Notre correspondant aux Etats-Unis Nicolas a rencontré Jean Baptiste, journaliste expatrié lui aussi, ils nous livrent cette semaine le premier fruit de leur collaboration.

Les incendies qui font rage dans la région de San Diego depuis le 21 octobre, ont donné lieu à un des plus grands déplacements de population qu’on ait vu aux Etats-Unis. Ces incendies ont détruits plus de 200 000 hectares, et ont obligé plus d’un demi-million de personnes à quitter leur domicile.

Il y a eu plus de vingt de départs de feu entre Los Angeles et San Diego, mais c’est la région de San Diego qui a été la plus touchée. Dans la ville et son agglomération il y a eu près de 2.000 habitations brûlées. Les destructions sont spectaculaires: il ne reste rien des maisons… elles ont été brûlées jusqu’au sol. Le parcours du feu est étonnant: il donne l’impression d’avoir zigzaguer. J’ai rencontre une dame dont la maison était intacte, alors que toutes les autres autour d’elles avaient été détruites.

Ce qu’il faut dire, c’est que même si ces destructions sont impressionnantes, elles sont localisées. Toutes se trouvent a au moins 40 kilomètres du centre-ville. La ville de San Diego est très étendue. Il y a près de 3.000.000 personnes. Beaucoup d’entre elles vivent sur les collines qui entourent la ville et dans des maisons individuelles. C’est pour cela qu’il a fallu évacuer un tres grand nombre d’habitants.

Cette évacuation massive a été bien organisée. On est loin des images de l’ouragan Katrina d’il y a 2 ans.
Ceux qui ne savaient pas où aller étaient accueillis dans le grand stade de la ville, le Qualcomm Stadium. 10.000 personnes ont pu dormir sur des lits pliants avec même des draps. Des volontaires et des entreprises locales ont fournis des vivres et des produits de première nécessité. Il y avait des espaces de jeux pour les enfants, et même des massages pour les adultes.

Deux organismes qui avaient été très critiques après Katrina ont voulu se rattraper: la FEMA, l’agence fédérale pour les situations de catastrophes, ainsi que les compagnies d’assurance. Elles ont installé des stands, d’abord dans le stade, et ensuite dans les endroits sinistrés.

On ne peut pas dire pour l`instant combien il y a de morts….. 14 corps ont été retrouvés, il s’agit de personnes qui n’ont pas voulu abandonner leur domicile. Il y aussi 4 immigres clandestins qui ont été surpris par le feu en entrant aux Etats-Unis.
Ces incendies ont été favorises par la sécheresse, et par un vent violent, mais on ne connait pas leur origine exacte. La police pense que deux d’entre eux sont des actes criminels.

Alors que la presse française ne parle que du reportage de CBS sur le Président de la République Nicolas Sarkozy, la campagne américaine est à un tournant et devient de plus en plus intense. Barack Obama s’est attaqué directement, pour la première fois, à Hillary Clinton qui le devance de plus de vingt points dans les sondages nationaux. On lui reprochait son absence d’énergie et d’agressivité alors que la campagne électorale commence à battre son plein et que le prochain débat entre candidats démocrates aura lieu dans deux semaines. Il a considéré qu’Hillary Clinton n’avait pas été honnête avec les Américains concernant ce qu’elle ferait si elle était élue à propos de la sécurité sociale, de l’Iran et de l’Irak. Il lui reproche son manque de clarté sur sa politique. Barack Obama, qui a récolté moins de fonds que l’ancienne First Lady est dans une posture qui l’oblige à s’en distinguer en présentant une vision claire de ce que sera sa politique. Il est rattrapé dans certains sondages, dans les premiers états à voter, par John Edwards. Il lui faut donc rapidement gagner des points s’il veut rester un concurrent crédible et ne pas perdre le titre de démocrate « anti-Clinton ». Tous ses supporters se demandent pourquoi il n’est plus l’orateur brillant et enflammé du congrès de l’investiture démocrate de 2004.
Selon lui, Hillary Clinton est proche de Mitt Romney et Rudolph Giuliani pour les questions de sécurité nationale. Son entourage a répondu en dédaignant ses attaques qui le font passer, selon eux, du candidat incarnant l’espoir au candidat des attaques personnelles. En attendant, comme me le faisait remarquer un ami américain, on trouve des masques d’Halloween représentant Hillary Clinton, George W Bush ou Dick Cheney, mais aucun de Obama pour l’instant…
Dans l’Iowa, les derniers sondages, réalisés sur 285 républicains et 306 démocrates se rendant dans les caucus des primaires donnent Hillary Clinton en tète chez les démocrates (29 %), suivie d’Obama (27 %) puis de Edwards (20 %). Chez les républicains, Mitt Romney est en tète avec 36 %, suivi de Giuliani et Kucinich au coude- à -coude avec 13 %, et Fred Thompson est seulement à 11 %. La marge d’erreur est de 5.8 %. Vu le faible échantillon, le sondage n’est cependant pas significatif.

