WikiLeaks – Il y en a pour Tout le Monde !

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FUITES, LA COMPIL’ (A SUIVRE)…

Depuis le 28 novembre dernier, WikiLeaks embarrasse de nombreux chefs d’Etat avec ses 250 000 télégrammes diplomatiques émis par le gouvernement des Etats-Unis et le réseau des ambassades américaines. Parmi les différentes révélations, sélectionnées et publiées par Le Monde, des jugements peu flatteurs sur certains dirigeants, mais aussi plusieurs informations qui égratignent certains épisodes des relations internationales ces dernières années.

Tour d’horizon international de ces fuites qui irritent en plus haut-lieu…

France : Sarkozy, « Un empereur nu »

« Susceptible et autoritaire »… « Un Empereur nu ». Nicolas Sarkozy n’est pas épargné par l’ambassade américaine. Les révélations de Wikileaks mettent également à mal certains épisodes glorieux de la diplomatie Française. Son succès dans la médiation entre le Russie et la Georgie se voit par exemple écorné. En aout 2008, cette dernière s’attire les foudres guerrières de son puissant voisin pour son attaque sur l’Ossétie du Sud. Washington – soucieux d’éviter toute tension avec la Russie – laisse le dossier à la France alors présidente de l’Union Européenne. Mais le résultat des négociations déçoit la première puissance mondiale. La Russie parvient à imposer un texte de cessez-le-feu – un peu trop « flou » au yeux des Américains – au lieu de celui initialement prévu par les Français. Autre obstacle qui agace également Sarkozy : le 8 septembre 2008, les Russes n’ont toujours pas retiré leur armée des régions occupées. L’occasion pour l’ambassade américaine de décrire une discussion très tendue entre le président français et Sergeï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères : « A un moment, M. Sarkozy a attrapé le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, par le revers de la veste, et l’a traité de menteur dans des termes très vifs ». Finalement, l’armée russe ne se retire que de certaines régions. Pour mieux se renforcer en Ossétie du Sud et en Abkhazie l’année suivante. Un télégramme américain ironise ensuite sur ce dénouement, le qualifiant de scénario « à la Chypriote ».

Autre épisode embarrassant pour la France : l’affaire Clothilde Reiss qui aurait permis à l’Elysée de promouvoir sa politique internationale. Le sort de la jeune chercheuse française – soupçonnée d’espionnage et arrêtée l’année dernière en Iran – avait largement mobilisé la diplomatie française. Finalement libérée en aout 2009, elle élit domicile à l’ambassade française de Téhéran dans l’attente de son jugement. L’Elysée vante alors l’attitude positive de la Syrie dans ce dossier. Une délicate attention qui surprend la diplomatie américaine. Dans un télégramme daté du 25 aout 2009, celle-ci s’interroge : « Malgré leurs déclarations pleines de louanges, les officiels français reconnaissent en privé qu’ils n’ont qu’une vague notion de ce que les Syriens ont réellement fait ». Dans ce même document, l’ambassade américaine avance une explication. La communication de l’Elysée « vise à valider la politique M. Sarkozy d’ouverture à la Syrie ». Instituée en 2008, celle-ci « avait alors été perçue par de nombreuses voix critiques en France et à l’étranger comme prématurée et imméritée ».

Le 16 mai 2010, Clothilde Reiss rentre finalement au pays puis se voit reçue à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Dans un communiqué, celui-ci ne manquera pas de remercier les présidents brésiliens, sénégalais et syriens pour « leur rôle actif » dans le dénouement heureux de cette affaire.

Royaume-Uni : David Cameron « manque de profondeur »

L’Angleterre n’est pas non plus épargnée par son allié américain. David Cameron, au pouvoir depuis mai, et son ministre des finances, George Osborne, sont jugés comme « manquant de profondeur » par le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, dans une conversation avec l’ambassadeur américain à Londres (source : The Daily Express).

Italie : Berlusconi-Poutine : des cadeaux « somptueux »

Le président italien, Silvio Berlusconi est particulièrement égratigné par l’ambassade américaine, qui le dépeint comme « irresponsable, imbu de lui-même et inefficace en tant que dirigeant européen moderne ». Celle-ci se base également sur ses rapports privilégiés avec Vladimir Poutine pour le définir comme « porte parole de Poutine en Europe ». Les deux chefs d’Etat se feraient des cadeaux « somptueux », et procéderaient – dans le cadre de contrats énergétiques – à des échanges « mystérieux ».

La Russie : un « Etat mafieux »

Le premier ministre russe n’est pas en reste. La démocratie américaine l’imagine en « Batman » chapotant « Robin », dont le costume revient au président russe Dimitri Medvedev. La Russie est par ailleurs décrite comme un « Etat Mafieux ». Dans une de ses notes, le secrétaire américain à la défense Robert Gates considère quant à lui le gouvernement russe comme « une oligarchie dirigée par les services de sécurité ».

