LES SAGES-FEMMES DANS LA RUE

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TROIS ANS PLUS TARD

Près de 3000 professionnels et étudiants sages-femmes ont défilé à Paris dans la journée du 5 mai. Trois ans après leur dernière journée de mobilisation dans la capitale, les revendications n’ont pas changé. Une « universitarisation » de leur cursus qui, bien qu’il s’effectue en 5 ans, n’est toujours pas reconnu par un diplôme de niveau Master.

La grogne des sages-femmes n’est pas médiatisée et n’avait donné jusqu’ici, alors qu’elle dure depuis plus de trois ans, aucune réponse concrète. La problématique est pourtant simple comme l’expliquaient l’ONSSF (l’organisation nationale des syndicats de sages-femmes) et l’ANESF (l’association nationale des étudiants sages-femmes) dans un communiqué diffusé lundi 4 mai. « La filière sage-femme est la seule formation médicale non universitaire. Depuis des années, le champ de compétences des sages-femmes s’étend pour assurer les missions de santé publique. Dans la continuité de cette évolution, le parcours universitaire s’impose au même titre que les autres professions médicales ». En effet, le cursus est à l’heure actuelle « entre deux chaises ». Après une année d’étude en faculté de médecine, les étudiants sages-femmes bifurquent vers une école hospitalière pour les quatre années qui suivent. Au final, ces études ne sont pas ponctuées par un diplôme de niveau Master mais par une licence, soit un diplôme de niveau Bac + 3 pour 5 ans d’étude. Ce système, comme chacun l’aura compris, est complètement incohérent avec la réforme LMD (licence, master, doctorat). Mais il y a plus grave. Les sages-femmes, ne bénéficiant pas d’un diplôme de niveau Bac + 5, ne bénéficient pas non-plus de salaires qui correspondraient à cinq années d’étude.

Que demandent elles?

Aujourd’hui, les sages-femmes demandent une évolution de leur formation vers des « structures de formation cohérentes avec la profession et ses responsabilités ». Les deux organisations qui les représentent, l’ONSSF et l’ANESF, soulignent qu’une telle évolution a été proposée sous forme d’amendement dans le cadre de la loi HPST (hôpital, patients santé et territoires), mais qu’elle a été rejetée, d’après elles, en raison d’un manque d’implication des pouvoirs publics. Le projet d’amendement qui devait initialement être examiné par le sénat à partir du 11 mai, a finalement été adopté en commission, avec l’accord du gouvernement. Il prévoit que le diplôme d’Etat de sage-femme soit reconnu comme étant de niveau master.

19ème Journée internationale de la sage-femme

Après une action de sensibilisation menée à proximité du Panthéon, les étudiants et professionnels mobilisés ont pique-niqué avant d’entamer une marche qui les a portés jusqu’aux deux Ministères concernés : l’Enseignement Supérieur et la Santé.
Arrivée au Ministère de l’Enseignement supérieur, une délégation représentant l’ONSSF et l’ANESF a été reçue. Est ressorti de l’entretien que ce Ministère ne soutenait pas l’amendement, en tout cas pas dans sa première mouture, et qu’à ce stade, seul le Ministère de la Santé pouvait aider les sages-femmes.
Rebelote au Ministère de la Santé, mais la délégation est sortie avec de bien meilleures nouvelles. La Santé accepte l’amendement dans sa forme actuelle, le sénat l’a adopté, le tout en accord avec le gouvernement et le premier ministre qui aurait aidé les deux ministères à s’entendre.

Oui, mais…

Si après une nouvelle journée de mobilisation, les sages-femmes semblent avoir été entendues, elles ne disposent désormais que d’une demi-solution. Seules les écoles hospitalières (qui forment actuellement les sages-femmes) les plus avancées vers une formation universitaire pourront désormais offrir un diplôme de niveau Master (Bac + 5). Seule la moitié du chemin a donc été parcourue puisqu’il ne s’agit pas d’un Master mais d’un diplôme de niveau équivalent. De plus, il ne s’agit là que d’une possibilité et pas d’une obligation. Le problème risque donc de persister et surtout, les disparités qui existent déjà entre les écoles hospitalières risquent de se creuser. Pour l’heure, les sages-femmes s’estiment donc entendues, mais espèrent toujours une réelle refonte de leur cursus ainsi qu’une reconnaissance de leur profession comme profession médicale à part entière.

Antoine Sanchez

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Les commentaires (5)

  1. Reconnaitre les sages-femmes à bac+5 comme il devrait être fait , impilique que les medecins ne pourraont plus les traiter comme ils traitent les infirmières……Veulent-ils laisser filer les « poules aux oeufs d’or » que nous sommes?
    Plus de naissances dans la physiologie, donc moins de forceps, de césariennes …. mais comment vont-ils payer leur piscine ??????

  2. Une sage-femme que je connais bien pense exactement comme maman ours et quasiment dans les mêmes termes!!

  3. Je me suis toujours demandé comment des gens qui ont été des « crevettes » que les sages femmes ont aidé à atterrir, peuvent ne pas avoir la reconnaissance qu’elles méritent !
    J’en profite pour embrasser les sages femmes de la maternité de Pertuis (maternité en difficulté déjà à l’époque), qui ont été excellentes et ont respecté le type d’approche que nous souhaitions pour le petitou.
    Merci à elles et ne lâchez pas l’affaire !

  4. Courage mesdames, et respect pour votre engagement professionnel et humain !!

    C’est un des plus beaux métiers du monde, qui « mérite » beaucoup plus de reconnaissance..foi de maman !!