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Nous Sommes Français

Publié le | par

[REDIFF] Je suis Charlie, juif, flic, musulman, catho ou athée. Ce dimanche 11 janvier, les quatre ou cinq millions de marcheurs à travers la France se sont sentis… ensemble. Une espèce de communion inédite, fraternelle et laïque, à la mesure de l’angoisse et du désarroi vécus depuis le mardi 7 janvier. Il reste cependant du travail pour réunir tous les Français.

PREMIÈRE DIFFUSION : 18 JANVIER 2015

En roulant sur le périph’ avec mon scooter, j’ai trouvé ça un peu trop. Sur les panneaux lumineux qui d’habitude annoncent les bouchons ou les risques de pollution, ils avaient écrit « NOUS SOMMES CHARLIE ! »  Le long de la Porte de Versailles, les panneaux publicitaires, pareil : « NOUS SOMMES CHARLIE. » En entrant dans Paris, les pubs lumineuses Decaux avaient également été transformées en « NOUS SOMMES CHARLIE, » écrit en blanc sur fond noir. A quoi allait ressembler cette « marche républicaine » organisée à l’appel du gouvernement, avec à sa tête le Président de la République et 50 chefs d’Etat ou de gouvernement ?! Vendredi à LaTéléLibre on avait blagué : « selon la police », cette fois il y aura bien 2 millions de manifestants ! La plupart d’entre nous avait décidé de participer, mais certains hésitaient à venir, par peur d’une agression terroriste. D’autres étaient déjà gênés par cet « unanimisme de façade », ou même cette « récupération politique. » Et lundi, il se passe quoi ?… Moi, j’’avais rendez-vous avec Flore et Jules pour vous raconter cet évènement qu’on annonçait historique. Si possible, nous devions retrouver dans la foule Djigui et Samba, deux reporters citoyens qui tournaient eux aussi, avec Sabah. J’ai garé la moto en bas de la rue du Faubourg Saint-Antoine, à 100 mètres de République, j’avais plus d’une heure d’avance sur l’horaire de la manif. Deux marées humaines déboulaient déjà de Belleville et le long des berges du Canal Saint-Martin. Notre reportage commence là. Ce qui m’a le plus frappé à ce moment là, c’est le silence de cette foule qui descendait des faubourgs, la gravité de leurs regards, la fierté de leur démarche. La Place de la République était déjà pleine à craquer, et tous les boulevards alentour formaient une araignée humaine vivante et grave.

La Famille Républicaine

Pour une fois, nous nous sommes retrouvés ensemble. À travers la solidarité avec les victimes des attentats, les journalistes, les policiers et les juifs qui étaient directement visés, et les « civils » qui se trouvaient sur le passage des assassins ; à travers la défense de la liberté d’expression, nous avons formé ce jour-là, mais aussi la veille dans d’autres villes de France, ce qu’on pourrait nommer la famille républicaine. Ce 11 janvier dans les rues de Paris, nous ne célébrions pas une victoire sportive, nous ne nous élevions pas contre un projet du gouvernement, nous voulions marcher ensemble pour nous retrouver, parce que nous avons de la peine, et parce que nous voulions partager des valeurs communes. Longtemps abandonnés à l’extrême droite, les symboles de la République étaient présents. Quelques drapeaux bleu-blanc-rouge, les devises de nos mairies, le principe de laïcité, des Marseillaises entonnées avec calme et recueillement, c’était comme une cérémonie laïque. Nous en avions besoin.

Une famille incomplète, encore à rassembler

Et puis, arrivés Boulevard Beaumarchais, les retrouvailles avec les Reporters Citoyens nous ont rappelé à la complexité de la réalité française. Si la majorité des Français était bien dans la rue, une minorité d’entre nous était encore (presque) invisible. Nos deux camarades sont dans le cortège pour réaliser un reportage, ils suivent les quelques habitants de Grigny qui sont venus en car pour manifester. « Je ne suis pas Charlie » nous dit Samba, « je trouve qu’on ne peut pas rire de tout » affirme Djigui, tous deux originaires de la ville de Grigny, où a grandi Amedy Coulibaly. Ils le connaissaient de vue. Dans la cité de la Grande Borne la rumeur disait depuis quelques temps qu’Amedy s’était isolé, qu’il était en train de déraper. Nos deux amis condamnent ses actes ignobles sur la policière de Montrouge et les juifs du supermarché de la Porte de Vincennes, mais ils ne peuvent s’empêcher de penser que, quoiqu’ils fassent, quoique qu’ils disent, ils vont eux aussi en payer le prix. Depuis qu’ils sont tout petits ils constatent que « si tu es noir, ou musulman, ou de la Grand Borne, ou pire, les trois à la fois, tu n’est pas considéré comme les autres Français». Tant qu’ils auront ce sentiment, tant qu’une partie des Français aura ce regard sur eux, nous ne pourrons nous retrouver. Ce qui est bien, c’est qu’avec Djigui, Samba et la vingtaine d’autres Reporters Citoyens de Grigny, Viry-Châtillon, Créteil, Saint-Denis et L’Île-Saint-Denis, nous travaillons ensemble, et le débat est ouvert depuis le début de la formation il y a deux ans. Nous allons le continuer et l’enrichir, parce que nous sommes de la même famille, celle de la République. John Paul Lepers Images : Flore Viénot, Jules-Antoine Bougeois et Alain Goric’h Montage : Antoine Conort Avec les Reporters Citoyens : Djigui Diarra et Samba Gueye (Grigny), accompagnés de Sabah Rahmani (coordonnatrice de la formation) JPL et Djiguy bastille

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Les commentaires (2)

  1. Je me suis reconnu dans le – « les manifestants ne savent plus où aller ». Surtout que je suis peut-être passé par la rue dans laquelle vous prononcez ces mots, John Paul, après m’être « extirpé » de la place de la République après 16h. Je me suis aperçu un peu tard que je m’éloignais de Bastille, par la rue Saint Antoine. Du coup, j’ai continué, et j’ai vu que ce beau bordel continuait aussi, rue de Rivoli…

    Salutations citoyennes.