Le Cannabis au Service de la Psychiatrie

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[CANNABIS CONNECTION /S1-E7] Depuis 40 ans de carrière, le pédopsychiatre Christian Sueur poursuit son combat : faire savoir que le cannabis est une drogue qui peut être l’amie de l’homme. Pour ses vertus thérapeutiques, mais aussi festives et sacrées. Avec lui, nous découvrons aussi que la prohibition du cannabis est née aux USA, sur des préjugés racistes.

 

Celui que nous allons rencontrer aujourd’hui, dans les premières collines, au sud du Massif Central, est un des psychiatres français les plus connus et les plus engagés dans la recherche sur l’usage médical du cannabis et des autres drogues, mais aussi sur la prévention des risques, depuis le début des années 80. Après avoir travaillé dans les hôpitaux de Guadeloupe, Tahiti et Lyon, il est aujourd’hui pédopsychiatre à Carcassonne.

Bizarrement, notre médecin chercheur et baroudeur n’aime pas trop montrer sa tête. Sur son compte Linkedin, pas de photo, et quand on fouille Google à la recherche d’une image de Christian Sueur, on tombe sur seulement… trois images. Et il n’est pas forcément à son avantage…

Pourtant le personnage a mené de nombreux combats dans sa vie. Dans les années 90, il a été l’initiateur de l’usage de la Métadone pour les toxicomanes dans les prisons françaises. Lors de ces années dans le Pacifique à la tête du service de pédopsychiatrie de Polynésie Française, il est à l’initiative d’un rapport retentissant sur les effets des essais nucléaires de Mururoa sur la santé des jeunes Tahitiens. Avec Médecins du monde, il a fondé les missions dans les Rave Party, afin que les jeunes ne consomment pas n’importe quoi.  Et même dans ces nombreuses images et vidéos de MDM, pas de trace du docteur Sueur…

Vous le trouverez facilement dans les émissions de France Culture, mais ce rebelle se méfie de l’image et particulièrement de la télévision et du montage qui trop souvent coupe la parole. Cette interview est la première qu’il accorde en 40 ans de carrière ! Merci docteur pour votre confiance donnée à LaTéléLibre !

Je pourrais prendre ma retraite quand cette idée sera admise par la médecine moderne

C’est le combat de sa vie : rappeler que depuis l’antiquité, les drogues, ont été utilisées par l’homme pour se soigner, pour faire la fête, mais aussi pour exprimer des formes de spiritualités. « Je pourrais prendre ma retraite quand cette idée sera admise par la médecine moderne », nous a-t-il déclaré en préalable à cette interview.

Comme l’opium, le cannabis est à la base de la pharmacopée antique. Comment ce fait-il que le cannabis ai été ainsi rayé des armoires à pharmacies depuis 80 ans ?

Au service de Dupont de Nemour

On apprend que ce sont les conservateurs Américains qui ont lancé l’offensive dans les années 30, juste après l’échec de la prohibition de l’alcool dans les années 20. Un des premiers responsables est un certain Harry Jacob Anslinger, né le 20 mai 1892 à Altoona en Pennsylvanie, mort le 14 novembre 1975. C’était un politicien et un journaliste, essentiellement connu comme le « McCarthy de la drogue ». A partir de 1930, et pendant 32 ans il sera le Premier commissaire du bureau fédéral du département du trésor aux narcotiques (FBN).

The marijuana is the most violence causing drug in the history of mankind
(La marijuana est la drogue qui a engendré le plus de violence dans l’histoire de l’humanité)

Harry Anslinger

Une énorme fake news digne de l’ex Président Donald Trump, au service des patrons de l’industrie pétrochimique. En fait, il s’agissait de discréditer le chanvre, alors utilisé dans le textile (les premiers blue-jeans auraient été tissé en chanvre !) et cultivé par de nombreux petits producteurs, au profit du coton des gros propriétaires du Sud, et surtout laisser le champs libre à l’industrie naissante des fibres synthétiques, la compagnie Dupont de Nemour en tête.

Contre les minorités

Sueur décrit ici que la prohibition du cannabis est aussi une mesure raciste. En effet, le cannabis était alors la drogue des pauvres, des noirs, des clandestins mexicains et des indiens. Les reefer man (fumeurs de joints) musiciens noirs étaient particulièrement visés, car cette drogue semblait les rendre joyeux et surtout arrogants face à l’Amérique blanche.

L’herbe fait croire aux nègres qu’il sont l’égal de l’homme blanc

Harry Anslinger

 

Plus grave peut-être pour les censeurs, des jeunes blancs qui aimaient faire la fête commençaient à frayer avec ces marginaux rigolards et insolents. Il fallait donc absolument mettre un terme à cette dérive.

Le même funeste Anslinger a oeuvré à la fin de sa carrière, pour l’interdiction du cannabis auprès des instances de l’ONU en 1961. Résultat, le cannabis a été jeté aux oubliettes dans pratiquement le monde entier, comme le diable. Le voilà qui ressort…

Dans certains cas, le cannabis est une excellente alternative aux opiacés, avec beaucoup moins d’effets indésirables, comme aux autres traitements chimiques de la médecine moderne depuis la deuxième guerre mondiale.

 

John Paul Lepers
Montage : Juliette Torregrosa

Merci à Kshoo du Circ pour son aimable et efficace mise en relation

 

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Les commentaires (1)

  1. Bonjour,
    mon avis est que le cannabis reste une drogue. certes peut être elle peut avoir un côté bénéfique en thérapie pour certaines maladie mais la question est qu’on peut se poser dans ce cas là , est, pourquoi la médecine ne l’a met pas en avant.