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[Plantes Interdites #3] Des Savoirs Inconscients

Publié le | par

L’usage des plantes médicinales fait partie de la culture brésilienne. De manière inconsciente souvent. A Barra Mansa, une ville ouvrière sidérurgique à deux heures de bus de Rio de Janeiro, le sifflement du train, les tonnes d’acier et l’odeur des plantes en ébullition se mêlent…
Entre souvenirs et pratiques actuelles, immersion chez la famille Ramos, dans les hauteurs des favelas de la ville.

BARRA-MANSA

Les grands laboratoires pharmaceutiques ont peu à peu confisqué l’usage des plantes médicinales partout dans le monde. Désormais, en France et au Brésil, des politiques de santé réglementent fermement leur commercialisation. En 1941 Pétain supprimait la profession d’herboriste. Alors que les savoirs populaires étaient en train de disparaître, des amoureux des herbes se battent aujourd’hui pour redonner la liberté aux plantes interdites. Les sœurs Viénot sont parties à la rencontre de ces sorcières et sorciers bienveillants qui en France comme au Brésil ne veulent pas laisser notre santé dans les mains des laboratoires.

plantes-medicinales

Les plantes médicinales, un truc de grand-mère

Lorsqu’on demande à Maia, une des fille de la famille Ramos, si elle connait les plantes médicinales, elle répond du tac au tac : « non, pas du tout ». Puis : « ma grand-mère savait, elle nous préparait toujours des remèdes, mais moi je ne sais plus ». Et conclue : « c’est la génération de nos parents qui connaissent tout ça ! ». Pour résumer : les plantes médicinales, c’est du passé, il fallait venir il y a 20 ans…

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L’industrialisation très forte du Brésil à partir des années 1970 a vu croitre la part de marché des médicaments de synthèse dans le pays, qui arrive aujourd’hui en sixième position sur le marché mondial des consommateurs de médicaments allopathiques. Dans le même temps et corollairement, l’usage des plantes est devenu obsolète, et son image vieillotte.

 Les jeunes ne croient plus dans les plantes ! déplore Seu Raimundo, le patriarche de la famille. Maintenant ils courent tous chez le médecin, pour le moindre petit bobo ! »

Des restes de savoirs cachés dans l’inconscient collectif

Un « non » catégorique de Maia et de sa sœur Eliane quand il s’agit de savoir si elles utilisent les plantes. Mais quand on sort de la maison familiale pour aller dans le jardin d’Eliane, là, c’est un défilé de connaissances. En passant devant des pousses d’Arnica : « c’est pour les entorses, tu prends des feuilles, tu les mets dans du sel, tu les écrases, et tu les attaches comme ça ». Puis un peu plus loin : « ça, c’est de la « alpera ». C’est pour cicatriser après une opération, tu la prends en bain et en tisane aussi ». Les deux sœurs nous baladent ainsi de plantes en recettes, et de souvenirs en conseils. On s’aperçoit alors rapidement que tous, enfants et petits-enfants, ont encore des connaissances très précises, transmises par les grands-parents. Sans hésiter, ils décrivent les décoctions, les sirops et autres préparations qu’ils utilisent pour les maux du quotidien.

Maia, 38 ans, réalise alors qu’elle en connait plus qu’elle ne soupçonnait, et prend tout à coup conscience de la valeur de son patrimoine naturel et culturel.

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De l’inconscience à la fierté

D’inconscients, ces savoirs pénètrent ainsi dans la sphère militante. Notre intérêt, venu de l’extérieur, a tout à coup fait naitre la fierté chez la famille Ramos, d’être chacun détenteur d’une si grande richesse, soudainement mise en lumière. « Vous n’avez pas ça en France hein ? » s’amuse Seu Raimundo le patriarche, en arborant fièrement des fleurs de Mamao. Dona Teresa, Seu Raimundo, Maia, Eliane, et les autres membres de la famille l’affirment alors : ils sont brésiliens, « caboclos » (des métis, blanc et indien), originaires de la campagne du Mina Gerais, là où les médecins n’étaient pas. Ils partagent donc leurs racines avec celles des plantes qui soignent.

Des savoirs pour se sauver

Les crises, environnementale d’abord, puis culturelle ensuite, ont fait prendre conscience au Brésil et au Monde de la richesse de ces ressources naturelles et culturelles de santé publique. Car 25% des médicaments du monde proviennent des forêts du Brésil. Mais celles-ci, qui occupe 60% du territoire national brésilien, sont grignotées. Depuis le début des années 2000, les indices de déforestation et de conflits fonciers sont en effet alarmants : malgré l’engagement du gouvernement brésilien à réduire la déforestation de 80 % d’ici 2020, elle a en fait augmenté de 29 % entre 2012 et 2013… Et à mesure que la forêt est grignotée, ce sont les connaissances autour des plantes médicinales qui diminuent.

Pourtant, selon l’OMS, ce ne sont pas moins de 3,2 Milliards de personnes dans le monde qui utilisent des recettes naturelles pour lutter contre des maladies, et 64% des médicaments ont été découverts à partir des connaissances populaires sur les plantes. Déjà dans les années 1960, l’Institut national du cancer des États-Unis reconnait que la recherche des espèces de plantes possédant des éléments actifs pouvait doubler son efficacité si elle pouvait profiter des connaissances traditionnelles indigènes.

Il s’agit donc pour la famille Ramos et les brésiliens de prendre conscience de ces richesses culturelles et naturelles avant qu’elle ne disparaissent. Pour la santé des Hommes. Car la plante médicinale porte en elle la culture, et la nature, dont l’équilibre entre les deux est garant de toute vie humaine.

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Chloé Viénot
Flore Viénot

Musique : Filipe Catto / Chiquinha Gonzaga

Des Liens

Voir les 4 reportages de la série Plantes Interdites

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Les commentaires (2)

  1. bravo toujours aussi intéressant les commentaires et les prises de vue impéc

    cables cables

    Bravo excellent reportage très intéressant vivement d’autres reportages

    santsant

  2. Bonjour,
    très beau reportage …
    Quelle est la plante que l’on voit a la fin du reportage .
    merci