POLLUTION A PÉKIN: DES JO DANGEREUX?

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L’environnement devient la priorité du gouvernement chinois pour les J.O. de Pékin
Le président du Comité International Olympique, Jacques Rogge, a rappelé que la pollution de Pékin demeure la principale préoccupation des organisateurs de l’événement. En cas de pics de pollution, les épreuves d’endurance pourraient même être reportées pour ne pas compromettre la santé des athlètes ! Ce qui pourrait du même coup entacher l’image de la Chine que le pays tente désespérément d’améliorer.

Il faut savoir qu’il est très difficile de se procurer des images sur les affaires internes à la Chine. Exceptées les images officielles ou celles filtrées par la censure (nous montrant évidemment le pays et sa capitale sous son meilleurs jour), aucune vidéo amateur sur le sujet ne circule sur Dailymotion ou Youtube par exemple, la censure des autorités chinoises est efficace sur Internet. De même, tout les chinois que nous avons pu rencontrer à Paris n’ont pas voulu évoquer ce problème devant une caméra…
Cette vidéo est donc un reportage tiré d’un JT de France 2, signé par le correspondant, Pascal Golomer.

Chine environnement – Ma-Tvideo France2

La ville qui accueillera les jeux l’année prochaine se veut la vitrine d’un pays dont la croissance ne descend pas en dessous de 8%.

La consommation en énergie ne cesse d’augmenter, et le charbon, une des sources les plus polluantes représente 70% des combustibles utilisés pour la production totale d’énergie en Chine, où on le trouve en grande quantité et à bas prix. Un complexe sidérurgique important est d’ailleurs situé à proximité de Pékin.

Il y a encore dix ans, peu de véhicules à moteurs, hormis celles de la police et quelques taxis, étaient en circulation dans les rues de la capitale. Aujourd’hui à Pékin (15 millions d’habitants), la nouvelle bourgeoisie a accès aux 4×4 et aux berlines, ainsi plus de 2 millions de voitures y circulent chaque jour rejetant des quantités alarmantes de dioxyde d’azote.

Pékin est aussi une ville en chantier permanent (+ de 100 millions de m2). Loger les classes aisées est même devenu une priorité. Ainsi chaque année on peut y voir pousser des centaines d’immeubles de plus de 30 étages… Oui mais voilà, les constructions engendrent une autre pollution, sous forme de particules en suspension, et qui, étant respirées par l’homme, se trouve être très nocives pour la santé.
Et ce n’est pas fini, l’apparition d’importantes tempêtes de sable venant des plaines désertiques du nord et de l’ouest générant d’épais brouillards sur la ville, accroît la concentration dans l’air de particules, freinant de ce fait l’évacuation des polluants.
Ainsi en avril 2005, le niveau 5 de pollution (le plus élevé) a été dépassé avec plus de 300 microgr./m3/h de particules fines dans l’air, alors que la valeur à ne pas dépasser selon les normes européennes est définie à 50 microgr./m3 sur la journée ! Les enfants et les vieilles personnes avaient d’ailleurs été invité à éviter les activités en plein air. Pékin ça craint !

Ce que les autorités chinoises ne disent pas (ou plutôt ne veulent pas dire), c’est que les problèmes liées à la pollution ont un coût énorme. D’abord il y a le coût humain : 750.000 Chinois mourraient prématurément de la pollution de l’air chaque année! Du côté financier, les pertes économiques dues à la dégradation de l’environnement se chiffreraient à 512 milliards de Yuans (soit 51 milliards d’Euros). Mais ces informations ne sont pas reconnues par les autorités, elles sont tirées d’une étude menée par l’Administration d’Etat de la protection de l’environnement (SEPA) qui a tout simplement été censurée cet été… Craignant une « agitation sociale », le ministère de la santé ainsi que la SEPA (auteur du rapport) ont décidé de ne pas communiquer ces chiffres. En 2004 déjà, il avait déjà été rapporté que les pertes économiques liées à la pollution représentaient plus de 10% du PIB national.