En cette période d’Halloween, il n’y a pas que les scénaristes des séries télévisées qui ont été inspirés cette année : Ilovepolitics.com nous fait connaitre la comparaison faite par Mitt Romney au sujet d’Hillary, comparant son programme a une maison hantée : « Entrez dans la première pièce, elle veut augmenter vos impôts. Continuez la visite dans une autre pièce et elle veut que le gouvernement s’occupe du système de santé. Et dans la pièce d’à côté, elle affaiblit la sécurité nationale en votant contre les écoutes pratiquées par notre gouvernement sur Al Qaeda. »
Lynne Cheney, épouse du vice-président américain, a de son coté découvert et annoncé sur MSNBC que son mari et Barack Obama, déjà descendant du président Jefferson Davis, étaient de lointains cousins, ayant en commun un ancêtre français ayant vécu au XVIIe siècle. Réaction d’Obama : « Chaque famille a son mouton noir »… C’est toujours mieux que d’être le cousin de Brice Lalonde comme John Kerry…

Un sondage a été fait par Associated Press et IPSOS, posant la question suivante : Quel serait le costume de candidat à la presidence le plus effrayant ? 37 % ont répondu Hillary Clinton (A cause de son rire ?), 14 % Giuliani, et aucun autre candidat n’est au-dessus de 6 %. (Sondage effectué du 16 au 18 octobre auprès de 1013 personnes avec une marge d’erreur de 3.1 %.)

Pour finir, voici des nouvelles de la campagne de Stephen Colbert, qui a passe le week-end dernier en Caroline du Sud pour montrer que sa campagne électorale était bien réelle. Apres avoir disserté plusieurs minutes sur la qualité des pêches de l’état, il a donne sa vision du futur :
« Au XIXe siècle, la Caroline a été la première à faire sécession (to secede). Au XXIe siècle elle sera la première à gagner (to succeed). Première à faire sécession, première a gagner (First to secede, first to succeed) : J’ai les droits sur cette phrase, si vous l’utilisez vous devez me payer des royalties. »

L’entourage de John Edwards, originaire comme lui de Caroline du Sud, a répondu avec beaucoup d’humour que si Colbert voulait prétendre au titre de fils préféré de la Caroline du Sud, il devait au moins gagner les primaires comme Edwards en 2004. Son porte-parole a même ajouté que le plus troublant dans sa conquête de pouvoir est ses liens avec l’industrie agro-alimentaire (il a annoncé être sponsorisé par Doritos) : « En tant que candidat de Doritos, ses mains sont trempées dans la corruption de l’entreprise et le fromage pour nachos. John Edwards n’a jamais reçu un centime des lobbyistes des Taco Chips, et l’Amérique mérite un président qui n’est pas dans la poche des intérêts particuliers de la snack food. »

Nicolas Condom et Jean Baptiste Faby