Une autre Vie est Possible

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L’éventualité de la Mort se présente parfois de façon totalement impromptue. Comment se comporte-t-on face à cette adversité ? Comment envisager ce nouvel avenir plus ou moins raccourci ?… Ce sont quelques-unes des nombreuses interrogations qui ont habité Alexis Wetzel, autant d’expériences éprouvées. Derrière l’exercice littéraire commun qu’est celui de parler de cette confrontation, la réussite d’une trilogie qui accompagne les errements, les colères, les espoirs, les lumières et l’espérance finale.

[Critique littéraire] En termes d’hyperactivité, Alexis Wetzel n’avait certainement aucune concurrence à craindre. Son activité professionnelle l’aura fait voyager dans le monde entier cependant que ses diverses rencontres internationales et autres tribulations hasardeuses lui auront permis de mener à bien de multiples projets humanitaires depuis plus de vingt ans.

Bien sûr, je sentais que mon corps, depuis quelques mois, se battait contre plus fort que lui. Cette satanée fatigue qui ne me lâchait plus au point d’annuler mes réunions clients et de me sentir incapable de prendre la voiture. Et puis ces douleurs articulaires qui me perçaient les épaules… Mais bon, à trente-neuf ans, hyperactif, je me disais que de bons congés de fin d’année – selon la formule consacrée – remettraient les compteurs de ma carcasse à zéro

Mais en 2015, un diagnostic tombe, cinglant : myélome multiple couplé à une amyloïdose et à un syndrome de Willbrand. De ce cocktail cancéreux, un tirage gagnant pour quatre millions de participants et l’assurance d’une inéluctable mort prochaine.

A ce moment précis, la vie agitée et éclairée d’Alexis, disséminée aux quatre coins du globe et impulsée d’activités incessantes cède la place à une tristesse léthargique, un recroquevillement uniforme.

Replongé dans ses carnets de voyages qu’il prenait soin d’écrire en toute humilité et discrétion, Alexis tirera une sélection représentative de son état d’esprit du moment où il se retrouve confronté à lui-même, dans ce passé virevoltant et ce présent en rupture, comme un jeu de miroirs. Cette rétrospection engendre les prémisses d’une étape d’introspection en devenir.

Ces chroniques sont un fil rouge sur les rapports humains qu’il aura entretenus souvent, fait éclore chaque fois que possible, un témoignage des riches cultures diverses et denses aventures humaines issues des négociations professionnelles qu’il aura su faire fructifier pour des intérêts supérieurs.

Pendant que son corps, ses organes s’agitent de mille feux, Alexis tire de cette immersion dans ses entrailles intellectuelles une nouvelle force : celle d’entamer un rapport physique avec l’écriture pour transmettre sans prétention aucune ses réflexions sur la tempête qui l’habite, décrire son rapport à la maladie, évoquer l’urgence du temps qui passe. Un véritable voyage intérieur après avoir parcouru le monde.

Ce journal de bord est un labeur, un sacerdoce vital. Une catharsis nécessaire pour lui-même en premier lieu, pour éviter également que sa colère ne crée un trou noir autour de lui. Il est question d’évacuer les ressentiments envers soi, envers les autres forcément maladroits…

Passée cette première phase, Alexis réouvre son cœur, se plait avec pudeur à tenir éloge de la crise qui le contraint comme une gangue. Et avoue bienvenue cette salutaire fissure en ce qu’elle lui offre de désert à parcourir après avoir empli sa vie d’activités, fussent-elles pour grande partie nobles et philanthropiques.

De cette solitude, de cet espace de vulnérabilité, par la force d’introspections, après une période de transition éprouvante, Alexis tire une renaissance intense, que d’autres effleurent en sortant de leur zone de confort à des fins de réussite personnelle… Il est maintenant question de nouvelles projections malgré les échelles de temps révisées et la froideur des statistiques de taux de mortalité, de reconsidérer une relation au temps écourté, de permettre un avenir au travers cette fenêtre munie de volets persiennes, de tirer coûte que coûte toute richesse du quotidien, d’adjoindre de l’intensité dans cette situation inextricable et incurable, de susciter l’espoir des moments surnuméraires, d’accepter un dialogue intime avec soi-même.

Comme Saint Augustin, cette expérience se conclut de manière révélatrice selon Alexis :

c’est seulement face à la mort que l’homme nait de lui-même. […]Cet effondrement de la vie d’avant est l’occasion de se réveiller d’un trop long sommeil et retrouver le vertige attirant d’un nouveau saut dans la vie

Après tant de circuits qui l’auront mené d’hôpitaux en orphelinats, de mouroirs à des écoles abandonnées, de la corne d’Afrique à la Palestine en passant par le Sénégal et le Nicaragua, de ce nouveau regard porté en arrière, cette digne trilogie devient finalement son chemin d’espérance, une réunification, un essai sur le bonheur et son intimité inconnue.

Lurinas

Liens

Pour commander la trilogie : https:/www.leseditionsdunet.com/recherche?keys=Alexis+wetzel

 

 

 

 

 

 

 

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