La Compassion et la Baston
Publié le | par La Rédac'
A priori, ça ne va pas ensemble. A priori seulement, selon David Manise. Ce colosse est le fondateur du centre d’Etudes et d’Enseignement des techniques de Survie. Il était de passage en région parisienne en décembre, à l’occasion d’une conférence. Habituellement, il est dans les montagnes, avec ses stagiaires, à creuser la neige pour dormir et à manger des écureuils. Alors on est allé s’instruire…
De la forêt au bars : l’apprentissage du combat
C’est au fin fond de la forêt québécoise que tout a commencé… C’est là que sont nés les germes de sa compassion, alors encore insoupçonnée. De sa cabane, il guettait le saumon et l’écureuil qu’il allait bientôt faire griller sur le feu qu’il venait de préparer. Puis il a quitté l’abri sylvestre de son enfance pour se retrouver videur quelques années plus tard dans des bars citadins, plus ou moins glauques. Un corps sculpté pour, semblait-il. Il savait se battre et cogner, et a « appris sur le tas à faire la différence entre les choses qui fonctionnent au dojo pour marquer des points, et les trucs qui nous sauvent la vie contre des gens plus forts, plus agressifs, plus violents, mieux armés ».
La violence fait partie de nous
Et il ne se cache pas d’en avoir parfois ressenti un certain plaisir. Car pour David, l’important, c’est de ne rien se cacher. La violence existe et elle fait partie de lui comme de tout un chacun. Mais si il était videur, ce n’était pas seulement pour le plaisir de se battre mais pour financer ses études d’anthropologie. Et de ces années il en a finalement surtout tiré, « à part quelques séquelles et quelques cicatrices, un profond amour pour le dialogue, la non-violence et la paix ». Bizarre… ?
Développer la compassion
De la baston à la compassion, c’est tout un chemin. David part de loin et le dit. Son objectif : faire grandir cette part de compassion qu’il a en lui et qu’il arrose avec soin. Savoir cogner quand c’est nécessaire oui, et se sentir capable de le faire pour ne pas avoir peur : « j’ai appris à sourire calmement sans pour autant baisser ma garde. J’ai aussi appris que parfois la seule façon d’en sortir sans bobo est de cogner le premier… » Mais savoir dialoguer avant tout et se mettre à la place de l’autre pour désamorcer les conflits. Parce qu’en fait, pour ce colosse qu’on aimerait ne pas se mettre à dos, le plus important, c’est les liens entre les gens, et la solidarité qu’on peut développer. En cas de crise, être prêt à être ensemble, et solidaires…
Journaliste : Christophe Tisseyre
Images : Flore Viénot
Montage : Mars Lefébure
Les commentaires (2)
La belle équipe, pour un très beau sujet…
Bravo pour cette conférence, merci de plaider pour une cause qui pourrait sembler perdue, le vivre ensemble, la tolérance dans la confiance.