ELOÏSE NOUS ÉCRIT PENDANT LA CRISE

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SOUVENEZ-VOUS

(pour les fidèles de LaTéléLibre)

La saison dernière Eloïse nous racontait son point de vue sur la vie et sur l’actualité dans « les petites crises d’Eloïse ».

14/04/08 Chronique d’un jour ordinaire

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La Radio Libre était tombée en panne. Depuis, Eloïse a fait une petite fille, et nous n’avions pas de nouvelles. En voici, écrites dans son joli style direct, vif et personnel. On croirait l’entendre…

Salut à Tous!

Ben voilà le plus beau jour de ma vie est derrière moi, celui où mon petit être à moi a posé délicatement sa tête contre mon sein et ou son papa lui a souhaité la bienvenue…
LE 31 juillet 2008….ou étiez vous vous ? Moi, j’hurlais de douleur et puis de joie, de soulagement et d’amour…
J’ai fait mon égoïste pour une des premières fois…la troisième guerre mondiale aurait bien pu éclater..peu m’importait, je donnais la vie…
Je vais à contre sens n’est ce pas de ce blues ambiant, de ce désespoir affiché…Moi je clame haut et fort, «  oui à la vie » et j’y crois tellement que mon slogan se nomme Capucine…
Oui, je vois ces mines grisées par le manque d’argent, par les craintes sur l’avenir…et moi je me marre face aux sourires de mon petit ange…Et là, je me sens déconnectée…Je culpabilise presque…Mais je me dis, on pourrait bien me voler mon travail, me prendre mon argent, mon trésor à moi vient de téter de mon lait…Et là, je me dis, merde, Elo, tu perds ta verve, tes convictions, tes batailles…Non, juste une petite pause, juste un moment de silence…Juste un petit moment de répit avant de replonger dans les combats sociaux, humains et tout le reste…
Mais, j’avoue, avec le recul, c’est assez drôle, et assez inintéressant la politique…je n’ai plus allumé la télé…mais parfois j’entends les extraits de débat…Et je me dis «  ben de toutes façons, ils pensent tous avoir raison…ils parlent et pendant ce temps… »
La crise économique est planétaire et je découvre certains peuples africains se nourrir de boue, je rencontre ma voisine boulangère qui déclare mettre le mois prochain la cle sous la porte…Les points chauds auront eu raison de sa petite boutique artisanale…Je vais chercher mon panier bio et on me dit qu’on l’augmente de trois euros…Je me marre devant ceux qui boursicotent, j’entrevois chez eux une poussée de cheveux blancs…
Capucine arrive ses mains et là mes yeux s’écarquillent, yes, ma fille ! et ce petit geste dérisoire, cette petite avancée à elle, à nous me fait oublier que depuis quelques semaines le monde tourne en diagonale…
Elle se retourne sur le dos, et son père en aurait les larmes aux yeux…on en oublie que ce mois ci, nous avons perdu Guillaume Depardieu, Sœur Emmanuelle, un petit Antoine, qu’un enfant est mort à forcé d’avoir été martyrisé…Non, en fait, on n’oublie pas, mais on glisse dessus, on s’arrête quelques secondes, on continue à lire le Nouvel Obs et le journal, à écouter France Inter, mais on n’en pleure plus de toutes ces mauvaises nouvelles…On se dit que Barack Obama n’y pourra rien changer, qu’il faut attendre, on se voit éprise d’optimisme à toute épreuve…la crise n’est qu’un passage avant le renouveau, suffit d’être patient…
Et puis, parfois, on s’assoit,  on regarde ce petit être s’endormir confiant, et on se demande dans quel pétrin on l’a mis, si cette terre subviendra à ses besoins, si elle ne mourra pas d’asphyxie…On se dit qu’en donnant la vie, on donne la mort, que notre petit être est mortel, qu’il souffrira à cause de ses compatriotes, on souhaite qu’il devienne vieux, et on se dit qu’on ne sera plus là pour voir tout ca…L’optimisme s’effondre…et l’avenir de notre enfant, y’avait on pensé ?…alors, pendant la sieste de notre petit bout de chou, ben, on se remet à râler après un gouvernement inutile, une opposition absente…Et on s’acharne à en pleurer, pour cacher des larmes, des vraies, les larmes d’amour…

Eloïse Lebourg

POUR RETROUVER SUR LTL TOUTES LES PETITES CRISES D’ÉLOÏSE

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Les commentaires (9)

  1. YES !!! Enfin des nouvelles d’Eloïse. De mon Eloïse ! C’est mon Eloïse à moi que j’aime d’amour ! J’ai dévoré sa lettre, et comme l’a dit la présentation, j’entendais l’objet de mon amour lires les mots en même temps que moi ! C’est kiffant ! C’est flippant aussi…
    Non, sans blague, j’suis vraiment ravi pour elle et je souhaite la bienvenue dans ce monde (de merde) à la petite Capucine. Je suis sûr qu’elle gazouille déjà aussi bien que sa mère !
    Félicitation ma chère Eloïse et j’espère qu’à défaut de t’entendre, on pourra te lire sur la TéléLibre ! Une petite rubrique rien que pour toi, c’est pas une bonne idée ça ?

  2. Eloïse, ton petit mot m’enchante …comme ta Capucine t’enchante ! Elle est le monde tout entier. et plus ! apprécie ces instants si denses . l’autre monde attendra bien! il tourne en rond, tu n’auras qu’à sauter sur le manège !
    une fée malicieuse m’a dit que cette Capucine est de l’espèce grimpante !!! tu vas t’en apercevoir bientôt !

  3. Héloïse …chère et tendre Héloïse.. quel retour !

    En ces quelques mots,tu résumes le monde :
    celui qui tourne au vinaigre, qui nous pique à la gorge et fait pleurer les yeux parfois.
    et tout en dedans, il y a nos bulles d’amour, bien protégées, intouchables, imperméables…

    pour ne pas sombrer dans le côté obscur de la réalité et croire encore que ce monde nous mérite!

  4. Et oui ma Pitchoune !!!!! quand on est maman on voit les choses différemment !!! J’admire toujours ton expression écrite !!!! on attend ta prochaine chronique !!!

  5. Pour nous les gars, mais pour les filles aussi je suppose, ce que change assez généralement la paternité ce sont surtout ces nouvelles bouffées d’empathie que l’on ressent à la vue de la souffrance d’autres enfants qui glissaient largement sur nous jusque là, et c’est une nouvelle connexion avec les autres adultes. Alors ne te mortifie pas de cette pause, de ce repli aux allures un peu égoïstes, tu en deviendras encore plus combative, j’en suis sûr.

    Bienvenue Capucine, et quel que soit et devienne ce monde ne lâche rien.

  6. Salut,

    Je viens aux nouvelles ma chère Eloïse. Comment se porte ta petite famille ? Ecris-moi ce que tu deviens, ça me ferai plaisir.
    Bises