LE CAPITALISME CONTRE LA DÉMOCRATIE PAR NOAM CHOMSKY
Publié le | par La Rédac'
RÉFLEXION SUR LA CRISE
Publié par ContreInfo.info
« La liberté de circulation des capitaux et les libertés démocratiques sont en relation inverse, affirme Chomsky. Le « droit de vote » accordé aux investisseurs, qui peuvent désormais faire tomber une économie en retirant leurs capitaux, équivaut à une interdiction de fait des politiques qui pourraient leur nuire. Keynes, qui fut le négociateur Britannique à Bretton Woods, considérait que le plus grand succès de la conférence avait été la possibilité donnée aux états de restreindre la circulation des capitaux. Le temps est sans doute venu de l’entendre à nouveau.
Par Noam Chomsky, Counter Punch, 10 octobre 2008
Le déroulement simultané de la campagne présidentielle aux Etats-Unis et de la crise des marchés financiers présente l’une de ces occasions où les systèmes politiques et économiques révèlent clairement leur nature.
Les passions soulevées par cette campagne peuvent ne pas être universellement partagées, mais presque tous ressentent une angoisse lorsqu’un million de familles perdent leur domicile, et tous s’inquiètent des risques qui pèsent sur l’emploi, l’épargne et l’assurance maladie.
Les premières propositions de Bush pour faire face à la crise étaient tellement empreintes d’autoritarisme qu’elles ont du être rapidement modifiées. En raison des intenses pressions exercées par les lobbyistes, elles ont été reformulées et présentées comme « un net succès pour les plus grands établissements du secteur… Un moyen de se débarrasser de leurs actifs sans être acculés à la faillite ou la fermeture », ainsi que l’a écrit James Rickards, qui avait négocié le compte du gouvernement fédéral le renflouement du fonds d’investissement Long Term Capital Management en 1998. Tout ceci nous rappelle que nous sommes en terrain connu. Les origines immédiates de la crise sont à rechercher dans l’effondrement de la bulle immobilière née sous le mandat d’Alan Greenspan, le gouverneur de la Réserve fédérale. Greenspan avait soutenu l’économie défaillante des années Bush en relançant la consommation des ménages à crédit en même temps que par des emprunts à l’étranger. Mais les racines sont plus profondes. Elles tiennent en partie au triomphe de la libéralisation financière au cours des 30 dernières années – qui a libéré autant que possible les marchés de la réglementation gouvernementale.
Ces mesures, comme on pouvait le prévoir, ont conduit à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des revers économiques, qui aujourd’hui menacent de se transformer en la pire crise depuis la Grande Dépression.
Comme c’était également prévisible, les secteurs privilégiés qui ont récolté d’énormes bénéfices de cette libéralisation demandent une intervention massive de l’Etat pour sauver les établissements financiers en faillite.
Cet interventionnisme est une caractéristique récurrente du capitalisme d’État, même si son ampleur aujourd’hui est inhabituelle. Une étude réalisée voila 15 ans par les économistes Winfried Ruigrok et Rob van Tulder, avait montré qu’au moins 20 entreprises présentes dans le classement des « Fortune 100 » n’auraient pas survécu si elles n’avaient pas été sauvées par leurs gouvernements respectifs. Parmi les autres entreprises du classement, nombreuses étaient celles qui s’étaient enrichies en exigeant que leurs gouvernements « socialisent leurs pertes », comme c’est le cas aujourd’hui dans le sauvetage organisé aux frais du contribuable. Ces interventions des gouvernements ont été « la règle plutôt que l’exception au cours des deux derniers siècles », concluaient-ils.«
Lire la suite sur ContreInfo.info
Les commentaires (2)
Ne changez pas le logo crypto-anarchiste de LTL, le rouge et le noir pourraient revenir à la mode dans les trois ans qui viennent.
Le choc sera peut-être moins rude qu’aux USA mais à mon avis on va payer le dirigisme et l’endogamie des classes dominantes française d’une crise de plus longue durée. Et lécher la peau des patates trop longtemps ça énerve. 2002-2008, déjà 6 ans de crise.
C’est pas Coluche qui disait : « elle a que dix ans, la crise, elle peut encore grandir! »
Déjà !