Turquie : le premier ministre turc « hait » Israël

Selon des diplomates américains à Ankara, Recep Tayyip Erdogan « hait tout simplement Israël ». Ces propos font écho à l’offensive israélienne contre Gaza en 2008/2009. Les diplomates indiquent que ces déclarations anti-israéliennes du chef du gouvernement turc sont avant tout « émotionnelles, car il est un islamiste ».

Iran : « couper la tête du serpent »

Parmi les autres fuites notables de Wikileaks, la révélation de rapports controversés entre le roi Abdallah d’Arabie Saoudite et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad risquent de faire désordre au Moyen-Orient. Malgré des relations supposées cordiales entre les deux dirigeants, le roi saoudien aurait conseillé aux Etats-Unis de « couper la tête du serpent ». En l’occurrence l’Iran. Et aurait appelé « fréquemment les Etats-Unis à attaquer l’Iran pour mettre fin au programme nucléaire du pays ».

Même crainte – vis-à-vis de l’Iran – du roi de Bahreïn : « Ce programme doit être stoppé », et de l’émir du Qatar : « Ils nous mentent et nous leur mentons ».

Le président de l’Egypte, Hosni Moubarak, ressentirait quant à lui de son côté « une haine viscérale pour la République islamique », d’après un diplomate basé au Caire.

Afghanistan : le frère de Karzaï dépeint comme un « un trafiquant de drogue »

Ahmed Wali Karzaï, frère du président afghan Hamid Karzaï, est présenté par des diplomates américains comme « largement corrompu et impliqué dans le trafic de drogue » dans le sud du pays. Un câble indique après une rencontre à Kandahar entre le frère du président et un émissaire américain : « Cette rencontre avec Ahmed Wali Karzaï souligne l’un de nos principaux défis en Afghanistan : comment lutter contre la corruption et établir un lien entre la population et son gouvernement, lorsque les principaux responsables du gouvernement sont corrompus ». Hamid Karzaï est quant à lui décrit comme « extrêmement faible ».

Lybie : Kadhafi et la « blonde voluptueuse »

Le dirigeant libyen est jugé « excentrique » et « hypocondriaque ». En septembre 2009, à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies à New-York, Mouammar Kadhafi aurait été assisté la plupart du temps par une « infirmière ukrainienne », Galina Kolotnitska, décrite comme une « blonde voluptueuse ».

Selon un câble : « Certains contacts de l’ambassade assurent que Kadhafi et Kolotnitska, 38 ans, entretiennent une relation ». Kadhafi serait par ailleurs « presque de manière obsessive dépendant d’un petit noyau de personnes de confiance ».
Pendant sa visite à New -York, Kadhafi s’est vu refusé plusieurs requêtes : planter sa tente dans la mégalopole américaine et visiter le site de « Ground Zero », lieu des attentats du 11 septembre. Irrité par ce manque d’égard, le chef d’Etat libyen avait menacé de ne pas respecter sa promesse de renvoyer en Russie de l’uranium enrichi que la Lybie possédait.

Vénézuela : « Chavez est fou » selon la France

Les câbles rapportent des propos du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte, tenus au sous-secrétaire d’Etat américain Philip Gordon « le président vénézuélien Hugo Chavez est « fou » et a dit que même le Brésil ne pouvait plus le soutenir ». Le président vénézuélien serait par ailleurs en train de transformer son pays en un « autre Zimbabwe ».

Chine : Pékin a « piraté » Google

Pour les Etats-Unis, la Chine serait à l’origine du piratage informatique de Google. Un document de l’ambassade des Etats-Unis à Pékin cite « une source chinoise » selon laquelle les autorités chinoises auraient joué un rôle dans le piratage de Google. (Source : New York Times).

D’après le câble : « Le piratage de Google s’inscrivait dans le cadre d’une campagne de sabotage informatique organisée par des fonctionnaires, des experts privés des questions de sécurité et des pirates de l’Internet recrutés par le gouvernement chinois », selon le câble. D’après le New York Times, les services chinois auraient également pénétré les réseaux informatiques des Etats-Unis et de leurs alliés, ainsi que ceux du dalaï-lama.

Si les révélations de WikiLeaks – qui n’émanent que d’une seule source – sont à prendre avec des pincettes, une chose paraît certaine. Les télégrammes de la diplomatie américaine, recensés sur WikiLeaks, à hauteur de 250 000, n’ont pas encore révélés tous leurs secrets.

Jonathan Bordessoule


Source : Le Monde et Le Monde.fr

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Les commentaires (3)

  1. Un bien beau WTF que ce dessin. manifestement l’auteur n’a pas vu passer tous les cables dans la presse.
    (Moi non plus d’ailleurs, merci à Nom en 1.)