Les Marques Occidentales, Mises en Cause au Bangladesh

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Mercredi 24 avril 2013, un immeuble de confection textile s’effondre à Dacca, au Bangladesh. 376 ouvriers sont décédés et 900 autres sont portés disparus. Les ateliers de confections situés dans ce quartier, surnommé « le triangle de feu » à cause des incendies à répétition, comptaient parmi leurs clients de célèbres marques occidentales : Benetton, Mango, H&M, Primark, la marque TEX du groupe Carrefour…

 

Cette tragédie est la plus meurtrière que le Bangladesh est jamais connue, mais elle fait suite à de nombreux autres accidents. Poussées par le scandale, certaines marques proposent d’indemniser les victimes, tandis que d’autres gardent le silence. Mais prennent-elles conscience de leur responsabilité dans ces incidents tragiques ? 

Une législation du travail inexistante ?

L’industrie de l’habillement, qui produit 80% des exportations du Bangladesh, est particulièrement dangereuse pour la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses. Depuis 2005, ce sont plus de 700 ouvriers qui ont péris dans des accidents, des incendies, des effondrements d’immeubles, ou des explosions. On ne compte même plus les blessés !

La plupart sont dus à des négligences, voire à une absence de réglementation en matière de sécurité, et de législation du travail. Les ouvriers de ces usines sont majoritairement des femmes. Elles travaillent pour moins de 40 dollars par mois, de 8H à 20H, six à sept jours sur sept.

En novembre 2012, un fait divers avait déjà interpellé l’attention des médias… Un incendie avait fait 111 morts dans le même quartier. Selon les rescapés, leurs responsables leur avaient interdit de quitter les lieux, en affirmant qu’il s’agissait d’un simple exercice d’alerte incendie. Drame similaire à Dacca, les ouvriers de l’usine affirment avoir prévenus leurs responsables de la présence de fissures dans le bâtiment. Les patrons ont refusé d’évacuer les lieux, condamnant à mort leurs salariés.

Emergence de mouvements sociaux…

Deux jours après l’effondrement de l’immeuble, de violentes manifestations ont éclatées dans les rues de Dacca. Les manifestants révoltés, n’ont pas hésité à attaquer des usines, renverser des voitures, brûler des pneus en pleine rue, mais surtout obliger des usines à fermer. Ils exigent l’arrestation, et l’exécution des propriétaires des ateliers et du bâtiment qui s’est effondré. En réponse, la police a tiré des balles en caoutchouc, et des gaz lacrymogènes. Dimanche, le propriétaire  de l’immeuble a enfin été arrêté. Pourtant, l’opinion publique s’embrase. De multiples appels à boycotter les marques occidentales fabriquant au Bangladesh, émergent aux Etats-Unis, et en Europe. Gap est la cible prioritaire des associations. En effet, la marque avait refusé, en 2012, de signer un accord de sécurité et de prévention des incendies avec des associations, ONG bangladaises et internationales.

Pétitions, menaces de boycott…

En 2010, la marque Tommy Hilfiger avait été mise en cause lors d’un incendie qui avait fait 29 morts au Bangladesh. Depuis, dans les ateliers fabriquant les vêtements de cette marque, un ouvrier a trouvé la mort dans un monte-charge, après qu’un câble eut cédé. Tandis que deux autres ont trouvés la mort, écrasés par une chaudière qui a pris feu dans un autre atelier. Là encore, les issues avaient été cadenassées par les responsables des employés. Pourtant, aucune action ne semble avoir de prise sur les engagements de ces marques. La société Wallmart, propriétaire de l’une des sociétés, Ethertex, présente dans l’immeuble effondrée, avait depuis longtemps exposé aux médias son envie de prendre des mesures drastiques en matière de sécurité. L’entreprise avait mis en avant la nécessité de rénover les ateliers textiles, mais également son coût, « il n’est pas possible pour les marques de faire de tels investissements », avait déclaré à l’époque le représentant de Wallmart. A noter le chiffre d’affaire annuel de l’entreprise : 17 milliards d’euros.

Jade Serrano et Julie Chenini

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