MARSEILLE : GAUDIN PREMIÈRE VICTIME DU CARTON JAUNE A SARKOZY?

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Jean-Claude Gaudin, ce lundi soir lors de son dernier grand meeting de campagne, a éprouvé le besoin de rappeller aux Marseillais que les municipales ne sont pas « le troisième tour de l’élection présidentielle » : l’heure est à la «mobilisation générale », face au danger. Grand patron depuis 13 ans de la ville de Marseille, le maire sortant se retrouve en effet engagé, face à son challenger PS Jean-Noël Guérini, dans un match de plus en plus tendu.

Perdre la ville, ça lui fendrait le cœur.

 

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Pour le maire sortant, en lice pour son troisième mandat et l’écriture de sa trilogie personnelle, voici venu le temps de la dernière ligne droite, et des dernières offensives. Le problème c’est que le coude à coude est désormais réel. Parce que contre toute attente, son rival, le challenger Jean-Noël Guérini, actuellement président du Conseil Général 13 et grand patron du PS local, malgré ses faiblesses oratoires, a fait une bonne campagne.
Au point que mercredi dernier, pour la première fois, une enquête TNS-Sofres a donné la liste PS-PCF-Verts emmenée par Jean-Noël Guérini victorieuse au second tour des élections le 16 mars avec 51% des intentions de vote contre 49% à celle de Jean-Claude Gaudin.

Mais les jeux ne sont pas fait, Jean-Claude Gaudin le sait et a tenu a le rappeler.

Vers le carton jaune pour le bling bling ?

Jean-Claude Gaudin semble craindre un vote sanction, il a donc ce lundi choisi de crever l’abcès. Et a tenu à appeler les Marseillais à « ne pas se tromper d’élections. (…) Les Marseillais ne doivent pas se laisser voler le renouveau de Marseille, à cause d’un mouvement d’humeur sur fond d’acharnement médiatique et de chasse à l’homme contre le président », a t-il affirmé.

Pourquoi ? Parce qu’il le sait, à Marseille comme ailleurs, l’exhibition des amours bling bling n’est pas passée. Partout, dans cette ville qui a voté Sarkozy : la séquence Carla, on a eu bien du mal à l’avaler. Et puis, parce que, Gaudin étant numéro deux de l’UMP au national, il ne peut faire oublier aux Marseillais sa proximité avec le Président de la République.

 

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« Le président m’honore de son amitié et je lui rends cette amitié. Et encore plus si c’est difficile pour lui », a-t-il dès lors estimé important de préciser. Marseille n’a « aucun intérêt à être à contre-courant politique du gouvernement » car la ville compte sur l’investissement de l’Etat dans le cadre de certains grands projets…

Quid du Front National ?

La force du vent anti-Sarkozy, cela, Jean-Marie Le Pen l’a bien senti, qui est descendu de Paris la semaine dernière pour soutenir son candidat, Stéphane Ravier. Celui-ci, même si les observateurs les plus avisés n’y croient pas rééllement, compte bien lors de ce scrutin municipal retrouver une part de son électorat un temps emporté par la séduction Sarkozy.

« Le potentiel est selon moi de 20%. J’espère pouvoir me rapprocher le plus possible voire dépasser ce score de 20%. Nous avions réalisé en 1995 22%. Les problèmes s’étant selon moi aggravés, il n’est pas exclu que ce chiffre soit atteint ». Stéphane Ravier (extrait du Tchat La Provence du 29/02/08.

L’affaissement du Front provencal lors des élections législatives de juin 2007 a été massif, mais en sera t-il de même dimanche ?

La gauche, elle, se défend d’utiliser le national comme argument de campagne : «Sur le terrain, on n’utilise pas du tout l’argument anti-Sarko» , promettait récemment Patrick Mennucci.

Les tontons flingueurs ou la meilleure défense c’est l’attaque

Malgré ce risque relatif d’un retour partiel du vote FN, pour Jean-Claude Gaudin, le grand combat reste le combat des chefs, ce classique combat gauche-droite qui l’oppose aujourd’hui au Président Conseil Général.