Si la publication de ce type d’étude est aujourd’hui tabou, une certaine prise de conscience s’est tout de même opérée au sein du gouvernement chinois. En 2005 déjà, le courageux vice-ministre de l’environnement, Pan Yue, avait tiré la sonnette d’alarme, notamment en montrant du doigt les entreprises les plus polluantes. Mais c’est cette année que le thème est entré véritablement au cœur de la polémique. Est-ce l’effet Jeux Olympiques, un réel intérêt pour l’écologie (et accessoirement pour la santé de dizaines de millions de personnes), ou plus prosaïquement des préoccupations économiques? En tout cas, lors du discours d’ouverture de la session annuelle de l’assemblée nationale populaire, le premier ministre, Wen JiaBao, a mis l’accent sur les conséquences qu’une croissance non maîtrisée auraient de catastrophique sur l’environnement. Celui-ci se rend d’ailleurs régulièrement sur les chantiers olympiques de Pékin afin de constater l’avancement des travaux.
En lançant le plan « Pékin ciel bleu », la ville a déjà déboursé 12 milliards de Yuans (1,2 milliards d’Euros) en 2007 en faveur de l’écologie.
Appelé en chinois « mesures urgentes contre la pollution atmosphérique » et amorcé en 2003, ce plan n’a été réellement mis en place que depuis 2 ans : modernisation des fourneaux et des chaudières, retrait de la circulation de véhicules polluants, reboisement de milliers d’hectares, conversion d’une partie des bus de la ville au gaz, mise aux normes ou arrêt de production des industries polluantes en zone urbaine.

Des rapports quotidiens sur la pollution de l’air sont effectués : le chiffre de 241 jours de ciel bleu a été atteint en 2006. Pour autant, le mois dernier, Pékin a vécu 15 jours très médiocres en terme de qualité de l’air, soit le pire taux depuis 2000, selon l’agence officielle qui cite les chiffres fournis par le service environnement de la municipalité de Pékin.
En comparaison, seules six journées de ce type avaient été comptabilisées en juin 2006.
Faute de source chinoise, voici une vidéo extraite d’un JT de TF1.

Afin de résoudre ce problème, la ville de Pékin a déclenché les grands moyens. Tous les chantiers urbains seront suspendus pendant les JO. Les voitures étant les premières responsables de la pollution, un plan de circulation alternée a été décrété.
Le principe est simple : permettre l’utilisation des véhicules selon le numéro de plaque d’immatriculation, pair ou impair du propriétaire. Plus d’un million de voitures se sont ainsi vus interdire l’accès à la ville de Pékin le premier jour, 6.500 policiers ont été mobilisés pour l’expérience. Autant dire que le test n’a pas fait que des heureux, car les amendes ont volé ! Les « malheureux automobilistes » ont donc, pour la plupart, été contraints d’employer les transports en commun (2 millions de voyageurs supplémentaires étaient attendus), et certains ont même ressorti leur vélo du garage !
Les résultats, quant à eux, tardent à être commenté par les autorités chinoises… La circulation a effectivement été plus fluide durant quatre jours mais la visibilité due à la pollution est restée faible et le ciel était nettement moins bleu que la semaine précédente quand les automobiles étaient pourtant plus nombreuses.
Il se pourrait tout de même que l’opération soit réitérée pendant les Jeux en Août prochain.

La qualité de l’air à Pékin, qui est l’une des plus mauvaises du monde, constitue l’une des principales préoccupations des quelque 10.000 athlètes, qui viendront disputer les Jeux du 8 au 24 août 2008. Certains d’entre eux, à l’instar des délégations anglaise et australienne, prévoient d’ailleurs d’arriver sur place au dernier moment afin de pouvoir se préparer dans de meilleurs conditions, et ainsi éviter le plus longtemps possible l’air irrespirable de la capitale chinoise.

Quentin d’Hainaut

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Les commentaires (5)

  1. Il y a clairement une censure des autorites chinoises sur le reel etat de la pollution a Beijing. Meme si des progres sont apparus depuis 2 ans dans la maniere d’informer la population, la realite reste encore tres noire ou plutot grise, couleur quotidienne du ciel de Beijing (usine, automobile, industrie du Hebei et les vents de sables naturels). Merci pour cet article extremement utile !
    (Ich bin ein Beijinger)

  2. Article particulièrement bien écrit ?!
    Voire…
    Il faudrait peut-être rappeler que les chinois rejettent 4 fois mois de CO2 par habitant que nous autres européens éveillés !
    Revoir le film d’Al Gore sur le normes de pollution des bagnoles très avant-gardistes (!) en Californie dont les plans prévoient d’être au même niveau de consommation de pétrole que les chinois aujourd’hui d’ici à 2011 !!!
    Alors arrêtons de fustiger sans cesse la Chine et mettons nous tous au boulot !

  3. les informations sont a Nuancer, je suis bien d’accord, mais encore une fois, pas possible de comparer le rejet de CO2 par habitant avec l’Europe. Les chinois sont en effet regroupes sur la cote est et l’ouest n’est pas très développé. Parler de la pollution dans les grandes villes est au centre du débat. C’est en effet a Pékin que se déroulent les jeux olympiques et dans les villes a l’est que la majorité des gens vivent.

  4. tout le monde parle des jo mais le marathon de pekin en octobre , qu’en est il ? car la le gouvernement ne fer aps effort d’arreter certaines usines et bloquer la circulation alors on peut penser au pire , chaque année des personnes meurent après ce marathon et on en entend pas parler …..