Depuis les attentats de janvier, la France a peur. Après le 11 septembre 2001, les États-Unis avaient dégainé l’arsenal législatif avec le Patriot Act, qui permettait à tous les services secrets américains d’écouter qui ils voulaient, quand ils le voulaient, aussi longtemps qu’ils le voulaient. Puis Edward Snowden est arrivé et a révélé au monde entier l’étendue de la surveillance de masse mise en œuvre par le gouvernement US, sans résultats tangibles. Preuve en est, il y a deux jours, le Sénat américain en a censuré les principales dispositions, essentiellement car elles sont improductives. Le projet de loi sur le renseignement, porté par le gouvernement Valls, présente des similitudes avec le Patriot Act, notamment en confiant au seul exécutif la décision de surveillance. En gros, et c’est tout l’enjeu de ce débat, faut-il sacrifier notre vie privée en acceptant que nos conversations soient écoutées, que nos mails soient lus, sans aucun contrôle judiciaire ? Sans aucune garantie qu’il n’y ait pas d’autres attentats sur notre sol, bien sûr. Benjamin Franklin, inventeur du paratonnerre et père fondateur des États-Unis, l’avait dit en son temps, sans mail, ni téléphone : un peuple qui accepte de sacrifier sa liberté contre sa sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finira par perdre les deux.

Journaliste : Christophe Tisseyre
Images : Julie Dubois