Un combat qui, depuis le début, est crispé et haut en couleur :

Guérini : «Les Marseillais n’ont plus besoin de tirades mais veulent un maire à plein temps qui travaille pour Marseille».
Gaudin : «Mon opposant dit que je suis trop pagnolesque, il connaît ma réponse: « il vaut mieux à Marseille être pagnolesque que grotesque».

Mais hier soir, comme ailleurs, le ton est encore monté d’un cran : Jean-Noël Guérini n’est candidat que  » du retour en arrière et de la casse sur un fond d’idéologie, de sectarisme, de conservatisme, de clientélisme, et qui frise même la malhonnêteté ». « Noircir, démolir, surenchérir, mentir, c’est son seul projet ».

Pour Gaudin, il l’a redit hier soir, le vrai changement à Marseille c’est lui, « depuis 13 ans ». « Je ne me présente pas pour un troisième mandat mais pour un nouveau projet. »

Au passage, face à un Guérini qui a réussi l’union de la gauche, ressurgit bien volontiers chez ses supporters la ritournelle anti-communiste, voire la rhétorique sous-terraine de la menace rouge, toujours efficace en terre phocéenne. L’adversaire, quand ce n’est « l’autre » c’est « le candidat socialo-communiste ».

Gaudin v/s Guérini, bien sûr, c’est la guerre des clans

Et c’est le sérail politique local, qui s’entredéchire et se renvoie la balle. Par exemple sur le clientélisme, ce fléau régional, grand classique de campagne, sur le chapitre duquel chacun accuse l’autre d’en être le seul dépositaire et responsable…

« Les deux adversaires s’accusent volontiers de clientélisme. M. Guérini a tout appris à cette école. Il recrute volontiers des jeunes gens issus de son fief du Panier et n’oublie jamais de rappeler aux associations ce qu’elles lui doivent. Mais les syndicalistes estiment que sa gestion du personnel du conseil général, si elle est parfois rude envers les ceux qui lui résistent, est relativement transparente.
Quant à M. Gaudin, il a montré au cours de ses deux mandats qu’il pratiquait volontiers ce qu’il reproche aux socialistes. Dans sa gestion du personnel municipal, les affinités syndicales et politiques pèsent souvent plus lourd que les compétences professionnelles. »
Michel Samson (23/01/08, Le Monde)

Alors, à Marseille, ce dimanche, seront-ils frontistes, abstentionnistes, gaudinistes ou guérinistes, ces nombreux déçus du sarkozysme ?

Quoi qu’il en soit Jean-Claude Gaudin le sait, la cité phocéenne dimanche aura la dimension d’un test national.

Karine Yaniv, le 04/03/08.
A écouter ou à voir, le corps à corps des titans, tempérament méditerrannéen oblige :


Guérini vs Gaudin (part3) à France Bleu Provence par MUNICIPALES_MARSEILLE
Guérini vs Gaudin (part2) par MUNICIPALES_MARSEILLE

A lire, voici le lien vers le blog du correspondant du Monde à Marseille, Michel SAMSON :

http://marseille2008.blog.lemonde.fr/

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Les commentaires (6)

  1. Merci Karine pour cette description du champs de bataille Marseillais. Ça nous change du parisianisme!
    J’ai un petit souci, les vidéos ne s’affichent pas…

  2. Problème de son : j’entends une radio sur le son des vidéos et tout est brouillé..

    Mais comme j’habite plus près de M

  3. ça merdouille aussi au niveau du postage…

    je finis ma phrase du post 4 :
    ..plus près de Marseille que de Paris, la voix de Gaudin me parvient directement de la Canebière…
    Il fait ce soir un mistral à décorner un taureau de Camargue, ce qui explique que les candidats ont besoin de parler haut et fort !!!

    Blague à part, il est temps que Gaudin aille se faire entendre ailleurs….
    Recyclé en vendeur de sardines..à la criée…???