[Hollandie] Panoptique, nous voilà !

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Contre-attaque en règle de la NSA : les centaines de millions de communications privées écoutées en Europe ont été transmises par les alliés de l’OTAN. Brèfle, les gouvernements européens (et non des moindres) ont mis sur écoute leurs populations et ont transmis celles-ci aux USA.
Ou comment se retrouvent conjugués les prophéties d’Orwell et le paradigme foucaldien.

 

Depuis les révélations de Snowden, chacun des belligérants mis en cause se renvoie la balle sans fibre optique interposée. Pourtant tous ont quelque chose à se reprocher.

Aussi le Parlement européen a publié un rapport qui remet sérieusement en question la réalité de la nature démocratique de certains pays européens, notamment la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Suède et les Pays-Bas. Un rapport qui ne peut laisser indifférents les citoyens qui en prendraient connaissance ! Le Parlement relève que ces cinq pays se sont livrés à des écoutes massives à l’encontre de leurs propres populations.

 

« Les objectifs et l’ampleur de la surveillance mise en place sont précisément au cœur de ce qui différencie les régimes démocratiques des États policiers »

 

Sans langue de bois

Un constat accablant. Mais comment le définir autrement ?

Pour les rédacteurs, l’atteinte portée aux principes de base de la démocratie par les programmes de surveillance mis en place par des États membres de l’Union Européenne ne fait aucun doute : « d’un point de vue légal, les programmes de surveillance des populations européennes sont incompatibles avec les règles démocratiques de base, et compromettent la préservation des Droits de l’Homme pour les citoyens européens et ceux qui résident sur le continent ».

Vous restez sceptiques ?

Plus loin encore : « les programmes de surveillance au sein de l’Europe sont incompatibles avec les règles de base de la démocratie et du droit, qui sont le fondement de la charte des Droits Fondamentaux européens et de la Convention Européenne des Droits de l’Homme ».

Ce rapport dénonce par ailleurs les stratégies mises en place par les différents services de renseignement et destinées à contrer toute critique. Il dénonce le fait qu’il « n’existe aucune raison de croire que la surveillance mise en place […] n’est destinée qu’à lutter contre le terrorisme ou à contrer des menaces extérieures. Bien au contraire, il apparait au regard des informations à notre disposition que les données collectées par ces programmes sont utilisée à des fins bien plus variées » ; « la distinction entre des écoutes ciblées à des fins d’investigations criminelles, qui peuvent être légitimes si elles sont encadrées par la loi, et une surveillance de masse dont l’objectif reste incertain est de plus en plus flou. C’est l’objectif et l’aspect massif de cette surveillance qui est précisément au cœur de ce qui distingue un régime démocratique d’un Etat policier ».

De quoi affecter directement les citoyens quant aux capacités des institutions européennes à défendre les droits de ses ressortissants. Et porter un coup sévère à la confiance des citoyens envers leur pays respectif.

Le rapport parlementaire lui même n’hésite pas à qualifier de trahison la position de certains États membres.

Révélations ad nauseam

C’est le Wall Street Journal lui-même qui écrivait que les millions de communications récoltées en France, en Espagne ou en Italie l’avaient été par les services de renseignement de ces pays.

Voilà confirmée la collaboration étroite entre la France et les États-Unis, basée sur la position stratégique de la France dans l’architecture globale des réseaux connectant le continent Africain au reste du monde, et dont une bonne partie aboutissent (et sont écoutés) en France. C’est sous le doux nom de « projet Lustre » (un protocole d’échange de données établi par la  DGSE avec les États-Unis) qu’un tel accord aurait été signé fin 2011, comme le révèlent les derniers documents de Snowden apparus tout dernièrement dans la presse allemande.

Car il faut avouer que la France bénéficie d’un positionnement stratégique en matière de transport de données électroniques. Les câbles sous-marins par lesquels transitent la plupart des données provenant d’Afrique et d’Afghanistan atterrissent à Marseille (Côte d’Azur) et à Penmarc’h (Bretagne).

En clair, la France a mis en place une infrastructure dévolue au DPI (Deep Packet Inspection), délocalise ses écoutes et siphonne les données circulant sur les câbles sous-marins (backbones) posés par Alcatel Submarine Networks ou Orange Marine.

Une entreprise stratégique

Comment la France a-t-elle pu se retrouver en mesure de discuter d’égal à égal avec les USA sur un programme de surveillance globale des populations ? Certes, la position des USA dans le trafic mondial sur l’Internet est prégnante. Et le constat fait par la NSA est simple : une énorme partie du trafic Internet mondial passe par les USA, et place ces derniers dans une position privilégiée pour écouter tout le monde.

Tout le monde ? Pas totalement. Le continent Africain échappe en grande partie aux grandes oreilles Américaines (seulement 11Gb de trafic)… Mais pas à celles des services français (343Gb, ou presque), mettant ainsi le pays des Droits de l’Homme dans une position unique pour intégrer le club fermé, aux cotés d’Israël, des grandes trompes d’Eustache de la société de surveillance qui s’installe.

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A ce titre, Alcatel est une pièce maîtresse (et n’est pas sans intéresser les États-Unis dans leur course à l’actionnariat, d’un point de vue géo-économico-politico-stratégique !…). Alcatel Lucent est une entreprise française qui possède une filiale essentielle pour la surveillance : Alactel Submarine Networks. Filiale qui pose les câbles sous-marins composant la colonne vertébrale d’Internet. Depuis le début du scandale Amesys (écoutes de masse en Libye, au Maroc, etc.), tout laisse à penser que la France fait, à son niveau, exactement ce que fait la NSA. C’est à dire écouter le trafic qui circule dans ces câbles grâce au DPI, comme savent le faire Amesys, Qosmos, EADS et quelques autres pointures technologiques.

 

Brèfle. La France a bien migré d’une démocratie à un État policier en pratiquant l’écoute de masse. Et si même un membre de la délégation parlementaire européenne du renseignement peut l’affirmer ouvertement, il est clair que la représentation parlementaire française prend ses électeurs nationaux pour des imbéciles en affirmant le contraire !?

Adieu donc démocratie. Vive l’État policier !

 Lurinas

Sources

 

reflets.info

 

Liens supplémentaires

 

Demain, tous suspects !

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