LA POLICE LYONNAISE CENSURE DEUX PHOTOGRAPHES

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ATTEINTE À LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Deux photographes de l’A.F.P. basés à Lyon  Frédéric Dufour et Jean-Philippe Ksiazek ont été victimes, mardi d’une grave atteinte à la liberté de la presse. Alors qu’ils  couvraient une manifestation lycéenne, des policiers les ont empêché, physiquement, de faire leur travail, invoquant leur « droit à l’image ».  Les syndicats ont demandé à la direction de l’A.F.P. de porter plainte.

Frédéric Dufour et Jean-Philippe Ksiazek ne décolèrent pas. Ils étaient partis couvrir une manifestation au centre-ville de Lyon, le mardi 16 décembre 2008, qui mobilisait une soixantaine de lycéens dénonçant les réformes du ministre de l’Education Xavier Darcos. Ils sont tous deux photographes pour l’Agence France Presse de Lyon. Arrivés sur place, les deux hommes s’approchent des jeunes manifestants qui tentent d’empêcher les voitures de circuler normalement.

Une quinzaine de cars de CRS stationnent sur place. Ces derniers ont alors violemment bousculé les deux photographes, les tirant en retrait.  « Nous nous sommes défendus au nom de notre liberté d’expression, raconte Frédéric Dufour, nous avons montré notre carte de presse. Mais une policière nous a indiqué que dorénavant nous n’avions plus le droit de photographier des fonctionnaires de police. C’est le monde à l’envers, dans la manifestation, les jeunes prennent des photos  avec leur portable pour les poster sur YouTube et nous, photographes à l’AFP, nous n’y sommes pas autorisés !»
Par la suite, Frédéric Dufour a vu un jeune homme plaqué au sol et menotté. « J’ai souhaité m’approcher pour prendre des photos quand deux policiers, matraques au poing,  m’ont saisi et repoussé contre un mur. Je n’ai rien pu photographier. » Quand à Jean-Philippe Ksiazek, il a tenté d’immortaliser un groupe de CRS en train de charger sur des lycéens. « Deux policiers m’ont fait une clef de bras et repoussé derrière. Ils m’ont ordonné de leur remettre ma disquette de photos. J’ai refusé. Alors, ils m’ont arraché mon boitier et supprimé ma disquette. »
Ce jour-là, les policiers ont revendiqué leur « droit à l’image » auprès des photographes. Mais ce droit  ne s’applique pas dans un tel cas, un photographe a toujours le droit de prendre des photos dans la rue, et heureusement ! Par ailleurs, l’effacement des photos relèvent d’une atteinte grave au droit d’information. « Agir de cette manière, souligne Jean-Philippe Ksiazek est illégal. Les syndicats ont demandé à la direction de l’AFP de porter plainte ». La question est de savoir si les policiers ont agi suivant des ordres ou de leur propre initiative. « Toujours est-il, souligne Frédéric Dufour, qu’aujourd’hui, nous sommes allés couvrir une grosse manifestation lycéenne et que nous avons bénéficié du tapis rouge ! Nous avons super bien bossé.  Nous entendions dans les talkies-walkies des CRS, l’ordre de nous laisser travailler. »

Marie Périssé

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Les commentaires (36)

  1. Eh les photographes vous avez des chambres Linhof 6×9 et le grand tissu noir pour faire vos photos …. moi quand je fais des photos, dans des pays, des lieux ou c’est interdit je suis tres discret! les gamins font des photos avec leur portable et vous des pro vous n’y arrivez pas !!!! ah ah !

  2. Ouais, un peu chatouilleux les lardus en ce moment…
    Mais si vous croyez qu’ils ont pris ces initiatives eux-même, vous vous mettez le doigt dans l’œilleton jusqu’au plan focal ! Ces énergumènes sont incapables de toute ébauche d’un soupçon de conscience (sinon ils auraient pas signé, comme disait Coluche !). Ils n’agissent qu’aux ordres.
    Les ordres venaient donc « d’en haut » (préfecture ?).

    Il est clair que le gouvernement (cad SAS Tsarkosky) a choisi de faire appliquer LA TOLÉRANCE ZÉRO :O

    …D’où les débordements et les bavures policières.

