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L’Art de Débattre

Publié le | par

[CHANTIERS DÉMOCRATIQUES] Oser prendre la parole pour partager ses idées, et savoir écouter les idées des autres pour aller plus loin : pas simple ! Alors autant l’apprendre tôt. Les élèves d’une classe de 6ème du collège Gérard Philippe dans le 18ème arrondissement de Paris n’auront pas attendu d’être vieux. Championnat de débat, première édition !

debat

« Ils ont rebondi sur les propos : oui. Ils ont attaqué les propos et non pas la personne : oui. Posture physique : bonne ». Divin évalue la prestation de l’équipe 1. Face à leurs adversaires de l’équipe 2, ils ont donc bien débattu ! Et selon les critères d’évaluation construits par les élèves avec leurs formateurs.

Dans le collège Gérard Philippe du 18eme arrondissement de Paris, une équipe de professeurs de Français, d’Histoire géographie et d’éducation civique ont lancé le premier championnat de débat, accompagnés par l’association CapaCités . Pendant 6 semaines à raison d’une matinée par semaine, les élèves d’une classe de 6eme ont ainsi réfléchi à ce que signifiait débattre, et ont expérimenté, en allant « chercher des sources froides et des sources chaudes pour trouver nos arguments », explique une élève, puis « en s’exerçant, sur les trois thèmes qu’on a travaillé », complète un autre  : pour ou contre le portable à l’école, pour ou contre les voiture en ville, pour ou contre la participation des élèves à l’entretien du collège. En vue : le championnat où les élèves ont débattu devant les parents (le 13 juin 2017).

« notre démocratie souffre d’une incapacité à débattre », Philippe Merlant

En 6 semaines, toute la classe a ainsi pu sentir l’importance de l’exigence démocratique du débat : qu’il ne soit ni une joute, ni un déferlement d’égos. Une importance souvent dénigrée : « notre démocratie souffre d’une incapacité à débattre », déplore Philippe Merlant. Car les débats auxquels nous sommes habitués n’ont de « débat » que le nom : « ce sont des joutes ». Que les jeunes de la 6eme 1 aiment regarder. « Il y a une fascination pour les débats télé, mais dès qu’on leur demande s’ils les trouvent intéressants, ils répondent non », nuance Philippe. Pour l’équipe éducative du collège, l’enjeu alors est de leur montrer « qu’on peut faire un débat de grande qualité démocratique, et qui ne soit pas ennuyeux ».

Pas évident, mais nécessaire, car débattre, c’est apprendre à « voir le monde du point de vue de la différence » (Alain Badiou), et comprendre qu’elle est nécessaire pour avancer. Le débat, « c’est le sens de la politique en fait ! », complète Philippe. C’est « construire de l’intérêt général en partant du principe que les différences de points de vue, c’est important, et que le désaccord est intéressant ». C’est en ce sens que les élèves, par tirage au sort, ont joué successivement tous les rôles : débatteurs, animateurs du débat et membres du jury, afin qu’ils puissent « expérimenter des rôles (donc des postures) différents », et ainsi « enrichir leur point de vue« .

Filles et garçons : une prise de parole différenciée

En parlant de différences, reste un problème récurrent qui n’épargne pas la classe de 6eme 1 : celui de la question du genre. Comme partout ailleurs, dans cette classe de 6eme du collège parisien, les filles parlent moins fort que les garçons, prennent moins la parole, et lorsqu’elles la prennent, elles parlent moins longtemps. Un problème que l’équipe éducative prend à bras le corps. Sarah Piacentino, architecte de l’association CapaCités, met les les pieds dans le plat en aparté avec un petit groupe de filles :

« – Les garçons prennent toute la place, vous ne trouvez pas les filles ? Pourquoi vous ne parlez pas vous ?
– Je préfère écouter 
», dit l’une, quand les autres ne répondent pas.

Pendant ce temps là, les garçons déballent tous leurs arguments de l’autre côté de la classe. « Si vous n’essayez pas vous allez être larguées pour le championnat ! , continue Sarah, et vous allez être obligées d’y passer, alors mieux vaut rater maintenant ! Aller les filles ! ».

Apprendre l’exigence dans le plaisir

Un problème découvert, nommé et effleuré ici. Mais le jour du championnat, les filles sont plus volontaires. Face au stress et aux regards des parents, les rôles s’équilibrent. Et ce sont à des débats de qualité que les familles ont affaire. « Faire avancer la réflexion », c’est le but du débat tels que les élèves l’ont appris. Une première expérience réussie donc. « J’ai le sentiment que beaucoup ont changé », confie Philippe. « Ils ont progressé dans l’attention qu’ils portent », complète-t-il. « Il sont été très investis dans leur rôle et ils ont adopté un langage qu’ils n’ont pas habituellement », continue la professeur d’Histoire. En d’autres terme, « les très bon ont excellé, et ceux qui ont le plus de difficultés ont fait d’énormes progrès ». Et à la professeur de conclure : « ils s’amusent et ne sont pas contraints. L’envie, c’est le meilleur moyen pour apprendre ».

Alors, dans le désir, l’amusement et le sérieux de la qualité démocratique, l’année prochaine le championnat dépassera les frontières de la classe de 6eme 1 : le débat s’installera dans toutes les classes du collège, et dans plusieurs collèges parisiens, pour un grand championnat final inter collèges. Un rendez-vous démocratique inédit !

Journaliste, image, montage : Flore Viénot
images : Salomé Mesdésirs
Journaliste : Ndeye Samb

Des Liens

Association CapaCités

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Les commentaires (6)

  1. Bonjour.
    Encore merci pour votre boulot, qui nous sert parfois de caisse à outils…
    dans ce cas précisemment, on parle de six semaines de préparation pour le « championnat » de débat. Serait il possible d’avoir accès aux supports préparés en amont pour tenter l’expérience ici, au fin fond de la ruralité muette?

  2. Bravo pour le reportage. Bravo pour l’initiative de cette formation.

    J’espère que mes enfants auront la chance de suivre de tels programmes.

  3. Bonjour,
    Vous pouvez joindre directement l’association CapaCité, leur contact est ici http://capacites.net/contact
    Ils pourront certainement partager leurs outils et peut être vous indiquer des acteurs du côté de votre ruralité muette :)

  4. « aller les filles »!!! « allez » plutôt non? Certains considèrent que ce n’est qu’un détail… Dommage…

  5. Je ne sais pas comment est la situation actuelle dans les écoles, mais il est certain qu’il faut habituer les enfants à s’exprimer et à débattre, sans quoi la démocratie va toucher le fond.
    La différence est ce qui fait la richesse et permettre aux enfants de s’exprimer ne peut que les faire aller vers le haut.
    J’ai personnellement souffert du manque de débats et d’echanges durant mes deux dernieres annees de lycees.