publicitaire, fly trainant au sol, affiche ou que sais -e, en lien direct avec cette pensée fugitive,
    Ne pas remarquer ne veut pas dire ne pas voir…
    a vrai dire, le plus insidieux est le plus efficace, si une pub dont on a conscience nous révulse, (slogan a la noix, photo laide ou niaise, on a tout loisir de passer outre et déviter le produit vanté (déja une influence, bien qu’inverse a celle voulue), si par contre , on a vu sans voir, et que sans même se ressouvenir de quoi que ce soit, l’influence fait son effet au moment crucial (pour le vendeur), là l’objectif est rempli!, c’est aussi une des stratégies publicitaires.

    Un peu comme lorsqu’en feuilletant quelque magazine ou volume, d’une pagination semble t’il trop rapide pour lire, en cherchant un passage, ou un article, par exemple en attendant de voir défiler une photo le composant, un mot nous accroche l’esprit, saisi au vol contre toute apparente probabilité, lorsqu’on le recherche, parfois on tombe juste, parfois le mot n’est que proche, et la perception inexacte…
    Dans le cas qui nous intéresse, ce n’est pas fruit du hasard, une « bonne » publicité n’a pas été composée au petit bonheur la chance, de sa mise en page a sa mise sous presse, tout a été fait pour qu’elle accroche l’oeil du passant

    Si vous échappez a ce phénomène, j’en suis bien aise pour vous, mais je me permet d’en douter, aillant pus en faire sur moi même l’expérience fréquente.

    Si toutefois vous étiez réellement exempté de cette nuisance, histoire de vous rassurer sur le fait que la plupart des simples mortels ne le sont pas, voici un exemple concret de l’efficacité publicitaire, dure a cibler en temps normal.

    L’étude dont j’envisage de vous entretenir, traite il est vrai d’un « marché » particulier, et fort heureusement, éminemment traçable, ce qui nous sera fort commode.

    il s’agit d’une étude États-Unienne sur les prescriptions médicales, (pardonnez moi toutefois d’en avoir perdu les références, mais si vous insistez, nous pourrons la chercher de concert)

    Cette étude visait a étudier l’impact des visiteurs médicaux, représentants de commerce des labos pharmaceutiques, a qui échoit en théorie le rôle louable d’instruire le médecin des nouveaux produits et de leurs usages et risques et dans la pratique le rôle pas si secondaire de principalement placer les produits de sa firme

    (même obsolètes , ce qui dans le cas particulier des États Unis n’est pas une mince blague, car la FDA, par protectionnisme, est fréquemment bien lente a autoriser les molécules de l’estranger tout poilu pas beau, quitte a laisser le marché a des molécules aux effets secondaires lourds absents des formulations plus au gout du jour (mais ça ne l’empêche pas non plus d’autoriser la mise sur le marché de remèdes qui démontrent a grand peine leur innocuité, et qui font scandale 15 ans après, avec bébés morts nés, malformations, et tout et tout!))

    revenons a nôtre cas:

    l’étude portait sur des étudiants en médecine, en fin d’étude, déjà prescripteurs ou sur le point de le devenir (l’équivalant de nos internes), ceux-ci étaient divisés en deux groupes, en fonction de leur appartenance a une université autorisant sur son sol les visiteurs médicaux, ou a une ne l’autorisant pas, et se poursuivait si mes souvenirs sont bons, sur plusieurs années après leur doctorat.
    (à moins qu’il ne s’agisse de deux études complémentaires mais différentes, conjointement présentés, ce qui aurait porté la confusion en ma mémoire abusée)

    L’unanimité des sujets proclamaient avec une sincérité que je ne crois pas feinte que jamais quelque vulgaire sous main publicitaire, ou règle garnie de poissons rouges flottant a l’intérieur ne saurait venir a bout de leur indépendance d’esprit et ne saurait donc nuire a la justesse de leurs prescriptions.

    Lors du dépouillement des études statistiques de leurs prescriptions, les fait observés les faisaient par contre malheureusement et invariablement mentir, contre leur gré, certes , en effet elles présentaient une différence marquée entre les deux groupes, les prescriptions étaient qui plus est effectuées en moindre volume dans le groupe témoin « sans visiteurs médicaux »
    Cela n’eut concerné que le choix parmi une gamme de principes actifs strictement équivalents du point de vue efficacité et risques d’effets secondaires que cela nous eut fait une belle jambe, les bons vendeurs auraient vendu leur produit, et les patients n’en auraient pas été moins bien soigné (pour peut être un poil plus cher, mais bon, passons..)
    Le problème est d’une part que la différence de volume de prescription se faisait surtout sur les remèdes aux effets les plus discutables, dont l’efficacité est des plus discutable et discutée, et l’utilité la moins avérée (remplaçables a meilleur escient par un léger changement d’hygiène de vie, qui par ailleurs influerait sur d’autres aspects en positif, par exemple)

