L’École de LaTeleLibre

La Télé Libre a vu le jour le 24 janvier 2007.

350 professionnels y collaborent bénévolement depuis deux ans, plus de 50 stagiaires sont venus s’y former, ensemble nous avons réalisé plus de 950 reportages, articles et émissions.

Grâce à cette expérience, une dizaine de nos stagiaires sont déjà  aujourd’hui en passe d’être intégrés dans des medias professionnels.

Cette réussite dans la pratique de la formation , cette richesse de l’échange , nous ont convaincus de poursuivre l’aventure en la dotant d’ une structure nouvelle et de moyens adaptés.

Nous avons décidé de créer l’école populaire de la Télé Libre !

Il s’agit d’une formation initiale permettant de maîtriser les techniques du processus de création et de gestion d’un site internet et de son contenu vidéo… Ecole populaire, parce qu’ouverte à tous, et en particulier à ceux pour lesquels les portes de ces formations sont depuis toujours fermées. Une formation technique et éthique qui nous semble indispensable en ces temps de mono-culture journalistique. Contrairement aux web TV, il existe dès aujourd’hui un modèle économique dans les secteurs de la formation…

Nous sommes convaincus qu’il nous faut multiplier les sources de financement, pour « diluer » les dépendances vis à vis des différents pouvoirs, afin de préserver au mieux notre liberté et notre indépendance.
Ainsi, nous avons décidé de rester sous le mode associatif, les permanents devront bien sûr être rémunérés, mais les bénévoles continueront à trouver leur compte au sein de ce laboratoire de la télévision de demain, qui ne se fera pas sans Internet. Pour autant, nous n’excluons aucune piste, acceptons d’étudier toute proposition, afin d’inventer peu à peu notre place : un subtile mélange entre logique du marché et liberté du net.

Pour toutes ces raisons, nous avons bien sûr plus que jamais besoin de vous, de votre soutien, de vos contributions, mais aussi de vos bonnes idées, belles images et bons sons.


Comme une prolongation de notre expérience de professionnels de l’information et du documentaire, tant à la télévision que sur LaTéléLibre.fr, nous souhaitons aujourd’hui transmettre ce que nous avons appris.  Ce désir est renforcé par notre réflexion sur l’évolution de la pratique journalistique qui se trouve aujourd’hui confrontée à la démocratisation des outils, et simultanément à de nouveaux risques dus à la concentration des pouvoirs économiques.

Notre projet est la création d’une école de « multimédiateurs », sachant maîtriser toutes les techniques de base de chaque étape de la réalisation et la diffusion sur le web d’un sujet ou reportage vidéo : déontologie journalistique, enquête, image, son, montage, gestion des paramètres web, et suivi des commentaires des internautes.


Quelques principes pour une école pas comme les autres

•    Proposer une formation transversale outils/contenu, qui ne trie pas par avance les techniciens d’un côté, les auteurs de l’autre.

•    Associer tous les échelons de fabrications au sens et à la signification du contenu.

•    Conduire le journaliste à connaître et donc à comprendre les bases des métiers techniques.

•    Ouvrir les portes du média Internet à toutes les catégories sociales (ceux qui peuvent payer/ ceux qu’il faut aider).

•    Proposer une formation In Vivo, au coeur même d’un média qui écrit, filme, monte, et diffuse tous les jours auprès d’un public actif qui réagit à ce qu’il voit.

•    Travailler sur l’actualité en proposant une réflexion sur la déontologie journalistique confrontée à la multiplication des supports et des regards.

•    Participer à structurer la pratique d’une nouvelle génération de multi-médiateurs, en leur donnant les clés de nos métiers, mais également en les associant à la nécessaire réflexion qu’impose les logiques des médias dominants.

Une école pour former des journalistes ET des techniciens

C’est une des forces de notre projet. Donner un cursus commun éthique et technique à chaque étudiant qui pourra choisir, en fonction de ses aspirations et de ses résultats, une spécialisation vers un métier plutôt qu’un autre.

–    Une Éthique
Dans la chaîne de fabrication, chacun doit connaître les règles journalistiques qui structurent une enquête : liberté et indépendance du journaliste, recoupement des informations, confrontations des points de vues, protection des sources, règles juridiques protégeant la vie privée, etc…

–    Une technique
De même, chacun doit connaître et maîtriser les règles de base de la technique. Comment une image doit être éclairée, mais aussi quelle signification peut induire un cadrage, quel micro choisir dans telle ou telle situation, comment le montage peut inverser le sens d’un séquence, enfin quel taux de compression choisir pour envoyer son sujet chez un hébergeur vidéo. Chacun doit être capable de tourner, de monter et de mettre en ligne un sujet.