  3. @ NIEPCE
    Nous sommes en démocratie, jusqu’à preuve du contraire. Admettre qu’il faut se cacher pour faire de l’information, c’est entériner les limitations à nos libertés. Ce n’est pas courageux, ni intelligent. C’est juste perso, « moi je me débrouille, et les autres je m’en fout! ».
    John Paul

  4. Je pense comme Edou que ce n’est pas un dérapage, mais que nous sommes entrés dans la phase de dictature visible.

    Les actions liberticides s’accélèrent ( voir le zap zap)…
    La terrorisation du citoyen est en marche.

    1 – déploiement d’actions brutales et démesurées
    2 – muselage de la presse
    3 – installation d’un climat de peur et de suspicion

    Le Pen n’aurait pas pu faire pire.

  5. Oui, le Pen n’aurait pas pu faire pire, il a trouvé son maître!
    Brrr! C’est flippant! C’est bizarre hein? Comme lorsque quelqu’un arrive à filmer une bavure policière et que la justice prétend qu’il ne s’agit pas d’une preuve.
    Il y a peu de temps j’ai vu une scène similaire, sauf que là ce n’était un journaliste, mais un touriste avec sa famille qui s’est fait violemment retirer son appareil photo par deux policiers au Trocadéro.
    A mon avis il reviendra plus!

  6. Et un autre, qui fotagraphiait des lampadaires qui s’est fait massacrer, devant sa femme et sa fille par deux ou trois racailles

  7. Non, il a osé prendre la toue Eiffel en photo, et les deux policiers (mais oui racaille ça leur va bien) passaient par là!

  8. Le droit à l’image… on savait bien que ce texte de loi allait servir à restreindre la liberté d’informer au lieu de servir comme le précisait la propagande à préserver les libertés individuelles… Il y a une dizaine d’année, au moins, j’avais assisté en me baladant à une manif d’une centaine de personnes devant la préfecture de Toulouse… parmi les gens, un photographe, bien équipé, sapé cool, queue de cheval… il mitraillait et en même temps faisait quelques photos d’enfants se trouvant là, etc… Bon!… Ce qui n’était pas prévu, c’est qu’un moment plus tard, passant devant une terrasse de café non loin de la mairie (détenue par Baudis, à l’époque), je reconnais mon photographe et qu’est ce que je vois: une pelloche passant de sa main à la main d’un son compagnon de tablée, un costard-cravate à la coupe soignée. Coïncidence??… Je ne crois pas!!
    Si la liberté de presse, celle du photo-reporter, sont restreintes dans leur moyen de rendre compte d’un événement, alors pourquoi celle des forces au service de l’état est au contraire étendue??… Pourquoi RG et policiers ou gendarmes peuvent-ils se permettre de prendre des centaines de clichés des gens manifestant sans que l’on puisse avoir a minima accès à ces photos, ni savoir dans quel(s) fichier(s) sont elles classées??
    Quelqu’un un jour a parlé de démocrature pour traduire le régime de Tsar Cosy… quand la démo sera finie, il nous mettra son dic(k)t, et ça va faire mal!!

  9. #

    Tu n’aimes pas la police elle te le rends bien ! coup pour coup !

    Comment par max — 19 décembre 2008 @ 16:02

    Tu cautionne donc ses crimes si je comprend bien.
    T’es un peu schyso toi, tu t’appellerais pas rantanplan aussi?

  10. cazo, je me demande si il ira jusque là.
    Les pays comme la france etc qui sont juste a la « frontiere » entre dicta et demo sont surement les meilleurs au jeux justement de la dictature au niveau de la pensé et de l’idéologie.

    Enfin remarque, la manipulation et la fabrication du consentement ne marche que tant qu’elle marche, dès que ce n’est plus le cas effectivement on passe a la méthode physique, matraque prison & compagnie.

  11. C’est comme l’histoire de la grenouille dans l’eau qui chauffe… le jour où ça commence à faire mal… c’est déjà trop tard. Une « bonne » dictature s’installe généralement avec le consentement du peuple, regardez l’histoire… Je pense que « Il » en a l’ambition dans ses rêves les plus fous, mais dans ses rares éclairs poudrés de lucidité, on se charge de lui faire comprendre qu’il n’est qu’un valet, et ça tombe bien, car en définitive, il préfère les ors que la république, alors, à choisir…

  12. Je ne sais plus si c’est Cazo qui avait dit sur un autre fil que le climat de peur et d’insécurité était un facteur de consommation ( se rassurer, compenser..)..
    Et bien , ça marche !
    Les caddies débordent !

