CHASSE EN CÉVENNES (1/3)
Publié le | par La Rédac'
Un reportage poétique et personnel, en 3 parties, de notre ami et correspondant des Cévennes, Philippe Maréchal
« J’étais pourtant bien, le cul dans les fougères, posté au lieu dit le « Fao ». Au fond de cette vallée, je surplombais tout le versant exposé au sud. La crête, sur ma gauche se découpait en dentelles dans le soleil levant. Sur ma droite, au-delà de la zone d’ombres, après quelques fayards isolés, les genets semblaient décoiffés par les vents dominants et couraient jusqu’aux roches aux allures de citadelles. Le ciel bleu s’entachait de longs cirrus. A cette hauteur, indifférents et lointains, des avions de ligne sabraient d’un trait ce tableau trop idyllique. Je songeais aux innombrables sentiers dissimulés aux alentours et parcourus dans les siècles par tout un peuple de marcheurs, qui des besogneux aux résistants, des voyageurs aux fuyards, des camisards ou traqués, des justes aux juifs pourchassés, des maquisards, jusqu’à ces quelques allemands ayant fui ici la folie d’un temps à moustaches, à tout ce peuple évanoui qui avaient emprunté ce réseau, marquant son passage dans la mémoire des pierres, seule façon d’oblitérer le voyage pour la liberté dans l’histoire des humains. A coté de moi, Luc regardait avec ses oreilles, écoutait avec ses yeux, le fusil posé sur ses cuisses, armé, prêt au tir, à l’instant même où quelque bruit signifierait l’arrivée en trombe du sanglier rabattu par les hommes et leurs chiens, tout là haut, à la cime sur l’adret. L’écho de la meute me parvenait renvoyé et amplifié par les roches encore dissimulées dans l’ombre. La fraîcheur du matin accompagnait mon esprit encore abusé par un sentiment de virginité en ces lieux. Qu’étaient-ils pour moi à cet instant, sinon le théâtre extraordinaire de la vie et tous ses plaisirs qu’une nature grandiose magnifiait. Aussi bien que dans la cour d’honneur du palais des papes, j’étais installé pour la représentation en plein courant d’air. J’étais venu ici, accompagner Luc, qui postait au sein d’une équipe de chasseurs. Il portait son fusil, moi ma caméra. Nous nous étions rejoints à 5 heures, puis nous étions partis à la rencontre des autres, une quinzaine d’hommes, à 6 heures, chacun rejoignant alors son guet ou sa tache selon qu’il était rabatteur ou posté, après des consignes chuchotées. Je n’étais jamais allé à la chasse. Je découvrais cet univers, ses codes, ses règles, comme autant de rituels échappant au commun. Les hommes n’étaient que des ombres encore, dont je distinguais sur les flancs les cartouchières, le trait rangé sur le dos et dépassant qu’était leur carabine ou fusil. Les chiens s’énervaient dans leurs cages trop petites à l’arrière des fourgonnettes. Dans le ciel, le baudrier d’Orion semblait présider au rassemblement qui s’apparentait à quelque organisation guerrière. J’étais avec des guerriers, à n’en pas douter. De casquettes, des treillis militaires, des armes, des munitions, des instructions, non, je n’étais pas venu à une simple promenade. Au signal, tous embarquèrent dans les véhicules et se dispersèrent dans les chemins forestiers. Avec Luc, j’avais pris place dans son pic up, à l’arrière, deux autres étaient assis sur le plateau. Nous gravîmes les pentes de la montagne une demi-heure environ, jusqu’à ce que l’escarpement devint tel qu’aucun véhicule ne put aller plus loin. Prestement tout le monde sauta et je suivis, haletant, mes trois compagnons qui couraient autant qu’ils marchaient sur un chemin impossible, dans la nuit finissante. J’avais à cœur de ne pas ralentir l’allure. J’étais censé être « le journaliste », qui d’une idée inconvenante, s’était entiché d’une mission saugrenue, voir sans juger, et peut être comprendre un monde qui s’éloigne dans le sillage des cités. »
(A suivre…)
Philippe Marechal a réalisé de nombreux reportages vidéo, très remarqués et appréciés, pendant le campagne de l’élection présidentielle.
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A REVOIR, DE PETITES PERLES DE REPORTAGE!!!
Philippe Maréchal est actuellement en panne de logiciel de montage. Si jamais quelqu’un de compétent en la matière, proche des cévennes, pouvait lui venir en aide, n’hésitez pas à le contacter…
Les commentaires (2)
Qu’il n’hésite pas à contacter LIONEL à CINEFACTO, un personnage étonnant dans un lieu magique…
http://perso.orange.fr/cinefacto/accueil.htm
ce que je fis, merci. J’y ai reçu un accueil symapthique au tel et je m’y rendrai très certainement, m^me si pour le moment un dépanage n’est pas possible. J’invite tout ceux qui passent sur cette page, à visiter le site de cinéfacto, c’est bien…merci Suricate