LE MUSÉE DE L'IMMIGRATION EN DOUCE

Publié le | par

[vpod.tv/latelelibre/333427]

LA CITE NATIONALE DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION s’est ouverte le 10 octobre dernier, sans célébration, ni fanfare. On laisse entrer le public, c’est tout.

L’inauguration officielle, prévue pour ce jeudi 10 heures a été annulée. Jacques Toubon, un peu seul, sur le perron, fait le monsieur Loyal, comme Président du Conseil d’orientation de la nouvelle institution. Mais l’absence du Président de la République qui, le 17 septembre, n’avait pas omis d’inaugurer la Cité de l’architecture et du patrimoine, où celle des ministres concernés interroge. Quand la veille encore, la présence de M. Hortefeux et de Mme Albanel semblait annoncée.

Alors bien sûr, le contexte politique est plutôt tendu, avec le projet de loi de maîtrise de l’immigration, et, en ligne de mire, son amendement concernant les tests ADN. Sans doute était-il risqué, en cette semaine si polémique, de venir affronter devant les caméras la présence indéfectible de militants bien décidés à crier leur indignation face à une politique jugée plus que méfiante envers les immigrés… Car les manifestants sont là, militants de la Ligue des Droits de l’homme, ou de RESF, qui ont levé banderole sur le trottoir d’en face, accumulant les signatures. Mais sont présents aussi des profs, des éducateurs, des curieux. Au fil de la matinée, une poignée de politiques défilent. Comme les autres visiteurs, ils découvrent les salles d’exposition, l’agora de la Cité. La presse, elle, nombreuse, cherche fébrilement des réponses sur les raisons de la « discrétion » gouvernementale.
Il reste que l’immigration a désormais son musée en France, au Palais de la Porte Dorée. Sur le site paradoxal de l’ancien Musée des Colonies, construit en 1931, pour l’Exposition universelle. Une Cité pensée par des intellectuels dès la fin des années 80, et qui aura mis 20 ans à se concrétiser. Mise en danger par les frilosités politiques de la gauche et de la droite réunies, plus récemment par la démission de la quasi totalité des historiens présents au conseil scientifique du projet pour dénoncer l’intitulé du ministère détenu actuellement par M. Hortefeux.

Dans son objet, le musée veut mettre au centre les historiens, amenés à organiser colloques et expositions thématiques, mais aussi le public, appelé à venir y déposer des objets de mémoire ou participer aux débats de l’agora. Le but : parler du temps long et complexe dans lequel s’inscrit l’intégration. De la France comme terre d’accueil et d’asile, ou encore de métissage. Et au final « valoriser l’immigration en lui rendant sa place dans la mémoire nationale », soit : faire changer les mentalités en France sur l’étranger et sur les migrations.
Alors, oui, malgré cette naissance un peu ratée, amputée des honneurs symboliques de la République, cette Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration devrait tout de même être promise à un réel avenir. Tant il semble possible de dire que, sur l’ensemble de ces chantiers, il reste encore, aujourd’hui, en 2007, un peu de chemin à parcourir…
site de la Cité : http://www.histoire-immigration.fr

Karine Yaniv et Larbi Aarab

Partager cet article

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Les commentaires (10)

  1. Les gars, vous avez oublié de parler, comme tout le monde depuis belle lurette, de la façade latérale du bâtiment (à gauche quand on regarde l’escalier monumental).
    Je comptais sur vous, pourtant…

  2. C’est signé Chirac ! Je ne vois pas tellement pourquoi il y aurait une inauguration officilele de Sarkozy.

    D’ailleurs tous les musées n’ont pas des inaugurations en présence du président de la république.

    Contrairement aux jeunes hommes, je pense que ce musée de l’immigration peut apporter beaucoup. En particulier, sur la diversité des origines des immigrés en France et leur mode de vie.

  3. Eh, eh, eh… je serais assez pour ne pas balancer l’info, aslan, mais en même temps beaucoup de gens qui lisent n’ont pas la possibilité de se rendre sur place, alors…

    Sur la façade ouest du Palais, on trouve inscrit « A ses fils qui ont étendu l’Empire de son génie et fait ainsi aimer son nom au-delà des mers, la France reconnaissante », la dédicace s’accompagne des noms des grands conquérants et colonisateurs français, depuis les Croisades et Godefroy de Bouillon.

    Visiblement, personne ne pense à cette façade, on plante pudiquement une rangée d’arbres pour la masquer un poil, et basta cosi.

    « A ses fils qui ont étendu l’Empire de son génie et fait ainsi aimer son nom au-delà des mers, la France reconnaissante. »

    Personnellement, j’aimerais assez faire une anthologie parisienne de ce genre d’inscriptions. Un best-of de mauvais goût, on organiserait des visites de groupes, ce serait sympa et éducatif.

  4. Une anthologie de la honte française gravée sur les murs de Paris… gros boulot, certes, mais la télélibre pourrait relever le défi, non?

  5. Ha, ouais, sympa ! Merci ! Pour l’anthologie l’idée est bonne mais ça serait pas mal de leur fournir du materiel, t’en connais d’autres?

    @la télélibre: si ça vous interesse on peut toujours essayer de mobiliser des ressources à Paris (sites, photos…)

  6. Bonjour juste une petite info pour ceux que cela intéresse.
    le 25 novembre prochain sera diffusé à 20h40 sur france Ô
    le film Barcelone ou la mort qui parle de la jeunesse africaine et des ceux qui tentent de rejoindre les îles canaries en pirogue depuis le senegal.

    http://docbarcelone.canalblog.com/

  7. Si je fournis le matériel, c’est que je suis dans le projet, donc, pour l’heure je refuse à en dire davantage sans mon agent. mdr.

  8. :D c’est pas la télélibre qui te fera un pont d’or, mais je suis sûr que tu peux négocier les restes du buffet de « sous les pavés » !