    Et, ce qui est d’autre part bien pis,mis a part bien sur la sur-médication (qui là bas comme bientôt ici est réduite par le fait que la médication tout court touche au luxe pour tout ce qui n’engage pas directement les pronostics vitaux, du moins chez les plus pauvres)
    c’est que cette différence de prescription se ressentait aussi sur les pathologies lourdes, et parfois en faveur de formulations dépassées et riches en effet secondaires, et non pas dans le groupe des médecins « non informés » (après tout ils ont la presse spécialisée), mais au contraire dans le groupe des médecins recevant des visites, les visiteurs débordant de leur rôle de façade, et allant parfois jusque a fourguer a la petite semaine des molécules pour de nouveaux usages hasardeux et non prouvés (seulement par une étude interne au labo), car ne nous leurrons pas, produire un médoc coute cher, donc continuer a fourguer ce sur quoi on a beaucoup investi, ça peut tenter de chatouiller la déontologie du mauvais côté (voire par derrière, avec un gode ceinture, et sans vaseline)

    Pis, les jeunes médecins aillant suivit leur formation a l’écart des visiteurs médicaux, mais les aillant acceptés en leur cabinet une fois installés rejoignaient lentement mais surement les prescriptions de leurs collègues aillant été soumis a leur visite dès le début.

    On a donc un cas très documenté, ou l’acte d’achat est sensé être dépassionné, et ou pourtant la présence ou non de « pub » influe fortement sur la décision
    pourtant fruit d’un processus rigoureux de diagnostic et de réflexion au cas précis du patient, a ses antécédents etc.

    Un acte a priori rationel si il en est, au final biaisé, et plus crucial que le choix d’un bête yahourt ..

    Cela est confirmé par un raisonnement somme toute d’une bétise affligeante, reposant sur la question suivante, « Pourquoi toutes les multinationales du domaine font appel et entretiennent des visiteurs médicaux, en nombres tels que le médecin moyen en reçoit plusieurs par JOUR, lesquels sont assez grassement payés, si cela n’avait aucun impact? »

    En tenant compte bien sur d’une part de l’avantage substantiel que cela représenterait pour leurs marges, donc pour leur actionnariat, donc pour leur valeur boursière, chose qui se néglige assez peu chez les entreprises de cette taille… d’autre part, que même en accordant a ces visiteurs leur rôle d’information sur les nouvelles molécules, et en considérant la presse médicale spécialisé comme incapable d’informer ses lecteurs, il suffirait de garder une faible portion de ceux cis pour une tournée des popotes mensuelle (ce qui serait encore plus que suffisant, le rythme des sorties par labo n’est pas si échevelé que cela)

    Cela ne laisse t’il pas a penser que leurs employeurs croient en leur réelle influence sur leur volume de ventes, assez pour leur consacrer une bonne part de leur chiffre, non? Même pas un peu?

    D’une façon plus générale, pensez vous sincèrement que les détenteurs d’immenses masses monétaires délieraient si aisément les cordons de la bourse pour financer de dispendieuses campagnes de pub alors qu’ils cherchent en général tout moyen permettant de rogner sur les couts de prod? Ne sont il pas des gens sérieux, dont une bonne part des actes est réfléchie?

    pour un bref rappel après ce long message disharmonieux, étaient consacrés, aux États Unis, voici quelques années, un peu plus d’un pourcent du PIB a la publicité et un pourcent au Royaume Uni, ces chiffres ne comptabilisant par ailleurs que les campagnes effectuées par les grosses agences, au niveau national, et a peine celle au niveau régional ou local

    Au niveau mondial, on dépense journalièrement 3,42 fois le PIB annuel de la Guinée Bissau en publicité, je peux vous faire le calcul pour d’autre pays si cela vous chante!

    calcul basé sur l’estimation pour 2006, de 225 000 000 000 $ (je préfère mettre tout les zéros, qu’on réalise..) établie en 2005 par un groupe d’experts du milieux pubeux, disponible ici,
    http://www.interdeco.fr/documents/etudes/adbaro_presse_0603.pdf

    Cela semble t’il inique? A moi oui! Le ferait on pour rien? Certainement pas!

    (par ailleurs c’est « rigolo », mais les sommes a calculer dépassent certaines calculatrices de portables, 225 milliards de dollars, elles ont du mal, mais même en prenant le calcul par l’autre bout, elles refusent vite, c’est limité ces petites bêtes là…)