Lecteur vidéo

Faire un don

Faire un don

Envoyer l’article par mail
Télécharger le .torrent

Fichier indisponible pour l’instant

Qu’est-ce que le Torrent ?

Grâce à Bittorrent vous pouvez télécharger et partager la vidéo que vous êtes en train de visualiser.

Le Point Rouge du Jihad, en Terrasse #2

Publié le | par

[Deuxième partie] Un Point Rouge post-attentat à Paris, sur une terrasse de resto. Des imams, des acteurs sociaux, des passants cherchent les causes de la tentation du Jihad chez les jeunes, et tentent de trouver des solutions au delà des réponses sécuritaires et liberticides.

C’était un Point Rouge du soir, sur une terrasse du 11e arrondissement de Paris, à deux pas des bars et de la salle de concert du Bataclan où ont eu lieu les attaques terroristes du 13 novembre. Un Point Rouge pour manifester le désir d’être libre, toujours, de sortir sans peur ; pour provoquer la rencontre aussi et le dialogue quand il y en a vraiment besoin ; pour libérer la parole surtout, autour de l’Islam et la radicalisation.

 

Un débat passionnant qu’il aura fallu diviser en deux parties. Voici la deuxième partie. 

 

Les invités de John Paul Lepers : l’Imam itinérant Abdellali Mamoun, l’ancien détenu et militant associatif Karim Moktari et la responsable de la Cellule de prévention du terrorisme Sonia Imloul. Sur la terrasse de la Pizzeria la Cerise sur la Pizza.

« La laïcité n’est pas une religion, elle doit nous aider à vivre ensemble » Karim Moktari

Le «fanatisme athée» et le «fanatisme dévot», Rousseau les mettait en parallèle. Car il voyait venir les conséquences d’un dogme dominant qui devait devenir quelques années plus tard la « laïcité ». Des conséquences jusqu’aujourd’hui insoupçonnées.

 

La sécularisation de nos sociétés s’accompagne d’un «désenchantement du monde» décrit par le sociologue Max Weber, et symptomatique de l’ère de la modernité dans laquelle nous sommes. Une laïcisation bien sûr nécessaire à la liberté de conscience défendue alors, mais qui place le monde dans un « rationalisme unilatéral » où « tout est soumis à raison, tout doit donner ses raisons » dénonce le sociologue Michel Maffesoli dans Libération. Dès lors, émotions, passions et affects sont éradiqués de la place publique et rejetées aussi de la vie individuelle.

 

Le sociologue va plus loin : « c’est même la marque essentielle de la postmodernité naissante […] Il n’est pas forcément paradoxal de dire que derrière le fanatisme islamique, il y a, tel le retour du refoulé, le besoin de communions émotionnelles que les élites modernes ont, durablement, dénié ». Il continue : « c’est en ce sens qu’à l’encontre de la «doxa» dominante, on peut dire que c’est l’intégrisme laïque qui, sans bien sûr en être conscient, est le fourrier des positions et des actes extrémistes ».

 

Si la laïcité a réussi le tour de force de séparer l’Eglise et l’Etat, elle a aussi coupé les individus d’un quelque chose d’essentiel qui n’entre pas des les limites cartésiennes de la raison qui rassure mais qu’on ne veut pas voir et qu’on relègue ainsi à la sphère exclusivement privée. Une des voies ne serait-elle pas d’envisager « l’Etat neutre », à la manière belge ? Avec une laïcité qui intégrerait le fait religieux dans la société plutôt que de tenter de lutter contre le courant et voulant « contenir le religieux hors de l’espace public » comme le demande l’historien Patrick Weil ?

 

« En fait, conclue Michel Maffesoli en parlant du communautarisme religieux, ce n’est plus «d’esprit du temps» qu’il faut parler, mais bien du temps de l’esprit. Celui où le besoin religieux retrouve une indéniable force et vigueur ».

« On a besoin des imams pour s’en sortir » Sonia Imloul

Jusqu’en 1995, le terrorisme est considéré comme étant l’étranger venant de l’extérieur. Avec l’affaire Kelkal, tout bascule : le terrorisme vient de l’intérieur. Mohammed Merah le confirme 15 ans plus tard, puis Medhi Nemmouche en 2014. On se rend compte aujourd’hui que ceux qui commettent des actes terroristes ne sont pas seulement des français issus de l’immigration mais aussi des français issus de familles françaises, « de souche », et issus souvent de classe moyenne et ne sortant pas nécessairement de prison.

 

La société toute entière, politiques, associations, religieux, individus, se mobilise donc afin de trouver des solutions.