    C’est dire le climat!

  13. personnellement je pense que toute la responsabilité du climat actuel repose sur le DICTATEUR DE LA REPUBLIQUE.

    J’emploie ce mot de façon très réfléchie pour désigner un chef d’Etat qui ne peut supporter aucune limitation à son superpouvoir de superprésident, ni de la part de l’opposition parlementaire, ni de la part de l’opinion publique qu’il faut savoir éduquer, il y a une presse qui et des médias amis pour cela, le tout avec un mépris incroyable pour l’indépendance de l’autorité judiciare (dont le Pst est le garant) et pour tout ce qui ressemble à une liberté publique, forcément désuète et dépassée dans ce monde dangereux ou des jeunes alter (?) se regroupent dans des petits village pour lire des livres subversifs et vivre une vie « dissolue » dixit le proc.

    Pendant ce temps là on ne parle pas du renvoi d’assenseur incroyable au profit de TF1 ( qui a quand même puissament aidé à élire NS ) ni des autres cadeaux à Tapie, aux industriels ou aux banques qui bénéficient de fonds publics sans contrepartie, sans mettre fins ni aux parachutes dorés, (et autres superprimes) ni aux pratiques de prèts « à risques » dans la plus totale opacité, tout en coupant le robinet aux PME dans le même temps…

    Pendant ce temps là, qui met en perspective la fin de mandat sans gloire du grand ami et modèle de NS, Bush junior, et la continuation de cette politique en France ?

    Regression sociale et économique; captation de richesse pour une petite élite déja riche; régression des libertés et politique étrangère cynique et agressive; droits de l’homme traités en politique étrangère et intérieure comme une lubie dépassée…

    Cette politique qui ne peut trouver une majorité qu’avec un appui massif de la propagande est devenue en quelques mois totalement RINGARDE avec la crise économique et l’élection d’Obama.

    Mais ce gouvernement, ce DICTATEUR ne peut être que de plus en plus parfait puisqu’il y aura de moins en moins de possibilité de dire qu’il est imparfait…

  14. @tonio
    Le dictateur dont tu parles ne travaille pas tout seul, il a lui aussi des directives : il ne travaille pas que pour lui et sa clique gouvernementale.

    Creuse ce sujet; dans le cas contraire il est difficile de comprendre le cadre dans lequel s’inscrit l’instauration du climat que tu dénonces et, par conséquent, difficile de déterminer ce que nous pouvons faire individuellement et collectivement pour éviter les catastrophes.

  15. Je serais bien curieux que l’on me montre ce qui interdit de photographier des policiers… Sur qu’elle pseudo-article de loi ils s’appuient, ça j’aimerais bien le savoir.
    En tant que blogueur, il m’arrive de photographier des flics dans les manifs, et plus dernièrement lors de « l’enlèvement » d’un SDF… N’étant pas journaliste, et n’ayant donc pas de carte de presse, je le fais le plus discrètement possible, ou bien à l’inverse le plus ostensiblement possible. Tout dépend de ce que les flics sont en train de faire. Par exemple, dans certaines manifs, je suis sûr que ça les calmes de savoir qu’on les prend en photo ou qu’on les filme.
    Merci à LTL de nous rappeler à notre conscience citoyenne. Pour ma part, bien modeste, cette histoire m’a inspiré un article… c’est ICI .

  16. @Gwendal
    Effectivement, je n’ai pas réussi à trouver quoi que ce soit interdisant de photographier les flics. Le contraire serait, de toute manière, incohérent avec le reste.
    Et il n’y a absolument pas besoin de carte de presse pour faire un travail d’investigation. C’est juste sensé facilité la tâche.