Une volonté politique et sociale

Favoriser les passerelles entre les métiers, ne pas fermer les métiers de l’information à ceux qui par leur origine sociale, leur réussite scolaire, n’ont pas la maîtrise de la parole et de l’écrit, mais au contraire mélanger et se faire confronter les mondes qui seront amenés à travailler ensemble, et donc à enrichir les points de vue, pour construire le produit final. Un jeune de cité, qui a de grosses lacunes en grammaire et en orthographe, ne réussira pas le concours d’entrée dans une école de journalisme. L’école populaire de LaTéléLibre lui propose une formation de cameraman ou de monteur, mais lui offre aussi l’ouverture sur le monde de la rigueur, de la responsabilité et de l’indépendance journalistique.
D’autre part, la formation transversale que nous proposons n’est pas exclusivement réservée à un débouché dans un média relevant de la presse. Le passage à l’École de LaTéléLibre ouvrira à des emplois dans le monde associatif et de l’entreprise. Notre formation devra permettre à chacun de maîtriser la conception et la fabrication d’un blog et l’actualisation d’un site pour une petite entreprise privée, une association ou une collectivité locale.

Un marché en pleine expansion

C’est une constatation simple et évidente : tous les médias, mais aussi toutes les entreprises et collectivités se tournent vers Internet. Que ce soit la presse écrite, la télévision ou la radio, chaque support développe actuellement une extension sur le Web. Mais ce sont aussi les entreprises, les associations, les communes, les assemblées départementales et régionales qui se doivent d’exister sur le net.
La révolution Internet est donc en marche. Les opérateurs se battent pour acquérir les tuyaux qui vont acheminer les textes et images sur les ordinateurs et les téléphones. Les demandes de contenu original et donc de main-d’œuvre seront exponentielles dans les mois et les années à venir.

Pourquoi une autre école de formation ?

Marché juteux, car basé sur des financements automatiques des entreprises (1% formation) , ou de parents inquiets de l’avenir de leur progéniture, les écoles privées de formation aux métiers de la communication et du multimédia pullulent mais sont inaccessibles économiquement à toute une partie du public. Par ailleurs, les écoles de journalisme (public et privé) fournissent des formations de qualité, mais excluent les métiers techniques du multimédia (preneurs de son, monteurs, webmaster…). Enfin, aucune de ces écoles ne propose  à la fois une formation et une diffusion sur un média accessible à tous.

Une école ET un média

Notre expérience lors de la première année d’existence de LaTéléLibre nous a convaincu que le fait, pour un élève, de pouvoir diffuser son travail sur un média vivant était un moteur déterminant pour sa motivation et la rapidité des progrès accomplis. Outre la constitution d’un CV en ligne (la recherche sur le nom de l’étudiant renvoie directement à ses réalisations), la publication de ses reportages et articles développe le sens de la responsabilité à travers la vigilance, l’expertise et les commentaires souvent sévères des internautes. Ainsi, l’élève apprend la mise en pratique des techniques qu’on lui enseigne, mais il doit aussi entrer en relation avec le public qui lit, regarde et critique son travail. Sur Internet, le changement de statut du lecteur bouleverse les différentes professions de fabricant d’info et de contenu. Ainsi un sujet doit évoluer avec les remarques des internautes, conduisant à des rectificatifs, des enrichissements, renvoyant à d’autres sites pour compléter l’information initiale. Seule la formation in vivo conduit à cette prise de conscience, et permet ainsi à l’élève, de maîtriser toute la chaîne de fabrication et de diffusion.

Une école « populaire »

L’École Populaire de LaTéléLibre souhaite ouvrir les métiers du journalisme et du multimédia à toutes les strates de la société. La presse dans son ensemble souffre d’un manque de regards différents sur le monde. C’est pourquoi cette école ne devra pas se cantonner à des élèves dont les parents ont les moyens de débourser six à dix mille euros par an pour une formation. Nous voulons être résolument « populaires », c’est-à-dire ouverts à tous. Jeunes des beaux quartiers et des quartiers défavorisés. Les premiers contacts noués avec des municipalités, départements et régions, nous ont confirmés que des fonds sont disponibles pour aider ceux qui n’auront pas les moyens de nous rejoindre. Un tel projet peut également trouver des aides de la Communauté Européenne.

Un enrichissement culturel et démocratique

Après la politique, c’est aujourd’hui les journalistes qui sont en question dans l’opinion, peut-être parce que se sont toujours les mêmes qui occupent les postes, pour des raisons de sélection par l’origine sociale et par l’argent. Grâce à cette école, nous apporterons  des outils, une pratique et une fierté à ceux qui en sont aujourd’hui exclus. Porter de nouveaux regards et de nouveaux talents sur la scène de l’image, du journalisme et de la communication, c’est le défi que nous souhaitons relever, car nous pensons que c’est un enrichissement pour la société tout entière.
Le web, laboratoire de la convergence des médias, est un monde en construction où tout reste à inventer. Les grands groupes financiers ne s’y trompent pas, ils investissent massivement dans ce secteur d’avenir. A notre niveau, nous préférons investir dans l’humain, pour que le web devienne le moteur d’un renouveau démocratique.

Si vous êtes intéressés, laissez un message à [email protected]