 

Emergent alors en place des programmes de déradicalisation : un numéro vert mis en place en avril 2014 par le gouvernement pour les familles de jeunes embrigadés par le djihadisme, un centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’Islam (CPDSI), une Maison de la prévention et de la famille en lien avec la préfecture de police de Paris et la Cellule de prévention du terrorisme créée en novembre 2014. Un programme de déradicalisation spécifique à la prison est aussi créé, avec l’outil « Stop jihadisme », une grille réactualisée tous les ans depuis 2008 et qui permet d’identifier les potentiels radicalisés.

 

Pour sortir les jeunes de l’emprise de la radicalisation, l’engagement de la société civile paraît donc capitale. Mais la réponse doit aussi venir des religieux eux-mêmes, des imams indépendants qui doivent déconstruire l’idéologie des imams autoproclamés et autres « prédateurs », et proposer une autre voie possible.

 

Les invités

 

Imam Abdellali Mamoun

 

En 1982, il est sacré meilleur élève de la mosquée de Mantes-la-Jolie et représente la France pour un concours de psalmodie coranique en Libye. L’année suivante, il part pendant six ans en Syrie dans un institut spécialisé dans la formation d’imams. Puis, il enchaîne un séjour dans une université d’Arabie saoudite : « Cela ne m’a pas plu. Je n’ai pas apprécié le caractère obtus de leur vision de l’islam. » Il rentre en France et s’inscrit à la Sorbonne pour préparer un DEA d’histoire de la philosophie. Puis, il devient professeur dans les écoles coraniques des Mureaux et de Mantes-la-Jolie, dont il devient, en 1995, le secrétaire général. Mais, en 2001, la Ligue islamique mondiale, une ONG saoudienne proche des wahhabites (doctrine qui prône la stricte obéissance au Coran), prend le contrôle de la mosquée : « Je n’étais pas d’accord car c’était le symbole de l’ingérence de l’étranger dans l’islam de France. » Il claque la porte et devient « imam itinérant ».

 

Sonia Imloul

 

Responsable de la cellule de prévention du terrorisme en France créée en novembre 2014. Cette structure expérimentale (une équipe de psychologues, psychiatres et médiateurs religieux), unique en France, tente de venir en aide aux familles démunies face à leurs enfants prêts à rejoindre l’Irak ou la Syrie pour faire le jihad. Sonia est aussi membre du Conseil économique et social et à la tête de Respect 93, association de prévention de la délinquance en Seine-Saint-Denis.

 

Karim Mokhtari

 

Né en 1978, Karim MOKHTARI a passé une grande partie de sa vie dans les bras des institutions françaises. De douze à dix-sept ans, il connaîtra trois foyers d’éducation spécialisés, puis, de dix-huit à vingt cinq ans, plus de quinze établissements pénitentiaires. Condamné à dix ans de réclusion criminelle, il en purgera finalement un peu plus de six

 

A sa sortie, en 2002, il rejoint l’association www.ateliersansfrontieres.fr , une association de réinsertion sociale et professionnel au service de la solidarité internationale en tant que logisticien sans frontières, avant de devenir encadrant technique spécialisé puis, chef de chantier humanitaire.

 

En 2005, il devient expert jeunesse sur la question de l’engagement civique des jeunes Français au sein de l’association www.unis-cite.fr , puis coordinateur national et formateur auprès des acteurs jeunesses qui accompagnent les jeunes volontaires en Service Civique.

 

Depuis 2012, un acteur engagé dans le changement qu’il espère pour le monde carcéral. Vice-président de l’association www.carceropolis.fr , plateforme internet qui donne à voir la prison autrement, à travers un ensemble de ressources multimédia, une vision « réaliste » de l’univers carcéral.

 

Depuis 2014 Directeur de l’association www.100Murs.org  et formateur des professionnels éducatifs et judiciaires accompagnants des jeunes mineurs placés sous main de justice.

Le Point Rouge du Jihad en Terrasse

ÉCRIT ET REALISE PAR
JOHN PAUL LEPERS

ENQUÊTE
FLORE VIÉNOT

IMAGE
VINCENT MASSOT
VIVIEN CHARREYRE
THIBAULT POMARES

MONTAGE
MARS LEFEBURE

RESPONSABLE TECHNIQUE
LARRY WAXMAN

CHARGÉ DE PRODUCTION
CHARLES DAYOT

MUSIQUE
ROMAIN DUDEK

PRODUCTION
LATELELIBRE © Décembre 2015

Partager cet article

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Les commentaires (1)