Polyéthylène : Plastic Perdant

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Ils virevoltent, tourbillonnent et pirouettent au grès du vent, s’accrochent aux arbres et flirtent avec nos lampadaires… les sacs plastiques continuent d’envahir notre paysage urbain. Pour limiter leur prolifération, la nouvelle ministre de l’écologie – Ségolène Royal – a fait adopté fin juin, un amendement prévoyant leur suppression totale d’ici 2016. Moue chez les commerçants et ouf de soulagement chez les défenseurs de l’environnement… Zoom sur les réactions.

Grégori Czerkinsky, l’ancien chanteur du groupe pop français Mikado, ne pourra plus chanter :

« Tout ce que j’aime est dans mes sacs, mes jolis sacs en plastique… ».

Et oui, le gouvernement a décidé d’interdire purement et simplement la distribution gratuite de sacs en plastique qu’on utilise couramment pour faire nos courses.

Dépasser la loi européenne

En novembre dernier, la Commission Européenne adoptait une loi incitant les États membres à réduire leur usage de sachets en polyéthylène, principal composé d’origine pétrolière des sacs de caisse. Mais Ségolène Royal a décidé d’aller plus loin. Dans le cadre de son projet de loi sur la biodiversité, la ministre de l’écologie a entériné un amendement qui bannit l’usage de sacs en plastique à usage unique. Cabas, paniers ou encore sacs compostables et biosourcés (fabriqués à partir de matières végétales) prendront place en tête de gondole.

L’objectif pour la ministre est clair : lutter contre l’une des sources de pollution les plus considérables de notre planète. En effet, le sac plastique entraîne aussi bien une nuisance esthétique qu’environnementale : ils se retrouve accroché aux branches des arbres, dans les forêts ou encore dans la mer où il représente un danger pour les espèces marines. Ce polluant entrainent à lui seul 83 millions de tonnes de déchets à éliminer chaque année, d’autant plus qu’il faut entre 100 et 450 ans à cette espèce industrielle à deux hanses pour se dégrader naturellement. Donc qui jette son sac dans la nature, la souille plus longtemps que son espérance de vie sur terre.

Pour les associations de défense de la nature, il était grand temps.

Pour France Nature Environnement, chacun a sa part de responsabilité. Citoyens comme industriels doivent faire des efforts pour que cet amendement, une fois en place, puisse avoir un impact visible dans l’Hexagone. Chaque client devra désormais pour faire ses courses se munir de sacs réutilisables, cabas et paniers.

Des citoyens plutôt à l’aise face à la question

Côté consommateurs, beaucoup se targuent déjà de faire le nécessaire. En plein cœur de Paris, devant un vendeur de fruits et légumes et un hypermarché qui distribuent encore gratuitement des sachets plastiques, plusieurs passants ont confié déjà se servir de sacs réutilisables en tissus. Pourtant ils sont assez nombreux à ressortir des magasins les mains chargés de courses dans des sacs en polyéthylène. Chaque jour, 95 sacs par seconde sont distribués dans les magasins.

Les commerçants demandent plus de temps

Comme il fallait s’y attendre, l’amendement n’a pas été très bien accueilli chez les commerçants, notamment chez la grande distribution et chez les petits commerces de quartiers spécialisés en fruits et légumes.

Pour les premiers, des efforts ont déjà été fournis lorsqu’en 2003 : les magasins avaient décidé de stopper leur distribution gratuite de sacs en caisse et de mettre en place des sachets biodégradables moyennant quelques centimes d’euros. Mais dans certains hypermarchés et supermarchés il est encore possible d’en obtenir gratuitement.

Phillipe Joguet, le directeur du pôle développement durable à la FCD explique cela par le fait que le client de ce type de commerces réalise des achats réfléchis qui nécessitent une mise à disposition de sachets pour son confort. Pour lui, les grandes surfaces ont la volonté de réduire leur distribution de sacs en plastique si on leur donne plus de temps et à condition de trouver une alternative économique pour le consommateur.

Même son de cloche chez les commerçants de proximité en fruits et légumes qui arguent que dans leur secteur il sera difficile de se passer du sac en plastique pour des raisons économiques, hygiéniques et de sécurité lors du transport des produits. Il demande plus de temps pour réfléchir à des alternatives plus viables.


En 2013, les Français ont consommé 80 sacs plastiques à usage unique par personne, contre 460 pour les Portugais et les Polonais et 198 sacs en moyenne sur l’ensemble du continent européen.

Si les français ne sont pas les plus mauvais élèves en Europe, en revanche, à l’international, l’Hexagone est en retard. Plusieurs pays comme l’Afrique du Sud, le Bangladesh, le Togo ou encore le Mali et le Sénégal ont d’ors-et-déjà instauré l’interdiction des sacs plastiques.

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Journaliste : Sala Sall
Caméraman : David Nougues
Photo : T. Pomares

 

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Les commentaires (1)

  1. Le habitudes ne se perdent pas comme ça, simplement par la volonté des état ou des organisations de sauvegarde de l’environnement. Rien ne se fait sans l’acceptation « du peuple » et le peuple n’est malheureusement pas toujours conscient des dégâts qu’il provoque. Homme, homme, que fais tu de ton habitat ?