  17. Le droit à l’image pour tous citoyen qui refuse d’être jeté en pâture à l’écran, je crois que ça existe. Après une petite recherche, on devrai trouver qlq chose.
    Merci à tous ceux qui luttent pour le respect des droits de l’homme, la tâche sera dure, en face il n’y a pas d’état d’âme.
    Qu’un sang impur, abreuve nos sillons !
    Sans l’impureté de l’air, nous n’aurions pas la neige, c’est pourquoi ce vers ne me dérange pas, mais ce n’est pas dans ce sens qu’il est le plus souvent compris.
    D’où vient notre façon de penser ? Il faut s’interroger et l’on pourra s’y retrouver, c’est un travail qui vaut la peine, s’isoler un temps et réfléchir et notre humanité pourra mûrir.
    ah ça ira…

  18. Le droit à l’image… Je veux bien, mais ce droit ne concerne que le quidam moyen. Un policier dans l’exercice de ses fonctions représente la chose publique, donc logiquement agit au nom de tous et à la vue de tous… Le droit à l’image, qui est un droit à la vie privée, ne s’applique donc pas dans ce cas de figure.
    Cependant, j’aimerais bien connaitre les textes qui traitent de ce genre de chose, histoire de pouvoir argumenter si un jour j’ai des ennuis !

  19. Pour l’instant j’ai trouvé ça:
    De l’enregistrement et de la diffusion d’images de violence.
    Article 222-33-3 En savoir plus sur cet article…
    Créé par Loi n°2007-297 du 5 mars 2007 – art. 44 JORF 7 mars 2007

    Est constitutif d’un acte de complicité des atteintes volontaires à l’intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 et est puni des peines prévues par ces articles le fait d’enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission de ces infractions.

    Le fait de diffuser l’enregistrement de telles images est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 Euros d’amende.

    Le présent article n’est pas applicable lorsque l’enregistrement ou la diffusion résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet d’informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice.
    Donc, les journalistes ou tout autre individus doivent filmer la violence de la police, pour servir de preuve à la justice.
    Les policiers font donc de l’obstruction au concoure de la vérité pour la justice…
    Beaucoup de travail en perspective, pour la justice, mais elle est sans doute déjà débordée…
    Ah ça ira…

  20. La loi dit entre autre:
    Constitue un attroupement tout rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l’ordre public.
    Cité par:
    Décret n°95-573 du 2 mai 1995 – art. 1 (Ab)
    Décret n°95-573 du 2 mai 1995 – art. 4 (Ab)
    Code de la défense. – art. D1321-2 (V)
    Code de la défense. – art. D1321-5 (V)
    Code pénal – art. R431-1 (V)
    Code pénal – art. R431-2 (V)
    La marge est grande, comment apprécier l’ordre public ?
    La jurisprudence doit pouvoir nous le dire…
    Encore du travail..
    Ah ça ira

  21. Veuillez m’excuser pour le lien Site/blog, que j’avais pris pour un champ titre.

    Martin Luther King à écrit « Révolution non-violente », notre société doit se rappeler certaines vérités, dont voici un extrait
    « tout ce que fit Adolphe Hitler était légal,…,il était illégal de venir en aide à un juif ».
    En France des gens sont poursuivit, parce qu’ils refusent les rafles, les mauvais traitements infligés aux sans papiers…
    Ah ça ira…

  22. @Assaira : L’appréciation de trouble à l’ordre public est une notion assez élastique et laissée à l’appréciation des autorités…
    Pour ce qui est de la révolution non-violente, je crois également que la menace de la violence est aussi efficace… j’en veux pour preuve le récent retrait de la réforme de Darcos. La menace d’un dérapage et d’une hellénisation du mouvement lycéen, voilà ce qui l’a fait reculer.

  23. Ou bien la trêve des confiseurs, le projet en question est seulement suspendu. A écouter les témoignages de policiers, ils n’ont pas encore le droit de frapper.
    Mais de nos jours, face à une foule pacifique, les policiers ne pourrait le faire sans indignez le plus grand nombre de nos concitoyens. La non-violence n’est pas facile, c’est pour cela que les manifestants ont été préparés à ne pas répondre à toutes sortes de provocations à Birmingham en Alabama, la plus grande ville industrielle du sud, là où les droits humains sont les plus opprimés, en 1963.
    Ce combat là fut gagné, sans effusion de sangs hormis celui des manifestants. Sans la vigilance des meneurs, il y aurait eu un massacre inter-ethnique.
    Ah ça ira

  24. En fait, il faut vraiment entendre, et remercier tous ces hommes et femmes.
    Les Résistant, entretien avec :
    Georges Séguy
    Henri Bartoli
    Lise London
    Stéphane Hessel
    Raymond Aubrac
    Philippe Dechartre
    Maurice Kriegel-Valrimont
    Maurice Voutey

    ah ça ira…