#FBI versus #Anonymous : la #CyberGuerre est Déclarée

Publié le | par

Emmanuelle Rota nous propose ce récit, heure par heure de cette nuit (19 au 20 janvier 2012) où les hacktivistes du collectif Anonymous se sont révoltés contre la fermeture du site Megaupload par le FBI.


C’était comme assister au feu nucléaire. En direct.

Une sorte de charge guerrière mais sur un terrain – Internet –  où les campagnes peuvent être hasardeuses tant elles n’obéissent plus à aucune règle de l’Ancien Monde.

Hier donc, en début de soirée, le FBI annonçait dans un communiqué avoir fait fermer un des sites de streaming et de téléchargement les plus populaires au monde : Megaupload (visités rien qu’en France par plus de 7,4 millions d’internautes). Ainsi que 18 de ses sites miroirs. Ils déclaraient également avoir procédé à l’arrestation jusqu’en Nouvelle Zélande de 4 de ses dirigeants dont Kim Schmitz, dit Kim Dotcom, informaticien allemand bien connu du milieu du peer to peer.
Megaupload est accusé de violer les lois sur le copyright ; ses dirigeants de « conspiration et de blanchiment d’argent ».

Au moment même où la nouvelle de la fermeture du site commence à bruisser sur le web, un grondement d’insatisfactions quasi audibles monte sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter.

22h00

Vers 22h00 (heure française), Sabu, un des membres historiques du collectif hacktiviste Anonymous prévient qu’une « Opération massive est en train de se mettre en place ». « We are going to starve the beast » (nous allons affamer la bête), rajoute-t-il.
Quelques minutes plus tard le début de ce qui va être une des répliques les plus fracassantes dans l’histoire du hacking de ces dernières années s’organise : en l’espace de moins d’une heure, des milliers de membres d’Anonymous mettent en place des attaques par déni de service (dites « attaque Ddos » pour « Denial of service Attack ») afin de faire tomber les sites qui représentent selon eux l’industrie du spectacle et ceux qui se présentent comme les défenseurs des droits d’auteurs.
Universalmusic.com est le premier à ne plus pouvoir s’afficher sur le net. Viennent très vite justice.gov, mpaa.com, riaa.com, copyright.gov, sonymusic.com mais aussi… hadopi.fr.
Le nom de l’opération, appelée « #tangoDown » ou encore « #megaupload » rentre en une demi-heure dans le top « trending » de twitter, les sujets les plus évoqués sur les réseaux sociaux à travers le monde.

Le communiqué video d’Anonymous

27 000 ordinateurs connectés

Sur les chat privés d’IRC (Internet Relay chat) où des milliers d’Anonymous se retrouvent pour discuter, canaliser et décider des attaques des prochains sites, W un membre anglais commente avec enthousiasme : « People are getting together for #Opmegaupload faster than any previous operation ever done. In 5 years » (les gens se mobilisent pour #Opmegaupload plus rapidement que pour toute autres actions depuis 5 ans) .
Une des branches très actives d’Anonymous, YourAnonNews , annonce via Twitter que plus de 27 000 ordinateurs sont en train de participer en même temps au hacking planétaire. Les tweet lapidaires de Sabu continuent à tomber, ils résonnent comme des ordres de guerre : les sites de la maison Blanche et du FBI sont pris pour cible et aussitôt canardés, cependant sans cette fois ci succomber aux attaques Ddos.

1h00

Soudain, vers 1H du matin un communiqué officiel de l’Elysée – chose peu commune en plein milieu de la nuit –  tombe : Nicolas Sarkozy dit « saluer la fermeture du site megaupload » dont ses promoteurs « réalisaient des profits criminels ». Hadopi.fr est à ce moment toujours inaccessible, le nom du président français commence à circuler parmi les discussions des Anonymous qui préviennent : « Vous ne pouvez pas censurer Internet, vous ne pouvez pas arrêter une idée. Attendez-vous à avoir de nos nouvelles bientôt ».

La loi SOPA

Cette cyberguerre semble exploser à propos : la chambre des représentants aux Etats Unis est actuellement en plein débat sur la proposition de loi SOPA (Stop Online Privacy Act), une loi anti-piratage qui rendrait délictuel non seulement les plateformes de téléchargement mais aussi celles de streaming et forceraient les moteurs de recherche à ne plus les référencer. La veille du coup de filet du FBI, une partie du Web emmené par le très populaire site participatif Wikipedia décidait d’une journée « Blackout » des réseaux sociaux. L’opération avait fédéré avec succès une grande partie du net. Et sans doute hérissé passablement le FBI…

 Ce matin

Ce matin, à l’aube, le site Megaupload semblait avoir repris du poil de la bête et on annonçait son retour, mais finalement, il s’agissait  d’un fake (faux site). Le site de Korben http://korben.info/remplacer-megaupload.html proposait des alternatives diverses à tous les amoureux du fichier illégal (sic), rappelant que les techniques de P2P restaient toujours plus sécurisées que celles du téléchargement direct.

Le FBI annonçait quant à lui que les 4 dirigeants de Megaupload étaient entendus en Nouvelle Zélande en ce moment même. Ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.

A 9H, heure française, Barrett Brown, un des anciens porte-parole d’Anonymous, twittait depuis sa ville de Dallas, sur le ton reconnaissable de son collectif – mâtiné de « Lulz » (une sorte de rire sardonique) et de menace à demi-couverte :  « War is Closer », (la guerre s’approche)…

@EmmanuelleRota

 

 

 

Partager cet article

Les commentaires (2)